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vendredi 11 mars 2016

Fukushima : le début de la fin du monde a cinq ans

Cela se passe le vendredi 11 mars 2011 à h 46 min 23 s UTC, soit 14 h 46 min 23 s heure locale ou 6 h 46 min 23 s heure officielle française d'hiver. Un tremblement de terre de force 9,0 le plus violent enregistré au Japon, où pourtant il s'en produit des dizaines chaque jour, se déclenche à 130 Km à l'est de Sendai, ville sur la côte est du Japon, à 303 Km au nord de Tokyo. Déjà cette secousse rare provoque de nombreux dégâts, dont le violent incendie dans la raffinerie d'Ichihara, un peu au nord de Tokyo. Ce jour-là on ne parle guère aux infos que de cet accident-là.

Le séisme provoque un gros tsunami, une vague gigantesque de 14,5 mètres de hauteur, qui va balayer toute la côte du Tohoku, donc la région nord-est de l'île de Honshù.  Des navires se retrouveront à vingt kilomètres à l'intérieur des terres. Tout sera détruit. Même aujourd'hui cette région redémarre à grand-peine.

C'est au sud de cette côte que se déclenchera la catastrophe la plus pérenne. Le séisme a déjà endommagé des liaisons électriques, malmené des pompes à la centrale électrique Fukushima Daiichi. Quand l'immense vague arrive, en noyant tout elle parachève le travail. Les réacteurs 1, 2 et 3 ne peuvent plus être refroidis par l'apport continuel d'eau de refroidissement. Vers 17 heures, heure locale, la tragédie est déjà en place, et le directeur (décédé quelques mois plus tard d'un cancer) en est conscient même si à Tokyo on n'a pas encore pris la mesure des évènements.  D'ailleurs les infos n'en parlent pas du tout.

A partir de là, les explosions vont se succéder dans les journées suivantes, le plus souvent en raison de l'hydrogène de l'eau décomposée par la chaleur, qui la recompose à la moindre étincelle. Mais aussi le 15, sur le réacteur 3 une montée violente de gaz en feu, de débris et autres indique un accident de criticité assez caractéristique (le réacteur est chargé au MOX) : un peu comme une bombe nucléaire larvée.

On voit là les réacteurs 1, 2 et 3 après nettoyage

Les hommes tentent ce qu'ils peuvent, avec des camions de pompiers, avec de l'eau de mer qu'ils pompent directement. La radioactivité très importante empêche d'approcher, ce qui oblige à inventer chaque jour de nouveau gadgets (on peut vraiment le dire ainsi) pour tenter quelque chose. On peut dire que cinq ans plus tard, on en est pratiquement à ce stade-là.

Actuellement, chaque jour l'eau des nappes phréatiques pénètre un peu dans la centrale, et s'y souille. Chaque jour les 3000 employés pompent des eaux de refroidissement, qui seront contaminées, un peu décontaminées, stockées. Un mur de glace édifié à grand-peine tente de détourner les eaux de source pour qu'elles ne touchent pas les matières irradiées. Chaque jour malgré tout, 300 tonnes d'eau dangereuse s'écoulent à la mer sans qu'on n'y puisse rien. Chaque jour des vapeur pour le moins suspectes s'échappent des cauchemars que sont devenus les 3 réacteurs éventrés. Quant au combustible qu'ils contenaient, nul ne sait désormais où est passé le corium (cœur en fusion) en quoi il s'est transformé. Il a percé les enceintes de béton durci, et erre quelque part dessous, rencontrant de l'eau qui le refroidit et le régénère en même temps.

Il est maintenant admis que le tiers des océans est désormais pollué plus ou moins gravement par cet évènement. Loin de se résorber, cette pollution va s'étendre. Sa source est toujours là, qui l'alimente jour après jour.   Malgré les précautions, un accident de ce type peut advenir à n'importe quel moment dans une centrale. Le Japon n'a plus que deux réacteurs en fonctionnement, la France en a 54. Sur le lieu statistiquement probable d'une autre tragédie, nul besoin de faire un dessin.

mardi 11 mars 2014

Fukushima Daiichi : le décompte de la fin de l'Humanité a commencé

Il est 5 heures 46 minutes 23 secondes, le 11 mars 2011, temps universel (heure de Greenwich), soit 14 h 46 min 23 s au Japon, ou 6h 46 min 26 s en France. Une date dont il faudra se souvenir.

Sur un front de 400 kilomètres, au large de la côte pacifique du Japon, une faille se décale de 10 mètres en quelques secondes.  Elle occasionne à la fois un tremblement de terre de magnitude 9, d'une violence rare, sur la côte du Tohoku ; et un raz de marée d'une hauteur exceptionnelle. 

La centrale Fukushima Daiichi, plus au nord que sa compagne Fukushima Daini, reçoit de plein fouet le choc du séisme, qui bouscule les installations, coupe des câbles, plonge en état de choc les employés. Déjà l'installation est pratiquement ingouvernable. Un peu plus tard, la monstrueuse masse d'eau (14 mètres de haut, alors que les protections ne dépassent pas 4 mètres) vient noyer les moteurs déjà endommagés, créer des courts-circuits....

Les réacteurs 1 à 4 sont de loin les plus touchés. Le numéro 4 est en maintenance, donc un arrêt de refroidissement du confinement n'a pas de conséquences dramatiques. En revanche le combustible est alors dans la piscine de service, à 30 mètres de haut. Une fissuration de celle-ci serait catastrophique. Les choses sont encore en l'état aujourd'hui, même si des barres neuves ont commencé à être évacuées. C'est un processus très long.

Pour les réacteurs 1 à 3, en revanche, c'est la débâcle. Plus de refroidissement du cœur, donc celui-ci s'échauffe. L'eau de refroidissement est décomposée, de l'hydrogène s'accumule. Le 11, le 12, le 15, d'énormes détonations confirment que le gaz a explosé. Pire, le 15 c'est la machine numéro trois qui saute à son tour. Elle est chargée au MOX, ce mélange d'uranium ordinaire, et de plutonium à 7%. Instable et terriblement délétère, ce métal diabolique entre en masse critique et provoque une explosion nucléaire spontanée. La vidéo montre très nettement, juste après un éclair, la montée très haut d'un mélange de gaz et de matériaux pulvérisés.  Les plus lourds retombent sur le site. Pour les autres, on a appris tout récemment que les masses de poussières noires retrouvées assez loin du site, proviennent de cette explosion. Empoisonnement garanti, pour tout organisme ayant été en contact avec les résidus.

Pendant ce temps-là, les cœurs de plus en plus chauds s'enfoncent dans le sol, fondant les matériaux et le sol rencontrés, risquant à tout moment de déclencher de nouvelles explosions par contact avec les nappes phréatiques. Trois ans plus tard, personne ne sait exactement où sont ces cœurs, ni s'ils ne vont pas avoir un retour de criticité occasionnant de nouvelles explosions plus profondes.

Les hommes de la centrales ne peuvent qu'arroser comme ils peuvent, avec de l'eau douce, mais très vite de l'eau de mer aussi, pour parer au plus pressé et refroidir comme ils le peuvent le désastre. Le mélange de ces eaux de refroidissement, des eaux de pluie qui tombent sur les réacteurs torturés, de la nappe phréatique partout présente, est stocké en masse sur le site. Les réservoirs, les canalisations, les réacteurs fuient : une proportion importante de cette eau, malgré tous les efforts, s'en va jusqu'à la mer. Les poissons en sont très affectés, de plus en plus loin de la centrale.

Les courants, en trois ans, ont déjà réussi à transporter une partie de cette eau jusque sur les côtes pacifiques du continent américain. Déjà les saumons pêchés sur la Côte Ouest présentent un taux de radioactivité suspect. Cela s'ajoute encore aux effluents provenant des installations nucléaires US de l'Arizona ou de l'Utah. Il ne faut pas oublier, bien entendu, les poussières soulevées par les explosions, qui si elles sont assez légères ne se gênent pas pour faire en altitude le tour de la Terre.

Trois ans plus tard, quel est le bilan ? Déjà, malgré le manifeste blocage d'information par les autorités japonaises, il est évident que " l'addition " est lourde. Fukushima a déjà expédié trois fois plus de débris dangereux que Tchernobyl, et cela continue, jour après jour. En quelles quantités ? Les chiffres sont incertains, mais très élevés. Les enfants de la région commencent à présenter des cancers, déjà. Dans cinq ans, ce sera bien entendu beaucoup plus lourd. La pollution, loin d'être stoppée, se sera étendue en quantité et en superficie. Rien ni personne ne peut la stopper désormais.

Naoto Matsumura
Le Japon possède 54 réacteurs. Ils sont à l'arrêt, mais certains supplémentaires sont en construction, comme à Oma tout au nord de l'île principale de Honshü, à 25 kilomètres de la ville de Hakodate, principal port de l'île de Hokkaido. Pire, il est prévu de charger le réacteur.... au MOX ! Le maire de la ville de Hakodate, soutenu par ceux des cités environnantes, bataille pour faire interdire une pareille menace si près de sa ville de 300 000 habitants. Les profiteurs n'ont-ils toujours pas compris ?

Ce 11 mars 2014, pour le troisième anniversaire du début de la catastrophe, le dernier homme ayant refusé de quitter la zone dangereuse de Fukushima (il continue à y soigner les animaux qui restent dans le région) va être accueilli au Parlement de Strasbourg, afin de témoigner. Naoto Matsumura a bénéficié d'une solidarité internationale pour venir ainsi expliquer les dangers immenses du nucléaire. Souhaitons-lui d'être entendu ! Lui, sait qu'à moyen terme il est condamné. Mais à 54 ans il sait avoir l'essentiel de sa vie derrière lui. Au contraire, ce sont les plus jeunes, qui risquent de payer le prix fort les premiers.


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Précisions : sur la carte, la centrale est située sur les communes d'Okuma et Fubata.  Naoto Matsumura est originaire de Tomioka, juste au sud de ces villages.





Explosion du réacteur N°3


jeudi 21 mars 2013

KEPTO décide d'importer du MOX au Japon (NHK)

NHK, le 21 mars 2013, 11h42 TU (20h42 au Japon) soit 12h42 en France.

Kansai Electric Power Company annonce qu'il va importer  le mélange d'oxydes de plutonium et d'uranium, carburant  de centrales connu sous le nom de MOX, de France au Japon. Le but est de créer une nouvelle génération de générateurs plus performants.

L'import de carburant MOX serait le premier depuis l'accident de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi en mars 2011. KEPCO précise ce jeudi qu'il ne peut pas dire maintenant si un tel carburant sera utilisé. La génération d'énergie superthermique utilise un mélange de plutonium extrait de déchets de carburant nucléaire usé, et d'uranium. La méthode a déjà été utilisée dans quatre  centrales japonaises, y compris celle de Takahama lui appartenant, et celle de Genkai, propriété de Kyushu Electric Power Company.

Mais KEPCO avait suspendu ses imports après le séisme et le tsunami du  11 mars 2011, et l'accident nucléaire à la centrale de Fukushima Daiichi. La firme avait procédé ainsi parce que les protocoles de recyclage des carburants nucléaires au Japon n'étaient pas clairement définis, et que le transport de MOX manquait de garanties.

Deux ans après l'accident, la société a décidé de reprendre le transport de MOX fabriqué en France, en vue de l'utiliser dans la centrale de Takahama. Elle assure que se constituer une expérience locale est un prérequis pour reprendre la génération plusthermale de production énergétique.


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Une remarque.

Le réacteur N°3 de Fukushima Daiichi, celui qui a explosé si bizarrement le 15 mars 2011, avait lui aussi été chargé en MOX. On soupçonne cette explosion de n'être pas due, comme dans les autres réacteurs, à une accumulation d'hydrogène, mais à une réaction en chaîne du MOX fondu, donc à une véritable explosion nucléaire incontrôlée du plutonium contenu dedans. Compte tenu de la nocivité immense de ce métal, qui s'est naturellement projeté haut dans l'atmosphère, la contamination a dû être terrible. C'est d'ailleurs cette explosion qui a fissuré la piscine du réacteur N°4, sujet de grandes inquiétudes.