-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-
Le 10 octobre 2013
Cher Pierre, cher camarade.
Nous nous connaissons. Tu nous a accordé une interview
lors du dernier congrès du Parti Communiste Français auquel j’ai été
invité en qualité de camarade du Front de Gauche et responsable de ce
blog, A gauche pour de vrai! Tes réponses à mes
questions, l’ambiance d’unité qui y régnait me remplissaient d’un
incroyable espoir. Tu entendais, à l’époque, t’opposer par tous les
moyens au gouvernement afin qu’il ne mette pas en place l’Accord
National interprofessionnel. Tu déclarais, et avec toi tous les
camarades présents, faire du Front de Gauche cette force de
rassemblement du progrès et de la justice sociale, cette force
d’opposition au libéralisme et au capitalisme financier, cette force qui
donnerait l’espoir et affirmerait qu’une autre politique est possible,
qu’une autre politique est désormais indispensable que celle menée
depuis plus de 11 ans maintenant. De tout cela il n’y a même pas
quelques mois, 8 pour être tout à fait précis. Mais nous étions, alors,
encore loin des élection municipales. Nous sentions bien, tous, au sein
du Front de Gauche, qu’elles constitueraient une épreuve de taille pour
notre jeune rassemblement politique. Nous pensions même pouvoir les
enjamber, pour ne pas dire les ignorer, afin de vite, très vite, passer
aux élections européennes sans encombre et dans l’unité. Seulement
voilà. La réalité politique, économique et sociale de ces derniers mois
nous a ramenés sur terre, nous a rappelé le principe de réalité.
La république est une et indivisible, quels que soient ces étages d’organisations.
Il n’y a pas d’un côté l’état et l’assemblée nationale et de l’autre la
commune et son conseil municipal. Il y a la république qui
s’interpénètre en permanence, souvent dans une respiration haletante. Un
ministre de l’intérieur, du sommet de l’état, déclare qu’une population
est impossible à intégrer sur notre territoire national et aussitôt des
maires font part de leurs expériences et initiatives locales. Ici pour
expliquer comment ils chassent ou entendent chasser cette population, là
pour expliquer qu’il est possible de les intégrer à la république. A
l’assemblée, les députés socialistes seuls, absolument seuls,
décident de rallonger la durée de cotisation des retraites. Les députés
communistes votent contre ce dispositif qui vise en réalité à faire
reculer « mécaniquement » l’âge de départ à la retraite et donc à faire
baisser le niveau des pensions. Et
tu sais que cette misère programmée arrivera dans le bureau des maires,
fera l’assaut des permanences des conseillers municipaux pour demander
aide et secours. Tout comme tu vois chaque jour comment la politique de
rigueur et d’austérité, maintenant inscrite au sommet de notre
constitution sous la forme d’une loi organique et qui se nomme la règle
d’or budgétaire, empêche l’état et ses ministres d’agir contre le
saccage de notre industrie, saccage orchestré de toute pièce par un
libéralisme financier qui fait la loi aussi bien à Paris qu’à Bruxelles,
siège du parlement européen dont tu es le président du PGE. Et tu vois
alors comment à Aulnay sous Bois comme dans tant d’autres villes ou
villages, les maires et les conseillers municipaux se prennent en pleine
figure le désastre des plans sociaux, et se retrouvent à l’arrivée
seuls pour les gérer, seuls à tenter de canaliser une colère
proportionnelle à la misère engendrée par ce libéralisme de l’offre.
Tout comme tu te souviens avec quelle mépris François Hollande,
Président de la république d’aujourd’hui, premier secrétaire du parti
socialiste d’hier, a repoussé d’un revers de main cette loi d’amnistie
des syndicalistes qui ont lutté pour leur survie dans le monde du
travail. Voilà donc quelques principes de réalité qui nous ont rappelé à
toutes et tous que l’on n’enjambe pas une élection municipale aussi
facilement que cela, par simple commodité. Car la République est une et
indivisible.
Oui, il est indispensable
d’avoir des élus en République. Mais le moteur d’une élection ne peut
pas être le conservatisme, y compris de ses positions. Le
moteur d’une élection ne peut être que et uniquement la recherche du
progrès, de la nouveauté. Or, à gauche, le progrès et la nouveauté se
situent au Front de Gauche, pas au parti socialiste. Le parti socialiste
a des pratiques électorales d’un autre âge. Des pratiques qui empêchent
le renouvellement, qui favorisent le cumul des mandats, qui
ambitionnent la disparition du Front de Gauche et du Parti Communiste
Français. Je ne prendrais qu’un seul exemple. Un exemple que je connais
trop bien, celui de la Seine Saint Denis, pour y vivre et pour avoir, un
temps significatif, milité au sein du PS local. A Saint Denis, un
jeune député, Mathieu Hanotin, aussi vice président du conseil général,
veut devenir également maire. Et pour y parvenir il n’hésite à dire que
« les communistes ont fait leur temps« . Dans tout le département les socialistes lancent l’offensive contre le Front de Gauche et le Parti Communiste.
En réalité, le PS, y compris à Paris, lorsqu’il cherche une alliance
avec le Parti Communiste, il cherche une caution sociale, une caution de
gauche. Déjà ils sont nombreux, du côté de Solférino, à faire la
publicité d’une telle alliance à faire rougir un rose en berne. Et ce
même PS parisien approuve le « Grand Paris » car il sait, qu’à termes,
il lui donnera toutes les cartes du jeu politique de la région
parisienne. Le PS joue avec les élections et les instrumentalise, mais
le PS ne fait plus de politique et encore moins à gauche.
Sa marotte électorale, au Parti Socialiste, depuis le 21 avril 2002 pour gagner le jeu, tu la connais aussi bien que moi.
Faire barrage à l’extrême droite. Comme tu peux le voir, cela
fonctionne admirablement, n’est-ce pas? La gauche a passé 10 ans dans
l’opposition, puis, une fois les socialistes à la tête de l’état, de
l’assemblée nationale, du Sénat, des régions, de la plupart des
départements, de la plupart des grandes villes, très souvent au
détriment et en affrontant le Front de Gauche et le Parti Communiste,
les électeurs de gauche le fuient comme il fuient toutes celles et ceux qui s’y sont collés.
Mécaniquement l’abstention progresse en même temps que progresse le
désespoir, en même temps qu’augmente le pourcentage électoral du Front
National. Cela s’appelle jouer avec le feu et à la fin, celles et ceux
qui auront joué se brûleront, peut-être même à en mourir politiquement.
Car le seul moyen de lutter contre le Front National n’est pas de faire
des règles d’or, de pousser à l’ANI qui fabrique du chômeur sans droit
de défense ou encore de vidéo surveiller les populations à l’initiative
des maires, autant d’actes et de décisions qui valident le discours d’un
F Haine d’extrême droite.
Avec le Front de Gauche, il est temps de siffler la fin de la parti.
Mettre fin à ce jeu du PS qui ne poursuit qu’un seul objectif: vendre
des postes pour détruire toute opposition à la politique libérale de
l’offre et ses déclinaisons locales. Comment savoir de quel côté du jeu
tu souhaites véritablement être? En répondant à quelques questions
simples:
- es-tu pour ou contre le désengagement de l’état dans le financement des collectivités locales? Si oui allie toi avec le PS, si non préserve ce diamant précieux qu’est le Front de Gauche.
- Es-tu pour ou contre la gestion publique des services publics ou préfères tu la généralisation des délégations inhérentes à l’austérité et aux baisses des dotations? Si tu penches pour la première solution préserve ce diamant qu’est le Front de Gauche. Si tu optes pour la seconde, ce dont je doute te connaissant, fais alliance avec le PS,
- Es-tu pour l’affirmation, à l’échelle européenne, d’un Front de Gauche uni et rassemblé au sein de la capitale de notre pays afin de mieux préparer les élections européennes si importantes, ou préfères tu envoyer, en leader du Parti de la Gauche Européenne que tu es un message flou, mou, supposant un tas de loups et d’assumer dans la foulée un désastre à ces élections? Je ne doute pas que tu veuilles éviter un désastre. Alors préserve, s’il te plait, ce diamant qu’est le Front de Gauche.
Mais peut-être que la stratégie
d’alliance à géométrie variable que tu sembles préconiser dissimule un
problème autrement plus sérieux. A gauche pour de vrai!
je n’ai pas pour habitude d’éluder la moindre question, la moindre
suspicion. Oui Jean-Luc Mélenchon parle fort, avec fougue et passion.
Oui, il a du caractère. Et oui tu as du caractère. Mais cela dit, entre
toi et moi, entre vous deux et nous tous, n’est-il pas préférable
d’avoir deux grands caractères, et pourquoi pas trois, quatre ou même
cinq pour porter la voix de celles et ceux qui n’en ont pas? A
moins que cette stratégie d’alliance à géométrie variable que tu
préconises ne dissimule autre chose de bien plus sérieux et de bien
plus grave en réalité, et cela malgré toi. Les conseillers municipaux
sont les « hauts électeurs » de la Ve République. Le Sénat est l’autre
chambre parlementaire de la Ve République. Et tu es sénateur depuis
2010. Et si la véritable cause de la stratégie d’alliance, à géométrie
trop variable pour être comprise du citoyen de base, que tu préconises
n’était ni le barrage à l’extrême droite, ni même le renforcement d’une
gauche alibi dans les exécutifs locaux. Et si la cause était tout
simplement cette Ve République, véritable fabrique à élus, cette
république pousse au crime de la manœuvre tactique? A Evry, la ville de
Valls, les militants communistes se sont prononcés et ils ont choisi
l’unité du Front de Gauche. Alors vite, la 6e République sociale,
écologique et solidaire, qu’on en finisse avec le désespoir et que les
citoyens reprennent le pouvoir!
Amitiés d’un militant du Front de Gauche. Mais pour combien de temps encore…
Sydne93
Oh, Jean Claude ! Si je te disais, qu'à Montreuil, jeune espagnol antifranquiste, je me suis trouvé à la même table que Dolores Ibarruri et Santiago Carrillo ainsi que la camarilla PC espagnol organisatrice d'une messe destinée aux croyants - à 17 ans on croît à n'importe quoi - et que c'est là que je fis la connaissance d'un réfugié anar espagnol qui avait des comptes à régler avec les cocos et qui m'ouvrit grand les yeux sur ces connards. Depuis, je me suis parfois égaré en chemin, mais jamais perdu...
RépondreSupprimerLes cocos c'est de la mauvaise graine d'apparatchik ! Jamais se laisser tenter par la galère PC. Des mauvais cons !
Mais bien sûr Rodo, je te suis, que dis-je, je te précède. Pour mémoire, le communisme bureaucratique qui perdure n'a strictement rien à voir avec ce qu'écrivait Marx : il était bien plus proche dans sa dialectique des anars, tout simplement. Le communisme "à la française" n'est qu'un Vatican de plus (je vais me faire bien voir, tiens), avec ses dogmes et ses hiérarchies, ses fidèles et ses apparatchiks. Les Fédérés sont fusillés tous les jours, avec de pareils pseudo-continuateurs.
SupprimerAprès tout, que le scandale éclate au grand jour, qu'on en finisse avec ces boulets, qu'on n'en parle plus !
Ca m'a jamais inspiré les cocos !! çà me fait d'ailleurs marrer quand certains disent qu'ils sont à l'extrême gauche ! avec le FdG ! ... Laurent voit d'abord comment sauver les petits soldats qui lui reste dans les municipalités ! et il les a obtenu avec le PS , grâce ce à des accords électoraux avec ce dernier ! ..C'est tout ce qui compte ! sans ses élus , le PCF n'est plus rien ! ... les grands discours contre Hollande , oubliés ! C'est toujours comme çà ! et le PG qui s'en offusque .. Z'avaient qu'à pas pactiser avec le PCF , pour faire le FdG ! .. ils le savaient comment il était , non ? Mélenchon a pensé faire une OPA sur ce parti en déclin , c'est raté !!! c'est tout le FdG qui en prend plein la vue !!!! C'est vrai que la fête de l'Huma , c'était une bonne tribune ! ... qu'ils se démerdent tous !!! le FdG est à refaire !!! et pendant ce temps " la mére monte " !!
RépondreSupprimerOui, eh bien, on a du boulot ! Tout le dernier étage de la maison est à refaire, au moins. Comme le PCI avant lui, le PCF s'est en-aristo-tisé, est devenu un parti bôrgeois comme le PS. Que d'efforts devenus inutiles, que de vies de militants gaspillées pour quelques caciques locaux ou nationaux. Pitoyable.
SupprimerPour un peu, on mordrait.
Refaire un parti ?
RépondreSupprimerPeut-être est-il aussi inepte de CROIRE POUVOIR FAIRE une "révolution" dans un pays ( tous les pays? ) où on est minoritaire - que le pc d ' espérer quelques miettes d ' alliances avec le ps - avec l ' ump ou le fn serait aussi logique -
Il faut trouver d ' autres solutions -