Remettre les choses en place, dénoncer les approximations et les interprétations plus que suspectes des médias, et de ceux qui ont l'honneur d'y causer, voilà une tâche essentielle quand le cinquième pouvoir n'est plus qu'un moyen de plus pour l'oligarchie financière de garder la mainmise sur les opinions des gens.
N'ayant pas la télévision, je n'ai pas eu l'occasion d'assister à ce cri, et à ce que des personnes trop peu indépendantes ont travesti pour en effacer l'acuité. Mais relayer la bonne information non tronquée est un devoir, oui, un devoir.
Jeudi dernier, Jean-Luc Mélenchon participait à l’émission Touche pas à mon poste sur D8 (je n’analyserai pas ici sa prestation, ceci à déjà été très bien fait).
Quelques minutes après son arrivée, une salariée de la chaine est
intervenue en direct, afin de dénoncer les baisses de salaire imposées
par la direction aux intermittents du spectacle. Le lendemain, Bruno
Roger-Petit, chroniqueur sur le Plus du Nouvel Observateur, décidait de
consacrer son billet hebdomadaire
à cet événement. Cependant, plutôt que de relayer le message de
l’intermittente et de dénoncer à son tour les conditions de travail sur
la chaine du groupe Canal +, celui-ci a préféré s’attaquer de façon
éhontée à Jean-Luc Mélenchon. Probablement dans le but de faire parler
de lui, le journaliste a consacré un article entier à accuser le
coprésident du Parti de gauche d’être resté silencieux face à la
détresse de cette salariée précaire. Pourtant, la réalité fut bien
différente…
« La direction de D8, notre employeur, nous a traité avec beaucoup de mépris »
L’intermittente ayant interrompu
l’émission de Cyril Hanouna est Sophie Tissier, une mère célibataire
âgée de 34 ans. Depuis plus de deux ans, elle est opératrice prompteur
sur D8. Elle travaille pour l’émission Touche pas à mon poste
depuis le mois d’octobre. Interrogée par les Inrocks, elle est revenu
sur sa prise de parole afin d’expliquer ce qui l’a poussé à intervenir
et surtout de dénoncer le sort réservé aux intermittentes sur D8.
Révoltée par cette situation, elle avoue
avoir jugée la venue de Jean-Luc Mélenchon sur le plateau de l’émission
phare de la chaine comme « le bon moment » pour intervenir. « Touchée »
par son discours sur le monde des médias au début de l’émission, elle
s’est alors lancée et est intervenue quelques minutes après son arrivée.
La suite, voilà comment Bruno Roger-Petit
et le Plus du Nouvel Obs la présentent le lendemain. Dans son billet,
le journaliste reproche à Jean-Luc Mélenchon ne pas être intervenu, de
ne pas avoir demandé la parole, d’avoir abandonné la jeune intermittente
qui espérait « peut-être, un mot de soutien ».
Le journaliste y voit une « faute politique ». « Mélenchon
ne peut rien. Jean-Luc Mélenchon, dénonciateur des travers du système
dont il est pour un soir l’acteur objectivement complice ». Le
coprésident du Parti de gauche serait donc, non seulement impuissant,
mais surtout insensible à la cause des salariés précaires. Pire, il
serait le complice d’un système qu’il avait lui-même dénoncée (« le
monde des médias est une machine à broyer »), quelques minutes avant
l’intervention de la salariée de D8.
Voilà donc comment le Nouvel Observateur
fait du journalisme. Il sort deux minutes d’un passage télé qui en fait
cinquante ; les analyse avec un objectif précis (ici, s’attaquer à
Jean-Luc Mélenchon) ; ne fait jamais référence à ce qui s’est passé
avant, ni à ce qui se passera ensuite ; et surtout, se garde bien de
recueillir le témoignage des acteurs de la scène. Voilà ce qu’on appelle
le journalisme version Petit journal. Un journalisme mensonger basé sur
la manipulation.
Car en réalité, Jean-Luc Mélenchon n’est
pas resté insensible à l’intervention de la jeune intermittente. Bien au
contraire. Il suffit pour cela de regarder la suite de l’émission, ce
que Bruno Roger-Petit n’a visiblement pas fait !
En effet, le co-président du Parti de
gauche a passé plusieurs minutes après le départ de la jeune précaire à
dénoncer les conditions de travail des intermittents et donc à relayer
son message.
« Le système repose sur une exploitation
terrifiante des gens. C’est terrible ce qui est fait aux intermittents
du spectacle, cette espèce de vie à crédit, où on vous tient(…), jusqu’à
des femmes qui ont du cacher leur maternité parce que sinon elles
n’accédaient pas aux droits auxquels elles avaient droit ».
« Dans les rédactions vous avez une
proportion considérable d’intermittents du spectacle, de gens qui sont
en stage, qui sont payés avec dans lance-pierres. (…) Beaucoup de gens
vivent avec des toutes petites payes. (…) Une personne payée avec un
lance-pierre, n’est pas en état de se rebeller. Quand tu as besoin de
manger tu te tais, quand ton chef est là tu lui dis oui chef, sinon tu
manges pas ».
« La pauvreté, la précarité,
l’étranglement des gens, génèrent un produit médiatique globalisé. Voilà
comment se fabrique le nivellement vers le bas. (…) Si on paye bien les
gens, si on stabilise leur statut social, on peut espérer avoir une
information de meilleur qualité, plus respectueuse des gens et des
points de vue différents ».
Voilà ce que le Nouvel Obs appelle rester
muet ? Voilà ce que Bruno Roger-Petit appelle une « faute politique » ?
Ce n’est en tout cas pas l’avis la principale intéressée, la jeune
intermittente Sophie Tissier. « Je ne suis pas membre du parti de gauche
de monsieur Mélenchon mais j’espérais qu’il soutienne mon propos et la
cause des intermittents. Et il l’a fait ! Il a dénoncé avec force notre
précarité et nos conditions difficiles de travail ».
Cette affaire, est une nouvelle preuve,
s’il en fallait une, du traitement lamentable réservé à Jean-Luc
Mélenchon par certains médias. Comme Patrick Cohen
et bien d’autres, Bruno Roger-Petit participe à la campagne de
diabolisation du co-président du Parti de gauche. Une opération qui se
fait en parallèle de la dédiabolisation de Marine Le Pen et de la
banalisation de son discours. Tant d’attitudes qui ne font que renforcer
la défiance d’une partie des français envers les médias.
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Sur cette question du passage de JLM à l'émission "touche pas à mon poste", je regrette qu'il ne soit quasiment pas fait écho à ce qui me parait pourtant le plus choquant : La CENSURE par Canal+ de l'épisode avec la jeune intermittente ! Ils ont en effet coupé ce passage dans le "replay" de l'émission sur leur site..... et je trouve ça inadmissible !
RépondreSupprimerhttp://sarkostique.fr/index.php?topic=1570.msg40727#msg40727
C'est assez grossier , cet art de BRP ! d'autant que le contraire est facilement vérifiable ! sont pas chiés , y'en a :-)
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