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samedi 14 janvier 2012

Les œuvriers


Mon ami Rem* me confie un texte, qu'il a concocté avec amour. Je suis très heureux, et honoré, de le partager avec vous.

Les marins de SeaFrance sont, en France, les derniers en date dans la très longue liste des combattants qui, dans leur entreprise menacée, « vont jusqu'au bout », crânement... Comme hier « les Conti », « les faucheurs volontaires » par exemple... Comme avant-hier « les Lip », mais aussi tant d'autres : métallos, mineurs, tisserands, etc. 

Sait-on que la France, ces 12 dernières années, aurait subi une destruction de la moitié de son outil de production, industriel et agricole, soit à peu près autant que du fait de la guerre 39-45 ?! (j'ai lu cette comparaison alarmante sous la plume, je crois, d'un « économiste atterré », comme Lordon : merci au lecteur avisé de me rappeler cette source perdue!).

Il y a en tout cas ces nombreux ouvriers et paysans en danger, mais aussi bien d'autres travailleurs, que j'appelle ici « utiles oeuvriers », par opposition aux « inutiles parasites » que sont bien sûr les rapaces spéculateurs mais aussi les politiciens à leur botte. Avec leurs généraux et pioupious qui cassent les joujoux de jeunesse (ou de papa), la production française, sur notre dos : une guerre de classe, larvée, au lieu des destructions massives (démographiques et matérielles) de la guerre mondiale. Parmi ces bien d'autres oeuvriers bosseurs (au BTP, réseaux rail électricité gaz antennes, etc.) il y a aussi par millions des artisans, bien sûr, mais aussi des artistes et beaucoup de spécialistes dans divers domaines si utiles à l'épanouissement social : secteurs de la santé, de l'éducation, du transport (comme SeaFrance), etc. Mais aussi bien, par exemple, d'actifs éditeurs ou libraires … et de courageux internautes, utiles à l'éveil de la lucidité citoyenne !

Il y a aussi quelques intellectuels oeuvriers, mais oui, de ceux qui font « œuvres utiles ». N'en déplaise à bien plus de pseudos intellectuels qui hantent les antichambres (ou chambres) du pouvoir, politique et économique et blablatent dans lémédia si dévots aux pouvoirs... Parmi ces trop rares vrais intellectuels utiles, je reviens à Frédéric Lordon, ce si prolifique, audacieux et talentueux auteur de « D'un détournement l'autre. Comédie sérieuse sur la crise financière. En quatre actes et en alexandrins » (oui, oui : en alexandrins!!), Le Seuil 2011. Il fait par ailleurs partie, sans surprise, du film « Les nouveaux chiens de garde », d'après le livre éponyme de Serge Halimi...

Dans la livraison de janvier 2012 du Monde Diplomatique, F. Lordon donne un long article, dont le sur-titre « Comment rompre avec le Libre-Échange » est plus explicite que le titre « La démondialistion et ses ennemis ». C'est à lire, à méditer !

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