Quel chef de parti osera proclamer "Il faut rendre réellement le pouvoir au peuple, à tous, relancer une vraie démocratie !" ?
Une vraie démocratie est celle où chacun sait que ce qui a été décidé, l'est pour la bonne cause : il le sait pour avoir participé aux discussions qui ont précédé la décision, et il sait que cette décision reflète l'opinion de la majorité éclairée par la discussion justement.
A droite, la question ne se pose pas : tout fonctionne par des rapports de force, où l'argent est roi, que dis-je, empereur. C'est lui que courtisent maints financiers qui le font fructifier, comme ils disent (en fait ils l'inventent au fur et à mesure), maints politiciens qui en ont besoin pour agrandir leur influence, maints personnages influents dont il facilite la tâche en les aidant à abuser du bon vouloir de subordonnés grâce à des promesses aussi mirifiques que vaines. Le $Y$T€M fonctionne sur des relations entre inégaux, par définition. Quelques happy few discutent entre eux, se partagent les plus hautes prébendes, les plus hauts postes, des plus ronflants aux plus délicatement possesseurs de pouvoir, selon les tempéraments.
Ce ramassis de Hauts Requins distille, selon le bon adage diviser pour régner, des divisions entre des corps de métiers, entre des "couleurs de peau", entre des faciès, des "origines", des "religions", et en rabâchant ses venins il réussit effectivement à dresser les uns contre les autres des gens qui auraient tout pour s'entendre, s'entendre contre lui naturellement. Comme c'est lui qui possède ce qu'on appelle pudiquement les moyens d'information, alors que ce ne sont que des outils de propagande, il a tout loisir pour remettre constamment au premier plan violence, immigration, "différences", langages, rites (toujours ceux des mêmes). Il procède internationalement, ce qui lui donne une force terrible.
Le PS n'est qu'un tentacule du libéralisme, tenant maladroitement une rose défraîchie. Sans vraiment l'exprimer de façon claire, il laisse les journalistes de Cour le présenter comme LA gauche, alors que ses positions ne reflètent que faiblement une préoccupation pour les humains, et pour l'avenir de tous. Cela rappelle une vieille gravure de la fin du XVIIIe, juste avant la révolution : le Tiers État est un homme pliant sous les poids d'un sac représentant les impôts royaux, pendant qu'un seigneur enrubanné s'appuie de tout son poids sur le sac, alors que le clergé sensé apporter ses bienfaits ne le fait que du bout d'un doigt. Le PS est ce faux représentant du peuple sensé lui redonner sa place, alors qu'il n'en est rien.
Le Front de gauche est focalisé sur un homme, qui a su à temps (pour lui) se dégager du PS pour exprimer ses critiques sans beaucoup innover. Son parti, le Parti de Gauche, dont on sait peu de choses, n'existe que par lui, même si on peut penser que les gens de la base sont des socialistes convaincus, sans doute des transfuges d'un PS qui les a tout de même trop déçus. Il promeut cependant une alternative au productivisme, des solutions écologiques, une nouvelle donne économique tournant le dos à l'union européenne, ce truc imposé par des parlementaires inféodés au $Y$T€M ou simplement peu désireux de s'y opposer.
Le Parti de Gauche s'appuie sur un PCF qui a très mal su prendre en compte les nouvelles conditions, écologiques, économiques et sociales d'un monde qui a bien mal tourné. C'est un appui solide, aux ancrages locaux très forts, mais tournant en rond, et encore englué dans les supposés bienfaits du nucléaire. Quant aux autres composantes de ce front de Gauche, elles sont inaudibles malheureusement. A ce propos, reprenons ce qu'en dit Wikipedia actuellement.
Pour l'heure, ses composantes nationales pour l'élection présidentielle de 2012 sont :
- le Parti de gauche, une scission du Parti socialiste
- Gauche unitaire, une scission d'Unir (ancien courant de la Ligue communiste révolutionnaire),
- République et socialisme[2], une scission du Mouvement républicain et citoyen
- Convergences et alternative, courant issu du Nouveau Parti anticapitaliste,
- le Parti communiste des ouvriers de France[3].
Que reste-t-il ? Le NPA n'a pas su tirer de son sigle nouveau un redépart, et malgré les bonnes volontés son message est assez inexistant, faute de moyens, et faute d'une unité de vues qui disperse ses forces déjà faibles. Son représentant le plus en vue s'est précisément retiré au second plan pour éviter une trop grande mise en vedette, au dépens du parti lui-même et de ses valeurs. De ce fait, le message et les vraies préoccupations du mouvement peinent à passer la rampe.
Lutte Ouvrière porte désormais fort mal son nom, puisqu'il y a sans doute plus de chômeurs, officiels ou pas, que d'ouvriers au travail dans notre pays. Le plus souvent, même parmi ceux qui ont un emploi, celui-ci est un temps partiel dans le tertiaire, "hôtesse de caisse" ou manutentionnaire. Le grand temps des soulèvements massifs d'hommes en bleu de chauffe a bien disparu, donc le message tombe assez à plat.
Quant à la frange Gluckstein-Shivardi, du POI, elle s'est retirée de la compétition, ce qui lui enlève toute possibilité de temps de parole.
Les anarchistes, pour leur part, et par définition, n'existent pas en tant que parti constitué alors que leur façon de penser peut constituer une solution vraiment différente pour l'avenir (pensons en particulier à Élysée Reclus, anarchiste et écologiste à la fois). Mais l'anarchie bien comprise n'est pas forcément la solution la plus facile à appliquer sur la durée. Elle demande un effort de tous, chose pas toujours bien acceptée aujourd'hui sur le long terme. En particulier, elle conçoit un avenir sans chefs, ce qui pour certains est bien entendu inconcevable, sans argent, autre incongruité, un avenir où la priorité est de penser global pour agir local.
Disons-le crûment : face à la droite pour laquelle la seule richesse est l'argent, et qui l'a accaparé bien entendu, la gauche représente le pari sur l'humain bien ancré sur cette terre qui est sa mère. C'est une très grande richesse, cependant combien l'ont oublié ! (même à gauche). L'avenir s'annonce difficile, faute de structures, bien que les mouvements des Indignés, sans chefs, sans raccordements aux partis et syndicats traditionnels qui pourraient tenter de récupérer à leur compte ces mouvements, puissent constituer un début de piste.
Quant aux élections qui arrivent à grands pas, elles consacreront dans leur résultat prévisible le complet échec du "démocratisme électif". Ceux que les partis soumettent aux votes ne sont que des noms qu'eux-mêmes auront préalablement sélectionnés en fonction de l'allégeance obligatoire à leurs diktats, eux-mêmes fruits de pressions "amicales" des lobbies. Voter est un droit chèrement gagné, dont les politiciens ont retiré tout sens en ne permettant que d'approuver leur choix.
Ajoutons aussi que les primaires au PS ont été un beau piège, dans lequel pas loin de trois millions de citoyens sont tombés. Par leur afflux, ils ont déjà donné une force terrible à un nom, et au parti qu'il est sensé représenter maintenant. Ah, elle est belle, la démocratie !
bonne analyse. j'ai rien a rajouter en fait.
RépondreSupprimerà la der réu du fdg du mon coin, l'un réclame l'alliance avec le NPA (et aussi fo) , personne ne demande mieux… mais ils sont inexistants.
moi je propose une alliance avec la gauche du PS… d'aller les chercher… tout le monde est d'accord mais on sait pas comment. Qui connait tous ces éclatements de LCR ou NPA arrivés aux fdg ? personne.
au fait il faudrait faire comme gandhi ? j'ai rien contre, mais comment ?
la question est comment se faire entendre. M'agace qu'un seul homme soit entendu (à la limite il m'énnerve) moi je suis pour le collectif, le système nous oblige à n'avoir qu'1, et tout le monde court vers ça.
quant aux indignés ou aux économistes atterrés, ou mediapart (qui en fait disent un peu comme le fdg) ils ne prennent pas une position politique, c'est pas leur role.
donc je déprime.
aussi : la bonne méthode serait de faire comme Gandhi, j'ai rien contre mais je vois pas comment
RépondreSupprimerAnnie : faire la grève de la faim ... comme Gandhi, bientôt avec les chômeurs cela sera facile de regrouper du monde !
RépondreSupprimerBonne analyse globale, que je partage , Un Bé-mol sur les primaires, je ne dirai pas que c'était un piége , vu d'une manière pragmatique, c'était à mon sens une opportunité pour éviter la dérive droitière du PS , dommage que beaucoup n'ont pas saisi l'occasion . Aujourd'hui , et en 2012 , on risque de le payer cher
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