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lundi 11 mars 2013

Le onze mars 2011, la terre, l'eau et le feu frappent le Japon

Onze mars 2011, journée maudite. Ce jour-là, il y a deux ans, à 14h46 heure locale un énorme séisme, annoncé au départ pour 7,8, puis 8,4 sur l'échelle de Richter (il sera en fait bien plus violent, de 9 ou 9,1), frappe la côte nord-est de l'île principale du Japon, Honshü, et particulièrement la région de Sendai, dans le Tohoku. Le journal de 13 heures, en France, en rend compte, ainsi que du gigantesque tsunami qui en découle en raison de la profondeur relativement faible de la secousse (12 kilomètres). Des raffineries sont en feu, ainsi qu'une centrale nucléaire à Onagawa. Le feu de celle-ci sera assez vite réduit.  Ce séisme aura tout de même déplacé, en le déformant, le Japon de 2,40 mètres.

Pour les autres centrales nucléaires, immédiatement les autorités assurent qu'elles se sont mises à l'arrêt automatiquement. Aucun danger, tout va bien, circulez, rien à voir.  Malheureusement, à Fukushima Daiichi, si les réacteurs ont été stoppés, les dispositifs de secours ne se sont mis en route que tardivement en raison du séisme lui-même qui a coupé des câbles, et ensuite les Diesels des groupes électrogènes ont été noyés. La température dans les réacteurs 1, 2 et 3 a commencé à monter. Heureusement les N° 4 à 6 étaient en maintenance. Résultat de cette montée de la température, des explosions se sont produites, causées par l'hydrogène dégagé, et en même temps sans qu'on le sache les cœurs se sont mis à fondre. La machine infernale s'est ainsi mise en route, pendant que les piscines de dépôt pour les barres neuves et celles récemment extraites étaient un peu fissurées par les explosions. Même chose pour la piscine commune, celle où pendant bien plus longtemps les barres déjà moins dangereuses des piscines dédiées vont passer des années avant un retraitement.

explosion du couvercle du réacteur 1
Pour le réacteur N°3 on apprend aussi qu'il a été chargé non en uranium modérément enrichi comme les autres (qualité "civile"), mais en MOX, ce mélange relativement bon marché d'uranium appauvri et de 7% environ de plutonium (association de deux déchets, en somme). Ce mélange a un inconvénient : le plutonium qu'il contient est extrêmement corrosif, nocif, et présente une masse critique très faible. Avec à peine plus de 6 Kg, soit 600 cm³, il atteint sa masse critique et se met à "exploser" en particules comme dans une bombe mal conçue, sans que ce soit la véritable explosion nucléaire, bien plus compliquée à mettre en œuvre. Or en fondant, ce mélange de barres peut arriver à ce résultat si suffisamment de plutonium se concentre.

Aujourd'hui, deux ans après, la communication à propos de cette catastrophe, la plus durable parmi celles de ce jour-là, est très indigente en raison des intérêts financiers en jeu, qui se moquent des vies humaines. C'est au point que les relativement rares habitants évacués sont déjà invités à revenir sur des régions très mal nettoyées encore. C'est au point que beaucoup d'enfants sont restés dans les zones dangereuses. C'est au point que déjà parmi eux, malgré les tentatives de le cacher, les cancers de la thyroïde se développent, et aussi que commencent à naître des bébés infirmes, difformes....

Quelle séquelle serait la plus dangereuse ? Cette fameuse piscine près du réacteur N°4 a été endommagée par l'explosion du N°3, et si elle s'écroule, avec la mise en contact des barres avec l'air, c'est la dispersion explosive dans l'atmosphère de tous les déchets.  Elle en contient plus de mille tonnes. Des spécialistes estiment la pollution mondiale qui en résulterait à trente fois celle de Tchernobyl, rien que pour cet accident-là. C'est sans compter les eaux de ruissellement pluvial qui lessivent les terrains et entraînent les déchets dans la mer. Les poissons en sont bien entendu affectés, dans un périmètre toujours plus grand, parce qu'ils se nourrissent du plancton contaminé. C'est sans compter animaux et végétaux qui continuent à être contaminés par les vents aléatoires, à des centaines de kilomètres, et bien sûr y compris à Tokyo.

Pour plus de précisions, un site y est consacré en permanence, celui de Pierre Fetet.  Les travaux se poursuivent sur le chantier de cette centrale qui devra bien entendu ne jamais rouvrir. D'ailleurs, toutes les centrales nucléaires japonaises sont à l'arrêt, y compris une qui avait redémarré en mai dernier. Mais rien que pour Fukushima Daiichi, peut-on raisonnablement penser qu'il sera possible de la démanteler complètement ? Le prix à payer sera colossal, et sera ressenti par tous les Japonais pendant des dizaines, voire des centaines d'années.

Pendant ce temps-là, AREVA est content : sa nouvelle centrale EPR de Flamanville (Manche) va peut-être finalement démarrer dans quelques années (de retard), pour un coût au moins trois fois supérieur aux prévisions. Une réussite, assurément, surtout que bien entendu le prix à payer un jour pour la démanteler n'est pas pris en compte. Celui pour les autres centrales non plus, d'ailleurs. C'est au point que les travaux de démolition d'un ouvrage pourtant modeste, celui de Brennilis en Bretagne, est au point mort ou presque : le démantèlement a pourtant commencé dès 1985. Et pour Fessenheim, déjà obsolète et pourtant situé dans un point critique pour plusieurs pays européen, eh bien elle tourne toujours.

Folie des hommes, folie du "le financier d'abord, la vie ensuite". Monsieur le président d'AREVA, tes enfants vont bien ? Tes petits-enfants, aussi ? Jusqu'à quand ? (même question au président d'EDF, bien entendu)



A l'époque, impliqué dans un site d'infos et d'opinions, j'avais apporté mes contributions à un fil d'infos ici ( j'y apparais sous le nom de contributeur N°1, vu que n'en suis plus membre), et très souvent la nuit je traduisais des dépêches de la NHK en anglais, puisque avec le décalage horaire le Japon était en avance de 8 ou 9 heures selon l'heure d'été ou hiver.