jeudi 2 mai 2013

Les damnées de la Terre existent, et meurent au #Bangladesh

Qui se souvient encore, qui se soucie du Bangladesh ? Ce pays qui fut un temps partie intégrante de l'Inde (avant 1947), puis qui au cours de la sécession du Pakistan en fut l'aile droite séparée de l'aile gauche par l'Inde toujours présente, est devenu "indépendant" en 1971. Malgré sa richesse agricole (il est traversé par le Bengale et le Brahmapoutre) il est fort pauvre parce que terriblement  surpeuplé (plus de 1000 habitants au Km²). D'altitude fort basse, au plus 12 mètres d'altitude, mais en de nombreux points en-dessous du niveau de la mer, il est ravagé fréquemment par de gigantesques inondations,  occasionnant des milliers, voire des centaines de milliers de victimes. Ces événements tragiques ne sont signalés dans nos journaux que par quelques entrefilets.

La population surexploitée, avec des salaires plus qu'indécents, est souvent employée dans le textile : les entreprises "occidentales" trouvent là des prix encore "meilleurs" pour elles qu'en Chine. C'est pourquoi le Bangladesh est le second exportateur de textile au monde, après la Chine. Pour comparer, ce pays n'a une superficie que de 144 000 Km², face au 9 700 000 Km² de la Chine qui est à peine dix fois plus peuplée.

Encore ces jours-ci, il y a une semaine, un immeuble construit à Dacca, la capitale, sans autorisation ni contrôle s'est effondré. Il abritait de nombreux ateliers du textile. Bilan à nouveau tragique : aux alentours de 500 personnes y ont trouvé la mort, des milliers d'autres  ont été blessées. Le tout pour un salaire de misère : 38 euros par mois.

Les ouvriers manifestent par dizaines de milliers. Peine perdue : les députés sont tous propriétaires d'usines textiles (80% du PIB), donc rien n'en sortira.

Seul le journal "L"Humanité" en parle ainsi que Libération. S'agissant de la conséquence d'un accident datant d'une semaine, l'information sur les manifestations ne fait plus la Une. Dans un mois, une autre catastrophe aura peut-être encore lieu, avec aussi peu d'écho dans nos contrées heureuses.

Il faut cependant se souvenir que les donneurs d'ordre, ceux qui achètent ainsi à vil prix la production de ce pays ont de grandes enseignes dans notre pays dans la grande distribution. Récemment, un autre accident avait fait cent morts parmi des "esclaves"  dont c'est WalMart, le géant US, qui écoulait la production.

Les damnés de la terre existent. Ajoutons un détail : ce sont souvent des femmes qui accomplissent ce travail ô combien ingrat.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire