Je ne pouvais manquer de relayer ici un tel manifeste.
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13 mars 2012
Le programme de Mélenchon en 8 mn chrono.
Ariane WALTER
Ceci est la retranscription du discours prononcé par M. Mélenchon au Dejazet le 18 octobre 2010.
Le programme !
Regardez votre montre. Vous vous dites, il va parler combien de
temps ? Il y a cinq points. Allez ! C’est le moment d’apprendre !
D’abord on va rendre le pouvoir au peuple. Et il va se le reprendre
tout seul. Donc nous allons procéder à la refondation républicaine des
institutions et de la société.
Nous allons donc convoquer une constituante comme l’ont fait tous nos
frères en Amérique latine. Parce que la constituante, c’est la manière,
pour le peuple, de s’approprier ses institutions. Le peuple s’est
auto-dissous. Et nous voulons mettre en place des institutions qui
rendent impossible l’élection d’un président comme celui que nous avons
et même d’un autre ! Et si c’est l’un des nôtres qui est élu, qu’est-ce
qu’il fait ? Il rentre, il fait sortir tout le monde, il prend la clé,
il la jette à la Seine ! C’est clair ?
La révolution citoyenne, elle repose sur deux piliers.
L’éducation car c’est un peuple libre. Un peuple n’est libre que
s’il est formé, éduqué à l’esprit critique, capable de comprendre les
enjeux du temps dans lequel il vit. Par conséquent nous expulserons le
capitalisme de l’éducation. Nous unifierons cette éducation. Ce sera le
premier budget du pays, celui qui passe avant tous les autres pour que
chaque enfant de ce pays sache lire, écrire, compter et pas seulement
ça ! Pas seulement ça ! Rire ! Chanter ! Écrire des poèmes ! Comprendre
les sciences ! Comprendre l’économie ! Savoir se rendre autonome
socialement !
Et nous ferons la révolution dans les medias avec la méthode de la
citoyenneté. Déjà chez nous, là, où ça nous occupe : le service public.
C’est fini, ce n’est plus le monarque qui désigne le président, ce sont
les gens qui cotisent, qui vont voter, qui vont l’élire.
Voilà comment on va remettre de l’ordre là-dedans.
Deuxièmement : le partage des richesses.
Ca va aller vite.
Il y a 195 milliards à récupérer. De la restitution sociale. Ce sont
les dix points qui sont passés des poches du travail à celles du capital
au cours des 25 dernières années. Retour à la maison. Avec 195
milliards, tous nos problèmes sont réglés. Tous ! Évidemment pour ça il
faut désintoxiquer la finance. J’ai dit tout à l’heure comment mais il y
a une chose que je ne vous ai pas dite à propos du revenu maximum et
que je veux vous dire.
La révolution citoyenne, c’est une révolution dans les têtes et dans
les cœurs et pas seulement dans le quotidien de la lutte sociale et
politique.
Mes amis, les hyper-riches sont hyper nuisibles. Ils sont
irresponsables socialement. Vous l’avez vu, ils ne savent plus où mettre
leur argent. Ils en ont tellement qu’ils le placent dans la bulle et
leurs dépenses sont par définition, des dépenses ostentatoires.
C’est-à-dire anti-écologiques qui contreviennent même à l’idée de la
décence et de la dignité.
Bon.
Troisième point : la planification écologique.
Ca , c’est le programme. L’idée économique.
Qu’est-ce qu’on va faire ensemble ?
Ce peuple a l’intelligence collective, les capacités pour faire
bifurquer son système productif du productivisme où il est aujourd’hui,
des modes de consommation de l’énergie et notamment de l’énergie
nucléaire vers un autre mode de consommation. Un autre mode de
production. Nous sommes capables de le faire.
C’est pourquoi la planification écologique, ni l’un, ni l’autre des
eux mots ne doit faire peur. En tout cas, nous sommes là pour
l’expliquer. Pour montrer que c’est ça le grand défi de notre temps pour
lequel les Français doivent marcher devant parce qu’ils sont capables
de faire la démonstration qu’on peut vivre, et travailler et produire
autrement.
Bon. J’espère que ça vous plaît tout ça !
He bien, je n’ai plus que deux choses à dire sur le programme.
« Alors, ballot, comment vous allez faire tout ça ? » Parce que vous
savez des lettres au Père Noël avec dix kilomètres de promesse, j’en
connais. J’en ai fréquenté pendant trente ans dont c’était la
spécialité !
Ah ! Mes amis, rien de tout cela n’est possible tant que vous
resterez dans le cadre du traité de Lisbonne. C’est impossible. Donc il
faut sortir du traité de Lisbonne. Il faut sortir. Mais cela doit être
conduit avec de l’ intelligence politique. Il ne s’agit pas d’aller
dire, de déclamer comme ça : « Nous sortons du traité de Lisbonne ! » Il
faut savoir le faire. Il va falloir entrer par des questions qui
concernent tous les Français. Par exemple : « Nous ne voulons plus qu’on
marchandise le service public. » Pas de bol. C’est prévu dans le traité
de Lisbonne qu’on le fasse. Alors on vote. On dit aux Français :
« Qu’est-ce que vous en pensez ? » Et si les Français disent : « Vous
avez raison, nous ne le voulons pas ». Opt out ! comme disent les
Anglais ! Vous faites ce que vous voulez chez vous mais nous, non, nous
n’en voulons pas !
Le service public n’est pas de la sphère de la
concurrence libre et non faussée !
Voilà, nous avons un mandat. Nous pouvons aller discuter. Nous
pouvons dire : « Voilà, on se retire de tout ça. Faites ce que vous
voulez chez vous ! »
Mes amis, c’est pour vous dire qu’aucun mot d’ordre ne vaut par
lui-même. Il ne vaut que par la méthode qui permet de le rendre
intelligible au plus grand nombre !
Parce que nous ne pouvons pas faire la révolution citoyenne, nous ne
pouvons pas culbuter le pouvoir de la finance si le peuple tout entier
ne s’y met pas lui-même à travers des questions qu’il maîtrise, qu’il
comprend. Il faut qu’il voie les enjeux. Ce n’est pas un schéma
théorique abstrait, la révolution citoyenne. C’est une démarche concrète
dans laquelle il est fait appel à l’intelligence de chacun, non pas
pour dire ce qui est bon pour lui, mais pour dire ce qui est bon pour
tous.
C’est pourquoi il faut exiger un grand niveau de conscience
politique qui se forge dans la lutte et dans la compréhension de
problèmes qui se posent réellement au pays. Raison pour laquelle il faut
les présenter sans barguigner et avoir le courage de se soumettre ou de
se démettre devant le suffrage universel. Comme on fait nos camarades
en Amérique du Sud.
Je suis certain que devant une telle question, qui troquerait les
services publics pour aller lécher les pattes de la concurrence libre et
non-faussée !
Tout au contraire, sitôt que nous aurons levé le fanal de combat,
c’est vers nous que se fera le grand mouvement qui rassemblera le peuple
tout entier vers les solutions qui sont celles de la gauche !
Bon.
Maintenant, j’en viens au point final de ce programme et je vous
demande d’y réfléchir mieux qu’en disant « Ah ! Oui. C’est bien. »
La paix !
Beaucoup maintenant se figurent que c’est un état de nature, la paix,
oubliant quelles ont été les fureurs de l’Europe, comment bien des
plaies ne sont pas cicatrisées et comment ce qui nous a été montré dans
l’explosion de l’ex-Yougoslavie, puis dans la création de l’État
croupion du Kosovo est un signal extrêmement dangereux ! En même temps
nous voyons que les Etats-Unis d’Amérique dont la position économique et
politique est si fragilisée, ne justifie sa puissance que par la
présence de 600 000 hommes de troupe sur les cinq continents et de 700
bases dans le monde !
Un tel monde est une poudrière. La paix est une construction
politique. Et nous, pour notre compte, nous devons dire, non pas dans
cette langue embarrassée de ceux qui prétendent débrouiller les talibans
d’aujourd’hui avec ceux d’hier, et je ne sais quelle autre fumée que
nous ne sommes pas d’accord pour conduire les guerres des Américains le
long des pipe-lines et qu’il faut quitter l’Afghanistan et qu’il faut
quitter le commandement intégré de l’Otan !
Parce que nous sommes pour une défense indépendante placée sous le
contrôle de la souveraineté populaire des citoyens, une défense efficace
qui fasse réfléchir tous ceux qui voudraient s’en rendre à la
révolution citoyenne !
Moi, je ne barguigne pas avec ces choses-là !
Jean-Luc Melenchon - Programme électoral 2012... par unMondeCitoyen
* * *
Parlant de sa campagne, Mélenchon, porté par les circonstances a
parlé de « Kairos ». Le Kairos est le temps de l’occasion opportune. En
mathématiques, on pourrait dire : un point d’inflexion. Dans le langage
courant on dirait :" Maintenant est le bon moment pour agir."
Les anciens Chinois disaient que rien ne se faisait sans « le mandat
du Ciel ». Cette « baraka », cette chance qui nous honore rarement et
sur les flots de laquelle il importe, ne laissant pas passer ce moment
si rare, de se jeter et de flotter jusqu’à l’espace de sa réalisation.
Plusieurs évènements uniques sont favorables à M. Mélenchon :
D’une
part la détestation de l’ancien président Sarkozy. On n’en a jamais vu
de telle. Il ouvre un boulevard à ses adversaires malgré toutes les
manœuvres, toutes les ruses, tous les spectacles qu’il nous concocte. Il
est pour toujours, comme Louis-Philippe et sa tête de poire, Naboléon
le sarkome .
D’autre
part l’apocalypse d’une période où les pouvoirs politiques sont
abandonnés à des mafias financières et ce d’une manière de moins en
moins discrète. De moins en moins supportable. De moins en moins
humaine. Les pauvres, tous les jours, sont jetés dans des fosses où l’on
laisse la misère les achever.
D’où
la naissance d’une prise de conscience planétaire. De Fukushima où l’on
a vu les Japonais, si respectueux de l’autorité, se dresser contre une
politique achetée aux intérêts du capital, aux États-Unis, monde que
l’on croyait endormi, en passant par l’Afrique et l’Europe, les peuples
se révoltent. Dans la rue. Combien de morts sont déjà tombés ? Ce mot
« Les indignés » est devenu la bannière de ce combat.
Un
combat relayé par internet. C’est la première fois que le Web,
Facebook, Twitter jouent un tel rôle politique. Or ces moyens qui
permettent de fonder des groupes, de créer entre eux des
interconnections, de transmettre des liens est on ne peut plus favorable
à M. Mélenchon. Si le net et lui seul devait élire un président de la
république, M. Mélenchon serait élu à 65% de votes. Au moins. Ceci
s’explique car les gens qui vont sur le web sont une nouvelle classe qui
est informée et excellemment informée, malgré tout ce que ses
détracteurs veulent dire.
L’existence
d’échéances tragiques pour le pays. La question n’est pas pour qui
allons-nous voter mais, en votant, allons-nous nous abandonner à de purs
esclavagistes qui ne veulent que détruire notre société ? Allons-nous
nous faire entuber par des médias mensongers qui répètent à n’en plus
finir, qu’il faut payer ses dettes, qu’il faut se soumettre, que c’est
normal, alors que nous sommes sous le coup d’une dette odieuse et de
hold-up quotidiens et assassins !
L’existence
d’échéances tragiques pour le monde : une planète qui fond sous les
intérêts particuliers, un nucléaire ingérable, des nanotechnologies
angoissantes, une médecine qui tue, une nourriture qui empoisonne, du
travail qui manque, une société qui après avoir construit des
cathédrales n’a d’autre utilité que de faire les supermarchés pour
consommer des produits fades, dangereux, fabriqués par des esclaves pour
des demi-pauvres. Car ceux qui paient aux caisse aujourd’hui, demain
feront les poubelles des mêmes lieux.
Face
à ce monde détruit les candidats à la fonction de président de la
République Française sont fades : Un Sarkozy vieilli, amoché,
dévitalisé. Un Hollande mollasson, que tous ceux de son camp ont
copieusement critiqué, qui court ridiculement après les électeurs,
changeant d’avis comme de cravate. Un Bayrou égal à lui-même, c’est à
dire égal à un homme inexistant, sans parti, qui réapparaît pour les
élections et souhaite un premier ministre comme Monti. Il s’est tué sur
ce mot là, croyant briller au contraire. Une Eva Joly courageuse mais
pâlichonne. Et des petits candidats… Marine Le Pen est la seule a avoir
une personnalité qui retient. Malheureusement, même si ses opinions
propres sont différentes, elle est l’otage du parti de son père, parti
fasciste, ultra dangereux, qu’une grande partie des Français ne saurait
tolérer.
Le
dernier point et non le moindre qui fait de cet Aikos un instant d’une
rare puissance est la personnalité même de M. Mélenchon.
Ceux qui ne sont pas séduits par les idées ou le personnage , certes, existent. Vive la démocratie.
Mais la clarté de son discours, la force de sa conviction, la machine
de guerre qu’il présente contre un monde qui ne veut que la fin de la
démocratie, ses dons immenses d’orateur, sa simplicité d’homme qui prend
le métro comme beaucoup et ne souhaite le pouvoir que pour le peuple,
tout ceci le porte irrésistiblement.
Jusqu’où ?
Il est aidé par les mille et mille rames de tous ceux qui hésitants
ou toujours indifférents à la chose politique se découvrent une âme de
citoyen et ne sont pas prêts de l’abandonner. Ils sont de tous les
partis. Il est difficile d’entendre M. Mélenchon et de ne pas avoir le
cœur qui bat en se disant :« Enfin ! Ces mots là, je souhaitais
tellement qu’un homme politique les prononce. »
Sa rareté est celle d’un homme courageux, debout, volontaire, face à un monde agonisant.
L’instant est précieux. L’instant est unique.
L’autre jour, allant en voiture chercher des amis à la gare, le temps
étant merveilleux, l’alléluia du requiem de Mozart ajoutant à la beauté
du moment, je suis passée devant un pilier d’autoroute où une affiche
de M. Mélenchon avait été collée.
Je ne peux dire la joie, l’émotion que j’ai ressenties alors.
Quoi, cela existait vraiment, ce moment-là, cet homme-là après cette
année de terribles malheurs, ces pauvres Japonais de Fukushima dont les
enfants vivent avec des dosimètres éternellement autour du cou, ce
silence qui est tombé sur cette catastrophe nous montrant que nous
vivons dans une période plus étouffante que celle de Tchernobyl, après
ces indignés matraqués à tous les coins du monde, cette Eurogenfor qui
est une armée payée par le peuple contre le peuple, après le vol de nos
biens et de nos libertés par la clique des Goldman Sachs, après le règne
putride de Sarkozy, toujours impuni, quelles que soient ses fautes,
après nos médias muselés par le capital, dans cet oeil du cyclone qui
est une campagne électorale, dans ce moment si rare où la parole de
candidats inattendus peut se faire entendre, il y avait tout à coup une
voix et quelle voix, qui parlait de liberté , d’égalité et de fraternité
et c’était, aussi fragile que cet espoir soit, un moment de bonheur
aussi intense que le ciel bleu et l’alléluia qui me portaient alors.
On me taquine en me disant que je suis amoureuse de lui. Je l’avoue.
Comme de la beauté de ce monde. Des belles phrases, des belles pensées,
des belles formes, de la belle musique, des belles âmes, des grands
sentiments. Du grand art.
Car en face de nous, en ce moment, naît un grand homme politique qui
donne à ce mot tout son sens. Car il n’y a pas de politique digne de ce
nom qui n’ait pour message : « Aidez-vous, aimez-vous les uns les autres
et construisez ensemble un monde dont, tous, nous pourrons être
fiers ».
Oui, cela nous le voulons.
Ariane WALTER
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Ariane, merci de ce très bel article.
RépondreSupprimerSi je ne suis pas "amoureux de Méluche" (même pas confiant à 100%, vu ses alliés au sein du FG), je serais volontiers "amoureux" de toi, au sens métaphorique, celui que tu donnes à être amoureux de la beauté du monde...
J'y étais, c'était à l'occasion de la sortie de son bouquin. Grand moment dans cette salle près de la place de la République.
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