jeudi 22 mars 2012

Le 6 mai, le peuple gagnera avec Mélenchon, mais devra aller plus loin encore

place de la Nation, 18 mars
Le 6 mai, Le Peuple va gagner. Celui qui n’existe pas, que la "classe politique" ne connaît pas, celui qui emplit les rues alors que le soleil se frotte encore les yeux, celui qui fait une queue dérisoire au Pôle Emploi, mais aussi parfois au Secours Populaire, ce Peuple qui marche, qui court, qui travaille, qui se tait mais n’en pense pas moins.

Le 6 mai, va gagner ce Peuple que j’ai vu au grand ébahissement de Jean-Luc Mélenchon lui-même emplir la Place de la Bastille, en déborder, l’escalader, l’investir. Ce peuple généreux, calme, gentil, mais en sourdine à la parole qui gronde. Des badauds, ce Peuple ? Les propos qu’il tenait auraient pu convaincre un commentateur lointain, s’il s’en était approché. Mais non, le Peuple ne mord pas, sauf les tyrans quand ils le mettent vraiment en colère.

C’était le Peuple, nous étions le Peuple, et nous le sommes toujours. Ceux qui le méprisent n’ont qu’à bien se tenir : "Çà va tanguer" aux prochaines élections, comme en 2005 où nous vîmes les "journalistes" déçus, frustrés au même titre que leurs maîtres à l’annonce des résultats, pour un référendum tellement technique en apparence.

"Tremblez, ennemis de la France,
Rois ivres de sang et d’orgueil :
Le peuple souverain s’avance,
Tyrans, descendez au cercueil."

Ne l’oublions pas, les ennemis peuvent être intérieurs, et avoir déjà investi en apparence le Pouvoir. Tôt ou tard, le Peuple reprend sa place, et je pense que cette fois, ce jour est venu qui vengera la reculade de 1983.

Pour autant, rien ne sera joué. Je l'ai dit de nombreuses fois, la position de Mélenchon face à l'Europe mérite d'être clarifiée.  Qu'il ne se fasse pas d'illusions : de même que pour sauver le socialisme il a dû quitter le parti qui s'en était éloigné, de même pour sauver l'Europe des humains il lui faudra, c'est un préalable absolu et urgent, quitter l'Europe des financiers. Article 50 du traité de Lisbonne. Et bien entendu, quitter un OTAN qui nous coûte cher en argent et en vies humaines, et qui est non le garant de la paix, mais un fauteur de guerre.

En quelque sorte, il lui faudra appliquer une partie des idées de François Asselineau, tellement interdit de médias, que nombres des élus qui lui avaient promis leur signature s'étaient récusés, le déclarant "inexistant". S'il fut ainsi ostracisé, c'est parce que c'est lui qui gênait le plus le système en place. Mais autant Asselineau avait ces options dans une optique nationaliste, autant il faut penser plus large et plus loin, et rebâtir une autre Europe, celle des citoyens responsables et libres. Celle que détestent des oligarques ayant besoin sinon d'esclaves, du moins de serfs. Cette Europe-là est désormais non pas à reconstruire, mais à construire tout simplement, en face de ces États-Unis dont les dirigeants économiques comptaient bien finir d'asservir notre petite Europe divisée.

Disons-le tout de suite : le jour où en Allemagne réussira à prendre les rênes une formation proche du front de gauche français, nous serons sur la bonne voie. Ce jour n'est peut-être pas si loin, vu la baisse de popularité de la dame de Poméranie.

Continuons. Continuons. Le Peuple va gagner, ici, et bientôt là, et renvoyer enfin dans leurs demeures inquiètes les hommes d'argent qui ont pris la relève des grands seigneurs d'autrefois. La Révolution, la vraie, c'est pour bientôt, à la fois dans les urnes et dans la rue : c'est ainsi que cela fonctionne.

5 commentaires:

  1. J'approuve tout à fait ce billet et son lyrisme.
    Sans vouloir minimiser l'importance politique de "La Bastille de Mélenchon" (cela va lui faire avoir de nombreuses voix d'indécis)je rappelle quelques vérités de manifs parisiennes : il y aurait eu plus d'un million de manifestants à accompagner les morts de Charonne au Père Lachaise (politiquement cela poussa De Gaulle aux accords d' Evian) et peut-être 100.000 (comme pour Mélenchon) à accompagner le cadavre d'Overnay (politiquement =0!,la fin du mouvement de Mai 68).
    Évidemment, pour Mélenchon, comme souvent beaucoup de manifestants (et toi-même) venaient d'ailleurs, et c'est bien, mais cela relativise la spontanéité du peuple local...

    Bref, sauf cas très improbable de Mélenchon au second tour, je m'abstiendrai alors, ou, si la fantaisie m'en prend, j'irai "voter Bab"!!

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  2. Cher camarade,
    Juste un petit truc qui me chagrine. Tu parles d'Asselineau, un nationaliste de droite, parce qu'il veut sortir de l'Europe. Mais tu oublies que le M'PEP, bien ancré à gauche, membre du FdG, propose aussi cette sortie. Et tu oublies que dans chacune des composantes du FdG il y a un courant qui souhaite cette sortie.

    Et que la discussion, fraternelle, se fait entre deux stratégies qui ne sont ennemies. Sortir ou désobéir. Mélenchon prône plutôt de désobéir parce qu'il est un internationaliste et que cela le chagrine de sortir. On verra dans le temps si la désobéissance est insuffisante et si la sortie se révèle obligatoire...

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  3. Un Partageux, je suis d'accord. Je sais que parmi les différentes tendances du FdG certains prônent la sortie, d'autres voudraient faire bouger la chose de l'intérieur. Il semble que Mélenchon soit de ce côté-là, mais je pense qu'il se trompe. D'où ce nom d'Asselineau lancé pour faire réagir. Bien sûr, celui-ci est de droite. Je pense seulement que sa stratégie de départ est la meilleure. Après bien entendu, la divergence est totale.

    Pour moi, la désobéissance n'est pas le bon chemin, nous y perdrons du temps et les louvoiements ne donnent pas une bonne image de marque. Autant annoncer la couleur tout de suite. Cela signifie aussi avoir un calendrier différent, mais c'est pour aboutir au même résultat en quelques années. Sans doute en moins de temps.

    Moi aussi, je suis internationaliste, mais je pense que la stratégie est de poser un point d'ancrage clair d'emblée, auquel se raccrocheront une à une d'autres régions européennes, et qui dès le départ pourra tendre un lien très fort avec l'Amérique du sud.

    Tenter de faire bouger petit à petit toute l'Europe à la fois sera exténuant, et pas forcément couronné de succès. Pour ma part, je ne pense guère à une réussite de cette façon-là.

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  4. J'ai assisté à la manif devant mon ordinateur... J'ai aimé le rappel des "fondamentaux" qui a été le discours de Mélenchon. J'ai aimé la ferveur du peuple très nombreux réuni là-bas... tous ceux qui y étaient sont revenus convaincus...
    Demain, sondage BVA : Mélenchon 14%, dépasse la Pen et se retrouve en troisième position !
    Pourvu que ça dure !!!

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  5. Un tout petit point d'écart dans ce type de sondage, ce n'est pas significatif (les marges d'erreurs reconnues possibles sont souvent de 2 ou 3 points). Et puis, surtout, on sait que ces sondages sont souvent bidonnés, pire encore qu'erronés, pour orienter les nombreux indécis : on ne peut les blâmer lorsqu'ils favorisent Sarko et puis les croire, surtout pour un petit point de rien...

    Mais je pense que Mélenchon va écraser la punaise LP, dans les urnes ! ce sera du concret...

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