Au français attaqué
Ô rage, ô désespoir, ô français démuni !
Que n'ai-je tant vécu que pour cette infamie !
Et n'ai-je tant noirci, via de lourds encriers,
De blanches pages réglées en cursives surannées !
Mon bras se fatiguait à cadence soutenir
Le rythme du lecteur, au point que des soupirs
Fusaient de quelques jeunes écoliers en émoi
Attentifs à saisir de grammaire la loi !
Ô cruels prescripteurs d'une langue altérée !
Soyez maudits d'en faire une vague traînée,
Une vraie courtisane au parfum frelaté
Qui ne voit que l'argent, mais n'a plus de fierté.
D'un Globiche puant désormais se pavanent
Les sombres professeurs au torturé organe
Dont s'agitent, éructant, les puissants maxillaires
Dressés à déchirer viande et vocabulaire !
bab
Bel exercice de style qu'il convient de saluer chapeau bas !
RépondreSupprimerMais il ne faut pas trop s'inquiéter. La mode passe. (C'est même la définition de la mode.) Et ce qui est dans le vent aujourd'hui est suranné demain. En 1963 Étiemble a publié "Parlez-vous franglais ?" Des centaines de mots, locutions et tournures relevées dans son livre ne restent plus que quelques mots (cowboy, week-end et parking pour l'essentiel). Tout le reste a sombré dans l'oubli total et est redevenu absolument... incompréhensible. ;o)