mardi 23 octobre 2012

La classe ouvrière est allée au paradis

 Pour faire dresser l'oreille des cinéphiles, j'ai repris, en le modifiant un peu, un titre célèbre du début des années 70. A l'époque, le titre était parfaitement justifié. Pourquoi alors le renvoyer dans le passé ?

Pour avoir une classe ouvrière, il faut des ouvriers. Or, et à cadences accélérées désormais, si la classe des exploités est toujours là, ces exploités ne sont presque plus des ouvriers. 

Notre ami Dwaabala nous apporte des chiffres pertinents et significatifs, je le cite ici sur des commentaires à un article du Grand Soir.

Pour se faire une idée
Voici, classés par les effectifs, les 10 plus grands employeurs de main-d’oeuvre en France.
Ils ont été trouvés dans le classement par chiffres d’affaires des 35 premières entreprises française.
Groupe Carrefour 471 755 Commerce de détail
Sodexo 379 137 Service
Veolia Environnement 287 043 Services
La Poste 276 555 Distribution de courrier
SNCF 240 978 Transport ferroviaire
Auchan 262 109 Commerce de détail
GDF Suez 236 116 Energie
BNP Paribas 205 300 Banque
PSA Peugeot Citroën 198 220 Automobile
Saint-Gobain 189 193 Materiaux de construction
Il faut noter que parmi les quelques entreprises de la liste qui exploitent la main-d’oeuvre ouvrière, c’est-à-dire qui extorquent de la plus-value, les effectifs incluent un nombre important d’emplois qui n’ont rien à voir avec le travail ouvrier.

Employés du tertiaire, ils ne réagissent pas tout-à-fait de la même façon (je le sais, j’en étais). Chômeurs récents ou de longue durée, ils n’ont plus les moyens, souvent d’être là avec les autres pour les luttes ; d’ailleurs, perversement Pôle Emploi les attache à son boulet, qui leur enlève bien des instants de liberté. A temps partiel, ils ont des horaires surréalistes, parcellaires, qui leur bloquent des journées en attentes entre deux vacations, en déplacements, en temps inutile en somme. Les vrais ouvriers, comme ceux que j’ai vus à l’Ile Seguin autrefois au cours de mes études, combien en reste-t-il aujourd’hui ?

C’est pourquoi le discours, la façon de le faire passer, et sans doute aussi le fond même doivent être modifiés. Désormais c’est un terrain vierge que cette classe des exploités, faute d’avoir pu leur faire toucher du doigt leur condition, et les moyens d’y remédier. Ce n’est plus la classe ouvrière, c’est la classe des exploités. Entre les deux, il y a un monde que le parti de la Haine a résolu d’exploiter à son profit, alors qu’il est l’une des chevilles ouvrières maîtresses de ce $¥$T€M.

Pouvait-on éviter ce piège ? Probablement pas, tant les changements ont été rapides, et leurs résultats, catastrophiques. Courage, camarades. Il est encore temps de reprendre le flambeau, mais cette fois en n’insistant plus sur la valeur Travail, qui n’en est plus une. Désormais, c’est le vivre-ensemble par la solidarité et le contraire du capitalisme, la négation du profit quelqu’en soit le bénéficiaire. N’était-ce pas le message de Karl Marx, au départ ? Ni patrons, ni État. A plus forte raison, ni Capital.

2 commentaires:

  1. Salut Bab,

    Je suis très prudent avec l'emploi de la locution "vrais ouvriers".

    Faut-il travailler dans une très grande entreprise pour être un ouvrier ? Le boulot de métallo d'une toute petite entreprise ne diffère pas tellement de celui d'un carrossier chez PSA...

    Faut-il bosser dans une production spécifique (industrie) ou bien le maçon, l'électricien et le plaquiste sont-ils bien eux aussi des ouvriers ?

    Bonne journée.


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  2. Ami Partageux, il n'y a à mon avis qu'une catégorie de travailleur manuel qui n'est pas vraiment un ouvrier : c'est le compagnon du Tour de France. La taille de la structure n'y fait rien. D'ailleurs, souvent les grosses maisons sous-traitent à ces petites structures, qui ne sont pas les plus favorisées.

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