samedi 28 janvier 2012

Le piège européen




Revenons sur cette Europe qui est dans toutes les bouches, tant sa présence en arrière-plan conditionne porte-monnaies, emplois et vie de tous les jours par ses normes et ses directives de plus en plus envahissantes.

Elle est née en 1950, d'un souci de lier "éternellement" deux voisins et rivaux faits pour s'entendre malgré tout, mais séparés un temps par la nécessité pour une nouvelle nation de s'affirmer face à une plus ancienne, qui l'a conduite à la provocation (la fameuse "dépêche d'Ems"). Ce subterfuge du subtil Bismarck allait conduire à la déclaration de guerre par Napoléon III, donc à cristalliser derrière un seul souverain des peuples disparates ayant eu des histoires très différentes. Quel rapport entre le Mecklembourg et la Rhénanie, entre le Schleswig-Holstein et la Bavière ?

C'est bien Louis-Napoléon Bonaparte, dans sa maladresse, qui a fait l'unité allemande. Avec trois guerres meurtrières, surtout la troisième.

Pour rapprocher les peuples, ou être sensé le faire, en 1950 le plan de Robert Schuman et Jean Monnet a donc conduit à une harmonisation commerciale et industrielle concernant le charbon et l'acier, entre les deux pays. Ouvert, ce plan a abouti au traité de Paris en 1951 (CECA) entre Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg. Ces accords se sont progressivement étendus à d'autres secteurs économiques (droits de douane, simplification des circulation des personnes et des biens, planification agricole et nucléaire) en 1957 et 1958 (CEE, "Euratom"). L'économique prédomine complètement entre ces six pays. Cependant sont déjà en place la Commission européenne, l'Assemblée, futur Parlement, et la cour de justice.

Les choses se gâtent en 1973, alors que c'est Pompidou qui préside la France. Lui, c'est l'ancien fondé de pouvoir de la banque Rotschild, banque d'affaires. Il pense en affairiste. Il est secondé par un jeune ministre des finances appelé Giscard. Ils décident de se refuser de faire appel à la Banque de France pour financer les réalisations de l'État, donc de faire appel au privé, et de payer des intérêts en conséquences. C'est le fameux emprunt Giscard, qui a coûté presque trois fois le montant initial. Excellente mesure.

Mais en même temps, les deux mêmes compères décident d'accepter les conditions léoniennes de la Grande-Bretagne, afin qu'elle accepte d'adhérer à ce qui était encore un ensemble cohérent. Elle veut des contreparties financières, elle les aura. Elle veut entrer non seule, mais avec ses anciennes colonies. A comparer avec nos départements d'outre-mer, soutenus à bout de bras par la métropole. Le jeu est définitivement faussé. Plus d'avancées politiques, dont Londres ne veut à aucun prix. On fera du commerce, du commerce, y compris celui de l'argent. Les membres viennent de passer de 6 à 9, bientôt ils seront 12. L'Acte Unique (1986) abolit complètement les frontières aux marchandises, chose faite au 1er janvier 1993.

Entretemps le traité de Maastricht (1992), grâce à un battage médiatique énorme et à sens unique, est adopté par référendum, de justesse malgré tout. Il consolide tout "l'acquis" (si l'on peut dire, et pose les bases de la monnaie unique (dont bien entendu la Grande-Bretagne ne voudra pas).

S'ajoute en 1997 le traité d'Amsterdam qui ajoute la police, la justice et l'emploi aux compétences communautaires. Le traité de Nice élargira encore les adhésions à 25 : c'est un espace incohérent, ingouvernable entant que tel, mais riche de possibilités pour les flux de marchandises et les délocalisations intra-communautaires. C'est si incohérent qu'un travail de réflexion doit apporter une nouvelle dimension à l'Union. Une Commission est nommée, sous la coupe d'un nommé Giscard d'Estaing, déjà cité ici malheureusement. Il va "utilement" transposer ses idées hexagonales au niveau communautaire, dans ce qui va être le Traité établissant une Constitution pour l'Europe.

Ce traité, épais, reprend tous les accords antérieurs pour les formaliser, tous ces accords dont seul celui de Maastricht a été avalisé par traîtrise par le peuple français. Or celui-ci, pris d'un grand esprit citoyen, prend le texte, le décortique, en discute grâce à Internet, et le rejette en 2005. Il rejette donc toute la construction antérieure, comprise dans ce texte. D'autres comme les Néerlandais, les Irlandais pour d'autres raisons, le rejettent également. A tous les autres, rien ne sera demandé.

C'est pourquoi, illégitiment, le traité est repris, durci, et signé en 2008 par des parlementaires qui outrepassent la volonté du peuple. Depuis cette date, nous vivons dans un régime illégitime, où la démocratie est absente, le droit de manifester de plus en plus contesté et réprimé par le Pouvoir. La volonté du Peuple étant bafouée, désormais plus aucune institution nouvelle n'a de sens, et toute nouvelle loi est nulle et non avenue puisque les parlementaires ne sont de facto plus les représentants du peuple.

Tyrans, descendez au cercueil.

2 commentaires:

  1. Très bon et utile article sur la "machine antidémocratique" de l'U.E. Mais je reviens sur le début, assez erroné, je crois. D'abord, c'est Nap-1° qui, par ses guerres, au nom d'un idéal de la Révolution Française qu'il avait annexé, a favorisé, le premier (depuis Charlemagne...) l'unité de la nation allemande - ainsi que pour l'Italie et même l'Espagne. Et puis, surtout, il y a un évident rapport entre les diverses régions que tu cites, c'est la langue commune (à des variations locales comme partout) et ce "Heimat", concept allemand plus fécond que "ethnie, patrie, nation". D'ailleurs c'est pire en France : quel rapport entre racines des populations d'Alsace, de Bretagne, du Pays Basque...si ce n'est la langue imposée du français... et l'imposition étatique qui s'étend avec les conquêtes du "petit pré carré des rois Francs" ?...
    Cette remarque me rappelle celle apportée sur l'article de Ofouk "Nous sommes tous arabes"...où il confond allègrement géographie de la Péninsule Arabique (jadis verdoyante) et histoire récente du peuple arabe...: Un peu comme si (et certains le font!) on baptisait les hommes qui ont peint les grottes de Lascaut de "français"!...
    En fait, la géographie prime et a le dernier mot, avant les errances si tumultueuses des hommes, qui ont faim. Qui peu à peu se forment en ethnies,groupes
    linguistiques,nations,états... de bric et de broc guerriers. Nos frères linguistiques de Suisse ou de Belgique (et de la vallée d'Aaoste en Italie)sont hors de France, qui a "gobé" par contre pas mal de non-francophones d'origine dans le "pré hexagonal" -dont la Corse-...
    Bref "l'Europe des peuples" d'à venir, doit pour exister d'abord, vaincre l'hydre capitaliste qui domine Bruxelles et nos fichus traités antidémocratiques...

    RépondreSupprimer
  2. Mon cher Rem*, je suis bien d'accord. Pour qui connaît l'histoire des pays et des peuples (pas la même chose), on voit bien combien des despotes ont imposé des aberrations. Pour commencer à bien connaître la Bretagne, je me rends compte à quel point son intégration est un leurre. Il s'agit uniquement d'impératifs (pur les tyrans en question) économiques, les obligeant à collecter un maximum d'argent dans un maximum de territoire. Le reste leur importe peu. C'était vrai au onzième siècle, ce l'est peut-être plus encore encore aujourd'hui avec un prince qui n'est même pas imprégné d'une culture locale. Rien n'a changé.

    La "France", un temps, ce ne fut qu'une micro-région. Qui ne fut pas toujours implantée au même endroit. Un temps, elle était au nord immédiat de Paris. Un temps, c'est la région immédiate de Niort (au temps de la Praguerie) qui fut le seul vestige de la France héritée de Charles le Chauve. C'en est ridicule, indécent même. La seule France qui fait évènement, c'est celle de Valmy.

    En fait, les nations peuvent exister, à la condition impérative que l'argent ne soit pas en jeu. Vive la Commune !

    RépondreSupprimer