Je lisais ce matin une tribune d'Archibald Emorej, "La saison des manifestations commence : prends ta carte, ou pas".
Quelle fougue ! Dommage que cela ne résolve rien. Si drapeau il faut, noir il sera. Pour tuer le $Y$TEM, il faut tuer le profit. Tuer la finance. Mettre hors d’état de nuire ceux qui en vivent. Reprendre de vieilles habitudes, plus rudes, mais plus efficaces. Oublier le magnifique écran plat, porteur d’aliénation. Oublier la voiture pour chacun, retrouver les trajets en commun. Retrouver le produire local, penser global. Retrouver une certaine vie qui avait son charme, celle d’avant le banquier Pompidou. Souvenez-vous : chacun gagnait peu, mais chacun avait un travail, qu’il accomplissait avec le souci de "la belle ouvrage". On ne connaissait pas la pollution, hormis le carbone des fumées d’usines. Celles d’aujourd’hui se voient moins, mais elles tuent.
Mais c’est un éloge de la décroissance ? D’une certaine façon, oui, bien qu’elle vienne naturellement, en une sorte de couronnement naturel d’une évolution, ou plutôt d’une révolution vers un respect retrouvé. Respect de soi, des autres, de l’emploi qui grandit au lieu d’aliéner. Utopique ? Si chacun est conscient de l’enjeu, pas forcément.
Il faut être conscient que les Maîtres du Monde pratiquent, sans le dire, un malthusianisme forcené. La galette ne grandit plus ? Diminuons le nombre de parts. Pour eux, nous ne sommes que quelques milliards de trop. Un détail. Alors, ils prennent les moyens de la réduction des effectifs. Et s’il le faut, ils créeront une "belle petite guerre" un peu plus méchante que celle de 39-45, qui soit au hasard cent fois plus efficace. Les moyens pour y parvenir, ils les ont. Ne reste qu’à trouver le bon moment, le bon prétexte. Pas de souci, si nous les laissons faire c’est pour bientôt.
Nous avons le choix : pratiquer un virage spectaculaire, mais qui sera payant pour la grande majorité, ou laisser faire, et c’est cette grande majorité qui sera éliminée, ou encore plus assujettie. Ah oui, un détail : bien entendu les solutions proposées ici vont bien au-delà des projets du Front de gauche, plombé par un appareil communiste dépassé depuis longtemps.
Le drapeau noir flotte sur la marmite !
Mais ce n'est pas avec des manifestations pépères, encadrées, aseptisées, qu'avanceront les choses. Au contraire, c'est un bon moyen pour démobiliser les frustrés, les brimés, les révoltés, les néantisés du système. Est-ce fortuit ? Certainement pas. Nous l'avons dénoncé plus tôt : les syndicats sont partie prenante dans l'assagissement de nos concitoyens, malgré les malheurs qui les frappent, et la précarité qui les étouffe. Les permanents ont leur place bien assise, et ceux qui marchent droit n'ont rien à craindre de leurs employeurs. Pour ceux qui prennent leur rôle à cœur, c'est autre chose ! On l'a vu pour Gérard Filoche, qui malgré sa victoire au bout de cinq ans de procédures diverses peut craindre encore un Appel défavorable, pour avoir simplement fait son devoir dans le cadre de son travail. On l'a vu pour un médecin des prisons, pour des policiers qui ont dénoncé des abus, pour des scientifiques qui"l'ouvraient".
Renverser la vapeur sera difficile. Pour notre simple survie, ce sera pourtant indispensable. C'est un travail à long terme, dont il faut espérer que nos descendants bénéficieront, comme avant la reprise en main par les banquiers il y a une quarantaine d'années une échappée s'était produite. Pourvu que la suivante (car il faut vraiment en espérer l'existence) soit durable !
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