Lundi 14/06/2011 17h30
L'Histoire
nous l'a démontré tout au long de son déroulement. Ceux qui, par le
hasard de la naissance, ou parce que le destin les a portés en position
de décider pour les autres, ou même parce que des élections dites
"démocratiques" les ont amenés à ce poste, ont souvent brillé par leurs
défauts plus que par leurs qualités, par leurs exactions plus que par
le sérieux de leur engagement envers le peuple.
honnêteté
De
Néron à Philippe le Bel, des Borgia aux souverains espagnols
confrontés au Nouveau Monde, car les exemples pullulent, rares ont été
les souverains dont la probité pouvait être louée. Peut-être
pourrait-on citer Haroun al Raschid, ou le grand Cyrus... Et parmi les
élus, il semble que De Gaulle pouvait se parer de cette qualité.
Pour
l'époque la plus actuelle, il est préférable de se voiler la face,
tant la situation est loin de cet idéal. Serions-nous revenus à cette
époque dépravée que fut la Régence ? Non, probablement celle-ci
est-elle allègrement dépassée dans la course au gain le plus grand dans
les délais les plus brefs. Quant aux noms de ceux parmi les élus ou
les décisionnels pour lesquels des enquêtes ont été lancées à leur
encontre, leur énumération ressemble plus au Bottin qu'à la liste de
la ménagère. C'en est au point qu'un changement s'impose au niveau
mondial, tant ce qui est toujours au moins un délit ressemble presque,
désormais, à la règle.
C'est
d'autant plus grave, que cette malhonnêteté s'étend à la fois sur un
défaut de probité généralisé, et sur une façon cynique de s'asseoir sur
ses propres engagements, en regardant ailleurs. La confiance est
exigée, sans rien en retour qui pourrait la justifier, hormis la force.
humilité
Quand
vous prenez en charge le sort des autres, une grande responsabilité
pèse sur vos épaules, que vous en soyez conscient, ou pas. De vos actes
les plus infimes, en apparence, dépendra le sort de centaines, de
milliers, voire de millions de personnes qui vous auront choisi,
parfois, mais la plupart du temps qui subiront vos décisions. Tenir
compte de ce facteur pour œuvrer au plus juste requiert de l'honneur
bien sûr, mais aussi une grande humilité pour oser écouter les
critiques, et en tenir compte. L'arrogance, à ce stade, est une
catastrophe que tout le monde paye cher.
C'est
pourquoi il faut accepter, parfois de se dire que dans ses décisions
on s'est trompé, et même l'admettre publiquement afin d'opérer un
changement d'orientation, s'il est encore possible. S'il ne l'est pas,
il ne faut pas hésiter à trouver une solution peut-être pas idéale, mais
meilleure que celle de l'intransigeance.
Sans
vouloir être méchant, il n'est pas certain que la grande majorité des
exigences mises en pratique au sommet de l'État depuis pas mal d'années
déjà, assument cette nécessaire humilité.
solitude
Celui
qui accepte cette charge de conduire d'autres personnes, qu'il le
veuille on non, est comme le capitaine d'un navire "le seul maître à
bord". Il peut s'entourer de conseillers, au nombre parfois pléthorique.
Il peut laisser le vote des lois à débattre aux représentants du
peuple, ces lois le plus souvent émanent en premier chef de lui-même, et
en dernier ressort c'est lui qui signe leur promulgation. Avec des
mécanismes un peu différents, aux différents étages de la pyramide des
pouvoirs géographiques c'est à peu près le même processus.
Naturellement,
ceux qui auront mis en place le plus grand nombre de conseillers
auront tendance à se reposer sur eux pour initier la plupart des
projets, ceux qui intéressent moins "le grand Homme". C'est une sorte
de lâcheté. En revanche, les idées parfois fulgurantes et pas forcément
adéquates auront la priorité, et dans ce cas de figure le solitaire se
transformera en dictateur pour une décision. Et vivent les critiques !
En
tout cas, l'honnête, l'humble, celui qui fera ce travail parce que
c'est son devoir, et non parce que cela l'amuse, aura pour lui une
grande solitude au cœur.
charisme
Parfois,
des décisions seront à prendre, dont l'auteur saura qu'elles sont
vraiment nécessaires pour le bien de tous à moyen ou long terme.
Celles-là, il lui faudra les expliquer, et les expliquer encore, en
toute honnêteté, en toute humilité. Mais en même temps, il faudra faire
preuve de charisme pour imposer aux inévitables détracteurs les vues
initiant cette décision, et les modalités de celle-ci.
Particulièrement
dans ces circonstances-là, la ou le dirigeant(e) se sentira bien
seul(e). Même si ses conseillers opinent, et approuvent le raisonnement
menant à cette décision, il sera nécessaire d'obtenir de la part d'une
fraction large des personnes concernées un assentiment, qui pourra
souvent être teinté d'inquiétude et de fatalisme. Éloquence, sûreté dans
le maintien, le regard et la voix seront des moyens nécessaires à
faire partager ses vues au plus grand nombre.
C'est
pourquoi, pour de tels moments, il sera incontournable de "descendre
dans l'arène", de se montrer seul en public, et seul contre tous de
montrer que le gouvernail est tenu fermement et avec discernement.
L'exercice est déconseillé aux hésitants, aux peureux, à ceux qui sont
là pour la prébende, et non pour tout simplement diriger.
vision à long terme
De
telles prises de risque en public sont habituellement réservées à des
projets longs, de ceux que, faute d'en avoir tous les éléments, le
commun des mortels a du mal à appréhender, à admettre, à accepter. C'est
pourquoi une politique hardie doit se préparer, s'analyser, s'intégrer
dans une vision de l'avenir cohérente, et bénéfique pour la majorité.
En
lieu et place de réaction, comme procèdent certains au coup par coup
en pleine incohérence, il faut prévoir des actions qui auront des
effets dans cinq, dix, vingt ans, voire plus. Il faut inscrire dans la
durée, concernant certains actes, une vraie politique du futur.
Exercice difficile, demandant beaucoup d'implication, de travail, mais
exercice indispensable à la gouverne d'un État, s'inscrivant dans la
durée. Heureusement, dans la genèse de tels projets, des conseillers
bien choisis, mais pas trop nombreux sauront donner du corps à ce qui
peut n'être au départ qu'une idée minuscule.
souci du détail
Pour
éviter le désagrément de décider l'épée dans les reins, même les
grands projets devront entrer dans les détails le plus possible, dès le
départ. Ils n'en seront que plus cohérents dans leur application, que
plus faciles à expliquer, que plus passionnants à ciseler.
Et
puis, entrer dans le détail permet aussi de rester au niveau du simple
citoyen, de prendre en compte l'impact que ce projet a pour lui
personnellement. Cela aide le décideur à garder les pieds sur terre, à
rester humble jusqu'au bout, à garder honneur et probité face à la
condition de personnes plus vulnérables. Sans s'y noyer au point de
perdre le fil directeur, les détails s'imposent.
grandeur et misère
Le
vrai politique, celui qui est là parce que d'autres l'ont choisi, ne
peut pas être heureux. Il sait que tôt ou tard il fera des erreurs.
Selon sa place dans la société ces erreurs auront plus ou moins
d'impact, sur plus ou moins de personnes. Il devra l'accepter, même si
cela lui fait mal, surtout si cela lui fait mal. Ce sera pour lui une
grande misère, parce que malgré tout il lui faudra continuer, parce que
parfois d'autres erreurs inévitables interviendront : il lui faudra à
la fois en réduire l'impact par d'autres décisions, et en même temps
préparer d'autres décisions avec sérénité et sans faiblir.
Cette
misère est en même temps ce qui fait la grandeur du décisionnaire, qui
doit constamment maîtriser ses peurs, ses doutes, ses penchants
incompatibles avec sa fonction ou sa dignité, pour offrir toujours le
meilleur à ceux qui ont confiance en lui, et plus encore à ceux qui
n'ont pas confiance. La grandeur est dans l'adversité, la bourrasque et
le gros temps.
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