Pour
cet apparent dilemme entre religion écrasante de hiérarchie et de
dogmes, et religion libératrice à la Don Helder Camara, je me
demande s'il ne faut pas revenir, comme je le fais souvent, à la
célèbre phrase de Laplace en réponse à Napoléon : " Je n'ai
pas besoin de Dieu dans mon hypothèse ".
S'encombrer
de religion risque fort, comme un opium, d'enfumer la pensée, et
de lui cacher au moins en partie les vrais défis qui se présentent
au citoyen. La lutte des classes est là, ardente, d'autant plus
ardente que sa composante la plus nombreuse en devient indifférente,
alors que l'autre n'a pas souvent été aussi agressive. Il s'agit
bien là, tout de même, d'une remise en question sous tous rapports
de cent cinquante ans de luttes souvent sanglantes, et parfois
victorieuses pour les dominés.
N'est-il
pas significatif, que le 1er mai commémore une avancée dans le pays
aujourd'hui le plus apparemment en pointe dans la mainmise
capitalistique ? La religion n'y est guère mise en avant, à cette
occasion, au contraire sans doute. Nous n'avons guère de nouvelles
de nos camarades étatsuniens - qui existent cependant, mais qui sont
gommés en tant que force de combat.
Je
pense, déjà, qu'il faut très nettement différencier la religion
hiérarchique, celle qui est mise en avant dans les merdias, dans ses
rapports incestueux avec les "élites" politiques ; et la
religion (je dirai plutôt croyance) des personnes, qui a retenu
essentiellement des règles universelles de vie, de partage, par-delà
toutes les propagandes tendant à diviser les humbles. Ces règles
universelles ont été clairement édictées par Zoroastre, un homme
intelligent qui probablement en tenait au moins une partie d'autres
personnages dont l'Histoire n'a pas retenu les noms. Le bon sens vrai
n'a pas besoin de noms. Il n'a pas besoin non plus de "religion".
C'est probablement ce qu'ont appliqué des personnes comme François
d'Assise, Louis IX dit "saint Louis", Haroun al Raschid,
et beaucoup d'autres trop humbles pour laisser un nom sur un
grimoire.
Depuis
longtemps je considère que le grand piège est de mettre en avant la
liberté. Ce n'est pas anodin, si les capitaine d'industrie, les
théoriciens "en vue" se disent "libéraux". La
liberté sans frein (car il s'agit bien de celle-ci) provoque avec
allégresse les pires catastrophes, si l'individu (je ne dirai pas la
personne) n'a en interne aucun frein qui lui signifie qu'au-delà de
certaines décisions il empiète sur les libertés de milliers, de
millions d'autres individus. Les premiers chrétiens se disaient
égalitaires, alors qu'ils avaient un chef, le nommé Saül de Tarse.
L'épisode Ananie et Saphire, dans les Actes, indique bien la
violence de celui-ci, comparable à celle d'un certain Manuel
aujourd'hui.
Oui,
l'égalité comme base fondamentale est la clef de tout le reste.
Elle implique que personne ne peut prendre une décision seul. Sauf
bien entendu si elle le concerne en propre, et sans interférence
avec quiconque. Cela va loin, puisque la décision de mettre fin à
ses jours peut paraître outrepasser cette égalité de décision,
sauf si on considère que bloquer des personnes pour entretenir un
partant pour le néant est inadmissible. Le cas Vincent Lambert est
assez significatif : pour des prétextes "moraux" des
personnes aux motivations étranges empêchent une fin normale et
heureuse. Je parle des parents happés par une secte, je parle aussi
de personnages plus considérés comme "représentatifs",
qui pour des raisons dites "morales" obligent la loi à
ne tolérer qu'un débranchement de certains apports vitaux, sans
accepter de savoir si ce n'est pas une torture pour le malade (je
refuse de l'appeler "patient", c'est ignoble).
Oui,
l'égalité est le moteur primordial. D'elle naît la fraternité,
entre personnes qui se savent TOUTES égales, et en même temps
TOUTES différentes, ce qui élimi ne tout "racisme"
évidemment. Entre égaux il ne saurait y avoir la moindre
hiérarchie, de quelque sorte que ce soit. Même si des tâches sont
décidées en commun, l'un des décideurs sera choisi comme
coordinateur pour éviter les difficultés de cafouillages divers :
mais il ne sera que cela, pour un cas précis, en égalité avec tous
les autres. La fois suivante, ce sera un autre.
On
paraît loin du su jet "religion" ? Pas du tout, il s'agit
bien des rapports entre personnes (qui sont plus que des individus,
parce que toutes pensent et réfléchissent). Les Dieux ayant été
créés par des humains, c'est aux humains de tout gérer. Y compris
l'absence des Dieux.
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