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mercredi 19 février - par
Contre la dictature de la finance : la bombe atomique suisse !
Avant-hier, en parcourant ce « cerveau collectif » qu’est
Facebook, je suis tombé sur la publication d’un de mes amis et par la
même occasion, je suis tombé des nues. Les médias « main stream », si
prompts à sortir l’artillerie lourde contre les votations des Suisses
sur les minarets ou l’immigration massive, se sont bien gardés de nous
informer de cette initiative en cours, qui a recueilli à ce jour près de
50 000 signatures mais il lui en faudra le double pour déboucher sur un
référendum. C’est de la bombe. J’en ai rêvé, et les Suisses sont
peut-être en train de le faire. Il faut absolument qu’ils aboutissent.
Non seulement pour eux mais pour nous tous. C’est pourquoi nous devons
les soutenir. J’invite tous ceux d’entre nous qui ont des amis et
connaissances au pays des Helvètes de les contacter et de faire la
promotion de cette initiative citoyenne. Si l’insurrection des fils (et
des filles) de Guillaume Tell contre les Banksters (et les banques
suisses sont puissantes !) est couronnée de succès, alors tout espoir
sera permis pour nous-mêmes et les générations futures.
- Coffres suisses (CC BY-NC-SA 2.0)
- photo par ork_dot_ch http://www.flickr.com/photos/ork_do...
Voici donc de quoi il s’agit :
J’ai traduit l’essentiel de l’article ci-après :
« L’initiative citoyenne la plus importante des 20 dernières années
devrait être lancée le 1er mai : la transformation du franc suisse
d’argent-dette en « plein argent » [100 % money comme disent les
économistes anglo-saxons]. C’est ce qu’ont décidé hier [le 8 janvier
2014 puisque l’article est daté du 9] à Zurich les responsables de
l’association pour la modernisation de la monnaie. L’initiative « Plein
argent – pour un argent à l’abri de la crise dans l’intérêt de tous : la
création monétaire à la seule banque centrale » veut mettre fin à la
création de la monnaie par les banques privées.
90 % de l’argent – la plupart des gens n’ont pas conscience de cette
monstruosité – est créé littéralement à partir de rien par les banques.
Le monopole de la banque centrale ne s’étend qu’à la monnaie fiduciaire
[pièces et billets]. L’argent scripturaire, utilisé pour la plupart des
paiements, est créé par les banques elles-mêmes chaque fois qu’elles
octroient un crédit. Elles ne prêtent pas l’argent des épargnants –
ceux-ci le conservent et peuvent s’en servir pour leurs paiements – ,
mais créent de l’argent qui n’existait pas par un simple jeu
d’écritures. (…) La loi ne les oblige qu’à avoir 2,5 % du montant des
prêts en dépôt. [c’est ce qu’on appelle le système des « réserves
fractionnaires »]
Le revers de la médaille n’est pas seulement l’insécurité de nos dépôts bancaires, mais une montagne de dettes qui grossit sans cesse, qui est de plus en plus difficile à rembourser et dont souffrent principalement les salariés. Car la plus grande partie de la richesse nouvellement créée n’irrigue pas l’économie réelle, où la majorité gagne son pain quotidien, mais la finance qui permet de réaliser des gains rapides. (…)
Le revers de la médaille n’est pas seulement l’insécurité de nos dépôts bancaires, mais une montagne de dettes qui grossit sans cesse, qui est de plus en plus difficile à rembourser et dont souffrent principalement les salariés. Car la plus grande partie de la richesse nouvellement créée n’irrigue pas l’économie réelle, où la majorité gagne son pain quotidien, mais la finance qui permet de réaliser des gains rapides. (…)
Le privilège de la création monétaire draine des sommes
considérables dans des poches privées alors qu’elles devraient revenir à
la collectivité. L’article 99 de la Constitution (…) n’inclut pas la
monnaie scripturaire (…). C’est cette lacune que les initiateurs veulent
corriger. Le 100 % monnaie est ainsi appelé car toute la monnaie, même
la monnaie scripturaire, est garantie par la banque centrale, et pas
seulement 2.5 %. C’est pourquoi cet argent est à l’abri des faillites
bancaires. L’idée selon laquelle un tel scénario ne pourrait se produire
que dans les pays du Sud de l’Europe, fortement endettés, mais pas dans
l’opulente Suisse est malheureusement une illusion. (…)
Bien qu’il paraisse révolutionnaire, ce concept n’est pas nouveau.
Dans les années 1930, une large majorité de professeur d’économie
américains se sont prononcés pour le « 100 % money » pour sortir de la
crise. Dans une étude du FMI de 2012, le contrôle étatique de la
création monétaire a été préconisé. (…)
Pourtant, les obstacles à cette initiative sont considérables : la
compréhension générale de la vraie nature de l’argent bancaire est
faible, même parmi les banquiers et politiciens qui devraient bien
connaître le sujet. Les médias y portent peu d’intérêt, en particulier
ceux qui vivent de la publicité pour les banques. Et les banquiers n’ont
absolument pas intérêt à se soumettre à un débat public sur leurs
privilèges insoupçonnés (…). Les initiateurs et leurs conseillers
économiques (dont quelques professeurs émérites) sont ainsi dépendants
du soutien des rares personnes qui sont conscientes des énormes enjeux
de la création monétaire. Jusque là, 40 000 signatures [47 500 à ce
jour] et 30 000 francs de dons ont été recueillis, ce qui est encore
insuffisant. (…) »
Pour plus de renseignements et un suivi de cette initiative : http://www.vollgeld-initiative.ch/?&L=1
En quoi est-ce révolutionnaire ? Comme l’expliquent André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder dans La dette publique, une affaire rentable,
(1) le système bancaire vampirise littéralement l’économie réelle en
ponctionnant des sommes considérables et parfaitement indues, par
l’entremise de la dette publique. Un Etat n’a pas besoin d’emprunter aux
banques privées, il peut se prêter à lui-même, sa banque centrale peut
créer la monnaie dont il a besoin pour financer les services publics,
puis la détruire en se remboursant (l’opération n’est donc pas
inflationniste). Le tout sans intérêts.
Or, voici que notre souveraineté monétaire a été transférée à
l’Europe donc la banque centrale s’interdit de financer directement les
Etats (art. 104 du traité de Maastricht, confirmé par l’art. 123 du
traité de Lisbonne), les obligeant à emprunter à des banques privées
moyennant des intérêts dont le taux varie en fonction de la confiance
des investisseurs dans la capacité de remboursement du pays : la crise
grecque n’a pas d’autre origine. Quant à nous, qui bénéficions d’un taux
faible, notre stock de dette avoisinant les 2000 milliards d’euros nous
coûte quand-même près de 50 milliards d’intérêts par an ! Oui, vous
avez bien lu : cela fait une saignée de 130 millions PAR JOUR, et sans
que le premier centime du principal ne soit remboursé ! La dette
publique n’est d’ailleurs pas faite pour être remboursée, mais pour
assurer une rente ad vitam æternam aux titulaires des emprunts d’États,
qui ne peut être extorquée qu’en sacrifiant les besoins légitimes de la
population en matière de santé, d’éducation, d’infrastructures, etc. En
ce sens, il est (à moitié) faux d’affirmer que la dette pèsera sur les
générations futures : elle pèsera sur les enfants des pauvres (ceux dont
les services publics sont le seul patrimoine) mais profitera aux
enfants des riches qui pourront continuer à ponctionner une part
considérable de la richesse nationale. C’est pourquoi les milieux
populaires et les classes moyennes ont un INTERÊT VITAL à ce que la
monnaie soit déprivatisée !
Si cette initiative suisse réussit, elle ne manquera pas de donner
des idées à toute l’Europe, et l’outil qui aura permis d’arracher la
création monétaire aux banques, le référendum d’initiative citoyenne,
deviendra une revendication incontournable (2). Autrement dit : c’est
l’avenir de la démocratie sur tout le continent qui est en jeu !
(1) Voir ce blog : http://postjorion.wordpress.com/2013/03/03/270-holbecq-que-serait-la-dette-publique-devenue/
(2) Pour rappel, l'association Article 3 (www.article3.fr) a le référendum d'initiative citoyenne pour seule revendication.
Salut Jean-Claude. La forme ? Je relaie dare-dare dans la boîte à cailloux.
RépondreSupprimerSalut Rodo ! En avant la musique ! Et merci pour le relais !
SupprimerDéclarer que l’État peut créer de la monnaie sans provoquer d'inflation est juste une énorme contradiction : la masse monétaire entre la création et la destruction a bien été augmentée et donc provoque de l'inflation.
RépondreSupprimerDonner le pouvoir monétaire sans restriction aux hommes politiques français (dont tout le monde peut constater la grande modération en termes de dépenses publiques) présagerait un glorieux avenir à base de brouettes de billets pour aller acheter une baguette.
Si la création de richesse correspond à une création de vrais biens matériels, la chose est parfaitement légitime. Ce que font les banques ne l'est absolument pas (prêter ce qu'on n'a pas)
SupprimerEt vous considérez que les dépenses publiques servent pour leur majorité à la création de vrais biens matériels ?
SupprimerVous reprochez aux banques de prêter ce qu'elles n'ont pas mais vous voulez que l’État fasse la même chose. En quoi serait-ce supposé être mieux ?
Je considère que si l'Etat construit des écoles et des routes, il s'agit bien de création de biens. Pas, bien entendu, s'il reçoit des dignitaires ou rémunère une vingtaine de chauffeurs. Là, à lui d'avoir l'argent récolté sous forme d'impôts. Cela me paraît évident.
SupprimerC'est pour ça que je posais ma question au présent : pensez vous vraiment qu'à l'heure actuelle l'Etat consacre la quantité astronomique d'argent emprunté sur les marchés à construire des écoles ou routes ?
SupprimerJe veux bien changer mon point de vue sur le fait de donner le pouvoir monétaire aux hommes politiques s'il est prouvé que c'est le cas mais j'ai comme un doute ...
L'État néolibéral actuel ? Poser la question, c'est déjà y répondre.
SupprimerLe pouvoir monétaire, c'est à la BdF de le posséder, dans un système où le profit est au moins réglementé, sinon banni. Oui, banni. Pour cela, il sera nécessaire de virer tous ces malpropres d'abord. Et de changer toutes les règles.
Qualifier un Etat qui ne cesse d'augmenter les réglementations hostiles aux libertés aussi bien économiques que civiles de -libéral (que ça soit néo, ultra, giga ou tout autre suffixe qui vous plaise) dénote un léger problème de sémantique.
SupprimerIl s'agit des libertés financières : là c'est le laxisme le plus total. Les banquier se contrefichent des autres.
SupprimerL'interdiction à la BdF de financer le gouvernement (fameuse loi de 73 tant décriée) était supposé responsabiliser les dirigeants (puisque chaque emprunt crée réellement de la dette contrairement à un simple artifice de calcul ) mais on peut voir que même ça n'a pas limité les dépenses.
SupprimerDonner actuellement le pouvoir monétaire à la BdF (qui obéit au gouvernement) supprimerait toute barrière et reviendrait à donner les clefs d'un stock de carburant à une bande de pyromanes.
Au cas où ça ne serait pas clair, je ne vise pas particulièrement le gouvernement actuel. Tous les précédents ont fait pareil à des degrés divers,
Non, ce n'est pas clair, puisque je parle bien de modifier toutes les règles (ce qui suppose de se déconnecter de la finance internationale).
SupprimerVous pouvez vous déconnecter de la finance en permettant à la BdF de créer de la monnaie mais ça ne changera pas l'inflation provoquée par un apport massif d'argent dans l'économie (et quand on voit ce que les hommes politiques pratiquent déjà alors que la dette publique devrait les freiner, on peut être certain que ça se produira).
SupprimerComment brouiller ainsi les cartes ? Aujourd'hui la dette publique a précisément été créée par la loi de 1973. Et les politiciens s'en fichent complètement. D'ailleurs, un peu d'inflation n'a jamais tué personne. Et si le "rentier" disparaît du fait de la fin de l'intérêt, qui le plaindra ?
SupprimerBien entendu, si le décideur politique est assuré que ses faits et gestes seront surveillés, et qu'il sera démis s'il s'écarte, nul doute que la profession sera nettement assainie. D'ailleurs, il est souhaitable que tous les grands projets gouvernementaux soient soumis au vote direct des citoyens. C'est lourd, mais sûr.
Le "rentier" dont vous parlez qui souffrirait n'est pas seulement le financier, cela concerne énormément de personnes en France (via les assurances vie et autres placements "sûrs" qui ont l'obligation légale de comporter de la dette française).
RépondreSupprimerJe suis tout à fait d'accord pour une responsabilisation de la politique, mais qui la mettrait en place ?
Ça ne fait partie d'aucun programme politique actuel.
La bonne solution (puisque j'ai proposé de mettre hors jeu le PROFIT) est de supprimer la monnaie thésaurisable, voire la monnaie tout court. Un très bon moyen, sur lequel je planche depuis plusieurs années à mes moments perdus, est de mettre hors la loi la propriété individuelle, cette sale chose que même les révolutionnaires n'ont pas osé toucher. Sans doute parce que, parmi eux, il y avait trop de bourgeois et de nantis.
SupprimerAh bon,les bolchéviques (entre autres, on pourrait notamment citer la riante république démocratique de Kampuchéa ou cette sympathique dynastie en Corée du Nord) n'ont pas osé toucher à la propriété individuelle ?
RépondreSupprimerNous sommes en France....
SupprimerJ'ajouterai : que vaut-il mieux, être un humain libre dans un monde où personne n'est au-dessus de personne, où les décisions se prennent ensemble (ce qui est arrivé au temps de Makhno en Ukraine), ou comme dans le système capitaliste où si vous avez l'impression de posséder des choses, ce sont les grands financiers, les patrons de boîtes où vous travaillez qui vous possèdent et sont maîtres même de vos corps ?
SupprimerJe déteste les bolcheviks. Chez eux, c'est le Parti qui est votre maître.
Ce dont vous parlez n'a jamais fonctionné sur la durée, que ce soit de manière coercitive (les exemples que j'ai déjà cité) ou non-coercitive (je pense notamment aux kibboutz). Les êtres humains sont tous différents et vous n'arriverez jamais à gommer artificiellement ces différences (le fait même de parler de Makhno montre bien que la Makhnovchtchina elle-même n'était pas dépourvue de hiérarchie)
SupprimerVous accordez trop de pouvoir aux grands groupes. Personne ne force dans le système capitaliste à travailler pour eux et si personne n'achète leurs produits ils s'effondrent (à moins bien sûr d'être soutenu par le pouvoir politique mais on sort du strict cadre du système capitaliste). Quant à être maître de votre corps, si c'était le cas vous ne seriez pas sur Internet à dire tout le mal que vous pensez d'eux.
Les grands groupes... combien savent à quel point leurs produits sont présents partout ? Certes, en cherchant bien, il est possible de trouver l'équivalent ailleurs, en général.
SupprimerMaître de son corps. Le salarié ne l'est pas. Le patient ne l'est guère, à moins de refuser tous soins et de revenir chez lui ( ce qui n'est pas toujours possible) . Le vieillard ne l'est guère non plus, combien de fois ne peut-on pas choisir sa mort ! Le client d'une banque ne l'est pas, soumis qu'il est le plus souvent à des engagements de crédit dont il ne voit pas la fin.
Quant aux interventions sur Internet, il ne faut pas penser que c'est sans risques. Après, précisément, là on peut choisir ses risques. Pour certains, il est arrivé que cela leur coûte bien cher.
Au fait, et vous, que préconiseriez-vous ? Se contenter de critiquer, c'est facile.
Ce que je préconise ? Le libéralisme réel, celui qui implique des responsabilités.
SupprimerVous vous indignez à juste titre contre des banques qui "ont fait n'importe quoi avec l'économie" mais combien d'entre elles auraient coulé lors de la crise des subprimes si les états n'étaient venus les sauver ? Combien de grands groupes ne peuvent continuer des pratiques douteuses que grâce à des appuis politiques (Dassault en est un exemple frappant en France mais est loin d'être le seul et notre pays -bien que recordman du genre- n'en a pas l'exclusivité).
Je suis contre le libéralisme, totalement. J'ai regretté que l'État soit venu soutenir des banques qui avaient fauté. Elles auraient dû s'écrouler, c'était logique dans un contexte libéral. Nous sommes dans un régime "de copains et de coquins" atrocement bâtard.
SupprimerJe comprends que vous puissiez aspirer à un libéralisme vraiment assumé. Dans ce cas, afin que les chances soient les mêmes pour tous, il serait logique que chaque entreprise ne puisse s'appuyer sur des arbitrages entre filiales ayant pour but de tricher avec le fisc et les législations. On rejoint l'égalité des droits et des devoirs (les personnes sont en revanche toutes différentes bien entendu, mais pas meilleures ou plus faibles).
Pas meilleures ou plus faibles dans l'absolu bien sûr mais quand il s'agit de prendre des décisions, certaines qualités (notamment le fait d'être plus intelligent ou plutôt de le paraître) vont naturellement créer des leaders d'opinion
SupprimerEffectivement, c'est un facteur duquel il faudrait se garder. Tout le monde n'est pas immunisé contre les beaux parleurs (qui sont souvent les plus vides).
SupprimerQue des adultes bien informés veuillent former un groupe sans hiérarchie et sans possessions, pourquoi pas tant que c'est le choix de chacun des participants mais vous n'arriverez jamais à organiser une société à plus grande échelle selon ces préceptes
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