lundi 11 novembre 2013

Errements d’un Empire (Rebelión )

Réveillons-nous ! Un magnifique pamphlet atterrit ce matin sur le Grand Soir : dégustons-le ensemble. Que chacun se rende compte combien, de toutes parts il est assiégé par l'Empire de la Stupidité érigée au rang de valeur ultime, au pont de transformer la Culture et son nécessaire partage par tous, en une simple denrée assimilable au sucre, au pétrole ou au riz, spéculation comprise.


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Errements d’un Empire (Rebelión )

1 - L’Empire Colossal qui ne trouve plus de volontaires pour aller faire ses guerres avec des techniciens importés d’un peu partout construit des drones sans pilote qui tuent les enfants des pays envahis jusqu’au jour où la clique de spéculateurs qui dirige l’Empire Colossal fait en sorte que les techniciens fabriquent les drones sans pilote qui travaillent à la place des ouvriers jusqu’à ce que les travailleurs mis au chômage protestent et découvrent que les techniciens, les politiciens et les spéculateurs sont des drones sans pilote qui détruisent l’Empire Colossal.

2 - L’Empire qui dépense le plus au Monde en espionnage crée de nouvelles agences de sécurité qui espionnent les agences de sécurité qui espionnent les agences de sécurité antérieures jusqu’à ce que tous les espions sont espionnés par d’innombrables espions qui à leur tour sont surveillés par des mouchards jusqu’à ce que tous les citoyens sont des espions uniquement et exclusivement occupés à se dénoncer les uns les autres et arrive le jour où l’un d’eux dénonce tous les autres mouchards de l’Empire qui dépense le plus au Monde en Espionnage.

3 - L’Empire qui consomme le plus au Monde force sous la menace de ses canons les autres nations de la planète à accepter en paiement de tous les biens qu’il leur prend un papier vert qui n’a aucune contrepartie réelle et qui désormais vaut moins que rien alors qu’il ne valait déjà rien et avec lequel il acquiert tout ce qui a de la valeur dans le monde, le pétrole, les matières premières, les ressources, le travail bon marché, les brevets cédés à bas prix, les consciences, les œuvres de l’esprit, jusqu’à ce qu’il prend tellement l’habitude d’importer sans produire qu’il cumule une dette, évaluée en papier vert qui ne vaut rien, de cent pour cent de son Produit Intérieur Brut qui a cessé d’exister à force d’acheter en échange de papier qui ne vaut rien des marchandises qui réduisent son économie à rien.

4 - L’Empire sans Culture en menant des guerres de pillage et de rapine essaie de détruire les cultures des autres nations du monde en écrasant au rouleau compresseur de ses bombardements musées, bibliothèques, en organisant le trafic illégal de pièces du patrimoine historique, le vol de joyaux archéologiques, le pillage de chefs-d’œuvre, la spoliation des créations des populations excentrées qu’il repousse et exclut, la corruption systématique d’intellectuels et de créateurs et l’imposition idolâtre du modèle fondé sur la rentabilité jusqu’à ce qu’à force de tellement accumuler des créations étrangères il devient un amas de dépouilles, une accumulation du vide, un Empire sans Culture.

5 - L’Empire qui consomme le plus de drogues au Monde détruit des pays au nom de la guerre contre la drogue au moyen d’organismes voués au trafic de drogue qui permettent la survie du système bancaire en blanchissant des capitaux qui se réinvestissent dans le trafic le plus rentable au monde qui crée un invisible Empire du Crime qui grossit jusqu’à ce qu’il détruit tout le reste y compris l’Empire qui consomme le plus de Drogues au Monde.

6 - L’Empire qui exploite le plus d’Immigrants au Monde laisse passer de plus en plus de travailleurs migrants qui n’ont pas de droits, qui peuvent être expulsés quand ils protestent et qui travaillent pour rien jusqu’à ce que des immigrants sans droits occupent tous les postes de travail dans les usines de l’intérieur et de l’extérieur et qu’il ne reste plus un poste de travail disponible sur la surface de la Terre pour les citoyens de l’Empire qui exploite le plus d’Immigrants au Monde.

7 - L’Empire qui domine la Communication du Monde crée un Monde qui n’existe que dans la Communication au moyen de guerres humanitaires qui anéantissent des pays pour les protéger, au moyen de génocides philanthropiques qui exterminent des peuples pour leur venir en aide, d’holocaustes bienveillants commis pour le bonheur des victimes, de capitalistes exploiteurs qui œuvrent dans l’intérêt des exploités et de corrupteurs d’enfants mineurs agissant pour la défense de l’enfance et puis un jour il finit par vivre dans ce Monde qui n’existe que dans la Communication et où jamais ne lui parvient la nouvelle qu’il a cessé d’exister dans le Monde qui existe ailleurs que dans la Communication.

8 - Depuis qu’il ne produit plus rien l’Empire qui maîtrisait la Dette Extérieure ne peut plus payer ses fonctionnaires et se déclare en faillite ce qui entraîne la mise en vente aux enchères de ses actifs, mais personne ne vient offrir un sou pour la corde qui a lynché des noirs, un cent pour les cendres des fillettes carbonisées au napalm dans les villages au Viet Nam, un fifrelin pour la misérable industrie culturelle qui a rabaissé tous les arts à n’être que des dividendes, un kopeck pour l’Intelligence qui a construit la dictature de la Stupidité, une tune pour le Complexe Miltaro-Industriel qui a obtenu ce seul résultat : que tout soit converti en rien .

Luis Britto García
Traduction M. Colinas
* http://www.rebelion.org/noticia.php++cs_INTERRO++id=176371
 
URL de cet article 23223

10 commentaires:

  1. Magnifique pamphlet !
    L'essentiel y est dit, de la spirale insensée qui menace la survie de la nature humaine...
    Cependant que toute la nature de la Terre, détraquée par l'Empire Capitaliste (pléonasme) révèle sa force inouïe. Notamment par les mouvements de la croûte terrestre (cf.tsunami à Fukushima) et des vents de la biosphère (cf.le typhon aux Philippines)...
    Y aura-t-il un jour où les survivants humains (?) de ce suicide programmé accepterons enfin de n'être qu'une infime composante de la nature sur Terre, au lieu de s'en prétendre les "Maîtres" ?...

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    1. Des survivants ? Si nous ne changeons pas radicalement les fondement même de nos vies, dans l'espace d'une ou deux générations au maximum, il n'y aura pas de survivants, je le crains. Plus qu'une planète morte fonçant aveuglément, et éclairée désormais inutilement par un soleil pendant quelques milliards d'années encore. Quel gaspillage !

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  2. Ce texte met bien en évidence toute la parano occidento-américaine !
    Occidento , parce qu ' il ne s ' agit pas que d ' Etasunienne -
    ( étasunienne , doit-on effectivement dire puisque les amériques centrale et du sud ne doivent pas y être assimilées ) -
    Occident , doit-on effectivement dire , parce qu ' il s ' agit bien du monde occidental , que ce soit d ' Europe ou d ' Amérique du Nord / le Canada fait bien partie de ce m^me monde absurde / que les populations indiennes d ' Amérique du Nord nous pardonnent / mais auraient-elles une seule raison de nous pardonner ? / -
    On pourrait encore digresser sur l ' adoption de ce mode paranoïaque par les pays du sud et d ' Asie , mais tenons nous en pour l ' instant à cette mise en évidence à laquelle procède ce texte , celle de cet ensemble paranoïaque de surveillances , d ' exploitations , ... , etc - complétons nous-m^mes cette liste exhaustive -
    Tes lignes de préambules , babel , renvoient au 4- , évoquent clairement la question de la culture :
    questionnons + profondément ce qu ' est la culture de ce monde occidental-là , l ' on verra aussitôt que même ce qu ' elle dénomme vaniteusement " culture " , qu ' il s ' agisse de musique , de lettres , de beaux-arts , de sport , de cuisine , de loisirs , ... , n ' est qu ' une culture de compétitions , de marchés , de paranoïas -
    Quel paysage culturel les villes occidentales offrent-t-elles si ce n ' est celui d ' univers essentiellement marchands ?
    Nous devons aussi impérativement nous interroger sur la culture que nous désirons - Le savons-nous ??
    Nos partis " de vraie gauche " en parlent-ils ?
    Si nous ne savons pas celà , pouvons-nous savoir quelle politique nous voulons ??

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    1. Ami Monde Indien, nous nous rejoignons complètement. Ce que nous appelons culture est bien essentiellement le fond même de notre vie basée sur la compétition et le profit, ou pas. Le vieux fond puritain du Mayflower est vraiment le ferment de cette anticulture qui ne conçoit la réussite d'une vie qu'à l'aune de ce qui est possédé, jamais de ce que l'on devient, le vieil antagonisme entre l'être et l'avoir. Ce fond étend son influence partout, de la politique intérieure et extérieure, à un commerce où la capacité de tromper surpasse largement le besoin de satisfaire. Le tout badigeonné largement d'une religiosité où l'apparence prime la spontanéité.

      Le poison de ces conceptions se répand sur la planète partout, surtout dans cette Europe d'où il était parti à peine en germe. Le sentiment de supériorité de lom'blanc complète le tableau.

      C'est pourquoi, comme je l'ai souvent signalé, la solution, qui peut paraître drastique pour un Occidental pur jus, devrait être la disparition même du concept de propriété : plus de PROFIT, plus d'esclavage ni même de servage, plus de logement "légalement à soi", la monnaie disparaît, et avec elle le besoin de thésaurisation. Même les Révolutionnaires de 1789 en sauteraient d'étonnement dans leur tombe. En revanche, les citoyens de Marinaleda ne se sentiraient pas dépaysés, eux qui baignent dans la culture naturelle malgré les assauts d'un monde extérieur hostile.

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    2. Merci , ami , pour ce message - Ca fait du bien - m^me dans les milieux artistiques " branchés " ou " de gauche " , on n ' entend pas trop ça -
      A propos de solutions drastiques , c ' est souvent nos congénères occidentaux qui les appellent ainsi -
      N ' ayons pas peur de ce que nous voulons -
      Je crois , comme je l ' ai déjà dit je crois ici ou là , que nous sommes parfois un peu timides pour ne pas avoir fait une vraie critique des échecs des tentatives communistes - ni de leurs réussites , oui -
      Alors je suis pour l ' affirmation d ' un nouveau communisme - Pas PCF remodelé , mais un idéal mis dans une nouvelle lumière -
      Parfois je pense à un " communisme-individuel " -
      / je m ' expliquerai + tard sur cette idée / qu ' on peut deviner -
      Il est clair que la pratique des profits doit être bannie -
      Il y a tant de choses qu ' il nous faut affirmer ! -
      Que l ' égalité n ' est pas nécessaire à une " justice " " en-soi " , mais un " sentiment " nécessaire à la possibilité , au " désir " , de partage -
      Aussi l ' on verra différemment ce que doit-être l ' égalité de salaire , la relativisation du " mérite " , cette notion douteuse qu ' on appelle l " héritage " , et bien évidement , et avant tout , ce que doit ou peut être ( si celle-ci est pour toujours à construire ) la culture -
      Quant à la propriété , je ne crois pas qu ' elle soit forcément synonyme d ' accumulation morbide compulsive -
      Je crois m^me qu ' elle puisse être une réalité élémentaire très nécessaire - bien qu ' éphémère - comme la pratiquent tous les animaux ( dont nous sommes ) dans la notion de " territoire " -
      ... affaire à suivre ...
      Amicalement _

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    3. Il me semble, ami "monde indien" (quel beau pseudo!) que nous soyons sur le même questionnement : J'ai tenté d'y répondre dans un essai paru en février dernier (auto-édition) : "jeune utopie et anarchie manifeste" disponible (en extraits) par courriel. Je te donne (à toi ainsi qu'aux autres lecteurs de Bab qui seraient intéressés) mon adresse mail : remi.begouen@free.fr
      Je suis susceptible de t'envoyer cela. Et tu me redonnes idée d'en faire un doc-internet in extinso, un jour. Qu'en penses-tu l'ami Bab ?

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    4. Aaaaah Rem*... je me doutais bien que tu ne saurais t'arrêter d'écrire, jusqu'au delà de ton dernier souffle. J'attends ta prose non avec impatience, mais avec sagesse : la nature ne se force pas.

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    5. Je crois, babelouest, que tu as mal compris ma question susdite.
      Je ne parlais pas d'un nouvel écrit, mais de mettre sur la toile le texte in-extenso de "jeune utopie & Anarchie manifeste", et non plus seulement des extraits.
      Pour ce qui est de continuer d'écrire, ceci : Sachant les GROS défauts de mon essai (lourdeurs, longueurs...), j'ai continué d'écrire "plus léger" ou "plus précis" :
      -"Plus léger" avec l'alerte recueil "Plume(s)"... qui a été mieux reçu et m'a orienté à réaliser mon expo-photo du mois dernier...
      -"Plus précis" avec le tout petit recueil "Les soldats seront troubadours" consacré à la Non-Violence.
      Reste que si "la nature ne se force pas", la mienne me force à continuer de mieux rêver-réfléchir-pondre pour notre bien commun : et je suis loin d'être une exception. Comme il n'est pas exceptionnel d'être limité par la fatigue de ses forces, même alimentées et accrues par de chaudes amitiés : "c'est la vie"!!

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  3. A propos de la problématique survie de l'espèce humaine dénaturée, si çà continue comme çà : Entendu par hasard à la radio récemment une réflexion de "l'électron libre" Alphonse Allais, disant à peu près :

    "L'homme se prétend le Roi des animaux. Mais c'est le seul animal qui doit payer pour faire quelque chose..."

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  4. Trop pris hier par des RV à la con, je n'ai pas eu le temps de lire ce formidable état des lieux, Rien à ajouter à ce qui a été dit, sinon que cela réconforte de savoir que nous ne sommes pas seuls au monde !

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