vendredi 18 octobre 2013

Takashi Hirose : « J’appelle ce pays une nation criminelle » (le Blog de Fukushima)

De notre ami Pierre Fetet, un grand cri, traduction d'un journaliste japonais. Qui, à part fort peu de personnes, pense encore à Fukushima ? Pourtant rien n'y est réglé. Chaque jour ou presque, la NHK (en anglais), pourtant peu sensible à cet état de fait, relate de nouveaux évènements, de nouvelles pollutions. La Terre entière est concernée, puisque jour après jour depuis le premier jour de la catastrophe de l'eau contaminée se déverse dans l'océan Pacifique. Le typhon qui a balayé le Japon il y a quelques jour, particulièrement violent, a donc lessivé les abords de la centrale, et quelqu'un a découvert dans les environs de la centrale un canal aboutissant à la mer plein d'eau radioactive. A 150 mètres de la mer le taux mesuré est de 1400 becquerels par litre. Très au-dessus de la norme européenne plutôt laxiste de 300 Bq/l. Mais les eaux souterraines se jetant dans l'océan à raison de 300 litres par jour (découverte récente) après avoir baigné les fondations de la centrale sont bien plus actives, et ce depuis l'accident initial du 11 mars 2011.

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18 octobre 2013
Paroles de Takashi Hirose, journaliste et ancien ingénieur, dans le film documentaire AU-DELA DU NUAGE °Yonaoshi 3.11 霧の向こう de Keïko Courdy (2013).
Takashi Hirose : « J’appelle ce pays une nation criminelle »
« Les gens ont reçu un choc avec l’accident.
Puis petit à petit, tout le monde a commencé à avoir peur.
Mais c’était une bonne chose, une bonne peur.
Ils ont compris que l’on ne pouvait plus faire confiance.
Malheureusement, l’homme est entouré chaque jour de milliers d’informations.
Cela lui fait oublier les plus terribles évènements.
On vit cette situation aujourd’hui.

En ce moment-même, sous Fukushima, de la matière radioactive est en train de s’échapper.
Elle va dans les sous-sols, dans la mer, puis elle ressort sans l’atmosphère.
Ce genre de chose n’apparaît pas dans les nouvelles.
Alors tout le monde l’oublie.
Si cela apparaissait tous les jours aux informations, les Japonais ne pourraient pas l’ignorer.
Mais on passe toute sorte d’autres choses.
Je pense que la plus grande faute revient aux médias.
Ils ont construit cette situation.
Rien n’a changé depuis l’accident.
Les accidents se produisent parce que les médias ne prennent pas le problème au sérieux.
Et même après l’accident, s’ils en parlaient un peu au début, maintenant ils n’en parlent qu’au compte-goutte.

Le problème de la contamination, c’est que l’on ne peut que la mesurer, dans les choses, dans la terre, dans le sol.
Beaucoup de monde aujourd’hui possède un compteur Geiger, mais cela ne mesure que ce qui circule dans l’air, cela ne mesure que les rayons gamma.
En fait, lorsqu’on recherche la composition de la radioactivité sortie des réacteurs et sa dispersion, on ne trouve pas tout.
L’intérieur des réacteurs faisait presque 5000 degrés.
C’était une température plus que monumentale.
Et l’uranium et le plutonium sont sortis sous forme de gaz.
Je peux trouver cela d’après mes calculs, mais cela ne ressort pas dans les compteurs Geiger, tout comme les rayons alpha ou bêta.

Personne ne mesure non plus le strontium.
Le strontium est le plus effrayant.
Il se fixe dans les os et provoque des leucémies.
C’est particulièrement dangereux pour les enfants en pleine croissance qui sont exposés aujourd’hui.
Pour les enfants qui habitent dans des lieux contaminés comme Fukushima, il faut organiser immédiatement une évacuation.
Mais quand on n’a pas d’argent, on ne peut pas fuir.
Même si les gens de Fukushima voulaient fuir, ils ne le pourraient pas pour des raisons économiques.

Maintenant nous devons agir pour que la société Tepco qui a provoqué l’accident donne des indemnités, de l’argent, pour que les gens puissent partir s’ils le veulent.
Le pays doit d’abord faire évacuer les enfants en groupe de la préfecture de Fukushima, plutôt que de les laisser fuir chacun de leur côté.
Les enfants veulent pouvoir rester avec leurs amis d’école.
On doit faire cela en groupe.
C’est possible.
Avant que le Japon ne perde la guerre, on avait organisé des évacuations de groupe.
On faisait fuir les enfants des zones dangereuses en les amenant dans les montagnes.
C’est quelque chose qui devrait être fait maintenant.

Mais le pays ne fait absolument rien.
Pour cette raison, j’appelle ce pays une nation criminelle.
Si on ne fait rien, il va arriver des choses terribles aux enfants.
Je suis inquiet. »

Takashi Hirose








Commentaires de l'utilisateur ayant mis en ligne la vidéo (AU-DELA DU NUAGE °Yonaoshi 3.11)

AU-DELA DU NUAGE °Yonaoshi 3.11
You can press "turn on the captions", or "subtitles", or "sous-titres" in French to see the subtitles in French or English. it is one of the icon on the right side of the screen : the rectangle with two lines. Please don't forget to mention the original Webdocumentary "Beyond the cloud °Yonaoshi 3.11" which is where the video is coming from, when you post the videos on your blog. Thanks.

(sous-titres en français à activer)

2 commentaires:

  1. http://www.terresacree.org/actualites/module-mere-comment-va-la-belle-bleue-1643/actualite-le-dernier-homme-de-fukushima-a-fessenheim-le-periple-de-naoto-112592

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  2. Merci pour le lien Anne-Marie. Bien entendu, je connaissais déjà Naoto, grâce à Pierre Fétet dont je visite journellement le blog. Cette visite est hautement symbolique. Elle est celle d'un homme qui dans le calme a accepté un sort, que beaucoup de ses compatriotes, mais beaucoup d'autres ailleurs aussi, subiront sans même en avoir saisi la portée.

    Je continue à repenser à un film que j'avais vu autrefois, il y a une quarantaine d'années : des militants éclairés manifestaient quelque part, et leur slogan, terrible, se faisait sur le mode question-réponse "Que voudriez-vous que soient plus tard vos enfants ? - VIVANTS !".

    Un ami d'enfance de mon fils est installé depuis de nombreuses années au Japon maintenant. Je me demande si lui aussi se rend compte du terrible danger qui menace tous ses voisins en même temps que lui-même et ses enfants quand il en aura. Mon fils a, au cours de ses études, suivi des cours du soir de japonais : sa "prof'", devenue une amie, a ses parents à Tokyo. Terrible de penser combien toutes les vies dans ce pays surpeuplé sont désormais suspendues aux émanations radioactives toujours présentes d'une vulgaire centrale électrique.

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