vendredi 28 juin 2013

Russie-Amérique : la fin du Reset ? (Alexandre Latsa) - ou dit autrement : le fauve ouvre à nouveau la gueule

A nouveau se dessine un conflit mondial larvé (pour le moment) entre les chacals de l'ouest et les représentants d'un monde plus équilibré, à savoir la Russie et la Chine. Je sais que comme d'habitude certains voudront apporter ici leur grain de sel, que je connais, mais ne partage pas.  On peut penser ce qu'on veut de ces pays-là, sans eux les choses seraient encore plus intenables qu'elles ne le sont même si leur politique, comme celle des autres grands et moyens pays du globe, est sujette à caution. Bien entendu l'Axe WLT reste le moteur de la prédation, rejoint qu'il est par Paris, et renforcé par les tyrannies sunnites du Golfe. Damas est à la fois un enjeu et un prétexte de manœuvres bien plus vastes recouvrant tout l'espace entre Washington et la ligne Baltique-Mer Noire-Caspienne-Indus.

C'est dans ce cadre qu'Alexandre Latsa apporte sa compétence et sa plume à un billet important paru chez Ria Novosti. Il rappelle que l'affaire Snowden ne fait rien pour apaiser le différend, surtout que Obama lui-même fait mine, au moins, de craindre d'autres révélations du lanceur d'alerte héroïque. La Maison-Blanche joue là le très mauvais rôle du prédateur tous azimuts, à la quête de chaque goutte de pétrole, ou d'autres ressources naturelles stratégiques, pour son service exclusif ; et soucieux de faire taire toute dénonciation de ses forfaits permanents, ainsi éventuellement que de ceux de ses alliés d'occasion.

A priori, il semble que nous soyons plus proches d'un Sarajevo que d'un Yalta. Nul Jaurès n'est là pour tenter de calmer le jeu. Les marchands de mort restent derrière ces enjeux, comme depuis un siècle. Rien n'est changé. Eux et les marchands de fonds restent tapis en attendant une jouissante curée (jouissante pour eux), avec le cynisme qui est leur marque. Seule différence :  cette fois les armes au logo jaune sinistre pourraient parler.


Blog d'Alexandre Latsa: Russie-Amérique: la fin du Reset?

Alexandre Latsa
10:04 26/06/2013
 
Les relations entre Russie et États-Unis n’en finissent pas de se dégrader, cette dégradation semble s’être accélérée ces dernières semaines. Il y a tout d’abord et évidemment le conflit Syrien qui semble de plus en plus se transformer en une guerre indirecte Russie/Amérique.
L’illusion d’une "nouvelle entente" Russo-américaine n’aura donc pas duré. Le dernier sommet du G8 aura été marqué par la fracture Syrienne opposant très clairement la Russie aux autres puissances du groupe, Amérique, Royaume-Uni et France en tête. Le président russe Vladimir Poutine a clairement rappelé durant toute la conférence que "Ce n'est pas le peuple syrien, mais des commandos bien entraînés et armés, y compris de l'étranger (…) par des organisations terroristes, qui combattent contre Assad".

Comme de l’Europe au Qatar, il n’y a plus désormais qu’un pas, il n'est pas surprenant que les "amis de la Syrie" viennent de décider de soutenir encore plus activement l’opposition Syrienne, en optant pour une solution qui apparaît de plus en plus militaire. C’est paradoxalement John Kerry qui y a fait la plus dure déclaration qu’il ait été donné d’entendre à l'égard de la Russie en l’accusant d’être le principal responsable de la poursuite du conflit en Syrie. Cette déclaration traduit sans aucun doute l'interruption de la lune de miel Russo-américaine, pour un certain temps

Réuni à Doha, le club des "amis de la Syrie" a finalement émis un document soulignant que Bachar al-Assad n'aurait aucun rôle à jouer dans la transition en Syrie à l'issue des négociations de paix et surtout que les livraisons d’armes à l'opposition seront désormais dépendantes de la seule volonté de chaque pays. La Russie qui souhaite l’organisation d’une conférence dite Genève-2 afin de trouver une solution politique au conflit se trouve désormais face à une coalition beaucoup plus soudée et décidée regroupant l’Occident, la Turquie et les puissances sunnites du Golfe. Les questions du maintien de Bashar-El-Assad au pouvoir et de la participation de l’Iran (avec son nouveau président pourtant réformateur) à la conférence sont les deux principaux points d’achoppement entre la Russie et la coalition Occidentalo-sunnite qui s'est formée sur ce sujet.

La Russie vient donc d’appeler l’Amérique à clarifier sa position, c'est-à-dire choisir entre : la solution politique Genève 2 et la solution de soutien militaire à une opposition qui a décidé coute que coute de continuer la guerre pour renverser le pouvoir en place en Syrie
La tension diplomatique ne concerne pourtant pas que la Syrie. Les Etats-Unis viennent ce lundi 24 juin de simplement menacer la Russie et la Chine de "conséquences" dans leurs relations bilatérales avec l’Amérique, suite au concours apporté par ces deux pays à l’exfiltration d’Edward Snowden, ex-consultant de la CIA qui a récemment dénoncé le système PRISM. Edward Snowden est accusé par les USA de transfert illégal d'informations relevant de la sécurité nationale et de transfert prémédité de renseignements secrets. Il a quitté Hong-Kong où il résidait ces derniers jours pour se rendre, via un vol Aeroflot, à Moscou d'où il devait s'envoler pour une destination inconnue.

Ces menaces américaines arrivent curieusement au moment ou Russie et Chine viennent de signer un énorme contrat pétrolier d’une valeur de 270 milliards de dollars sur 25 ans, L’accord a  été signé entre CNPC et Rosneft, dirigée par le proche de Vladimir Poutine Igor Sechin. Rosneft se place donc comme le leader du volet pétrolier dans la coopération énergétique Russo-chinoise.

Cette collaboration entre Chine et Russie est un élément d’une politique plus large de diversification de livraisons énergétiques russes en jouant notamment, et principalement, la carte asiatique afin d’équilibrer la grande dépendance actuelle de la Russie face à une Europe en crise.

Ce partenariat pétrolier conclu avec la Chine, alors que les discussions Russo-chinoises sur la coopération énergétique piétinaient depuis longtemps, est un indicateur supplémentaire de la détermination russe à visiblement ouvrir pour le pays une "fenêtre sur l’Asie", sorte de pendant historique de la "fenêtre sur l’Europe" qui avait été elle ouverte au 18ieme siècle, symbolisée par la construction de la somptueuse Venise du nord, Saint-Pétersbourg.


L’opinion exprimée dans cet article ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction, l'auteur étant extérieur à RIA Novosti.
Alexandre Latsa est un journaliste français qui vit en Russie et anime le site DISSONANCE, destiné à donner un "autre regard sur la Russie".

10 commentaires:

  1. très bonne Anne-Lise :"La Maison-Blanche joue là le très mauvais rôle du prédateur tous azimuts, à la quête de chaque goutte de pétrole, ou d'autres ressources naturelles stratégiques, pour son service exclusif ;"

    Encore une fois Hollndémou nous met dans la m.. avec une politique de droite
    Honni soit qui Mali pense mais il serait utile que le FDG clarifie ses positions

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  2. C'est clair, même ceux qui jouent le rôle d'opposition restent largement en-deçà de nos attentes. On n'est pas aidés ! Il faut dire malheureusement que ceux-là ont des choses à perdre si une vraie opposition réussit à mettre à bas le système dans notre pays. Donc, ils crient, mais pas trop fort pour éviter un raz de marée qui les submergerait comme les autres. Ne serait-ce que les députés européens, qui se retrouveraient "au chômage" si la France faisait un pied-de-nez à Lisbonne.

    Non, vraiment, on n'est pas aidés.

    "Ami, dit l'enfant grec, dit l'enfant aux yeux bleus, Je veux de la poudre et des balles." Victor Hugo, Les Orientales, 1829

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  3. Tout à fait d'actualité (brulante) et au coeur du problème (mondial) . On a vraiment l'impression que les vieilles puissances coloniales jouent ensemble pour glaner ce qu'il reste ailleurs de richesses naturelles, faisant fi des peuples (y compris européens)
    Merci
    Jocegaly

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    1. Oui, Jocelyne, on a même un peu l'impression d'un jeu d'arrière-garde, sentant la panique un peu rance, une boulimie avant l’infarctus final, des jeux sordides à la manière du baron Harkonnen.

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    2. La menace américaine de « la Bombe A » n'a cessé d'être brandie depuis 1945 pour faire peur, EN VAIN, aux peuples en colère...
      Je ne nie pas qu'existe aujourd'hui cette éventualité, par ex. au prétexte de la Syrie et en fait contre l'Iran, un peu comme ce fut le cas lors de la guerre du Vietnam ou du blocus de Cuba. Existent aussi d'autres sources de réelles inquiétudes de bombe A : un « dérapage » de militaires fous (d'Occident ou d'ailleurs : Pakistan-Inde, Corée du Nord, etc.)...
      Mais, depuis 1945, « à défaut »(!) de 3° Guerre Mondiale Apocalyptique, ont existé ou existent des centaines de conflits armés, TOUS plus ou moins liés à la répression de mouvements sociaux menaçants : Libérations nationales anti-coloniales, anti-yankee, anti-staliniennes, etc. Et révolutions politiques locales démocratiques (de Nasser à Allende et Chavez, etc.). Plus actuels mouvements libertaires incertains (Printemps Arabe, Indignés, etc.)...
      Tout cela, de FONDAMENTAL, me revient à l'esprit lorsque s'agite la pseudo « Terreur Nucléaire » (le logo jaune terroriste voudrait paralyser l'espoir!)... : NON, l'épouvantail ne saurait faire peur au point d'arrêter la lutte de classes... où NOUS sommes gagnants!
      Que les pseudo-stratèges en « équilibre des terreurs » sont myopes ! Comment peuvent-ils oublier que les pouvoirs de la Chine et la Russie sont capitalistes, donc complices de l'Occident, bien plus qu'ennemis... Les peuples ont raison de se REVOLTER!!

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    3. Bien sûr, Rem* : le clivage n'est pas entre les peuples, mais entre tous ceux qui, consciemment ou non, sont sous le joug des capitalistes (et les "dirigeants" chinois le sont à part entière au même titre que "la mafia russe"), et toute cette racaille qui se rit des frontières pour pressurer humains, animaux, plantes, ressources du sol et du sous-sol en une boulimie stupide et meurtrière. C'est toujours la pyramide avec ses strates horizontales, et non ce que veulent faire croire les oligarques, des conflits d'intérêts entre personnes de lieux géographiques différents, d'apparences différentes, de pensées différentes.

      Comme le soulignait une vidéo que j'avais mise en ligne récemment, le maître du monde, c'est le Lord Mayor de la City of London, homme coopté par ses pairs les grands banquiers. Pour comparer, c'est un territoire dont la superficie égale celle de l'île de Bréhat. Avec trois cents banques !

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    4. Tu évoques les "dirigeants" chinois et "la mafia russe", comme si le dirigeant-dictateur Poutine n'était pas le pire maffieux (oui, ils se disputent aussi!)de Russie, entre autres pour vendre des armes... à la Syrie entre autres ! (Tu avais il y a longtemps publié un portrait de lui, cette fois le logo terroriste nucléaire : d'où mes vives réactions ).

      Bref, je ne suis pas ta logique de privilégier dans tes articles des "analyses" (ou analystes)de pseudo-géopolitique d'entre puissants, où il faudrait trouver "le méchant et le gentil" (ou le moins pire)...: moi, je sais que les peuples, le peuple syrien (entre autres) révolté DOIT avoir notre soutien populaire...
      En général, tu acceptes mes remarques, formellement, mais sans changer de logique. Tiens tu publies un nouvel article sur la City (non lu): on verra !

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    5. Ai-je soutenu que Poutine n'était pas mafieux ?.......

      Quant au peuple syrien, je le soutiens évidemment : j'ai toujours, et j'insiste, j'ai toujours dit que c'était l'opposition extérieure, celle soutenue par le Qatar et l'Occident, qui était la plus dangereuse en Syrie, et que le peuple était entre les deux. Mais ma lutte va davantage encore contre l'axe Washington-Doa via le reste des hyènes (dont la France). C'est mon choix, car Washington me fait plus peur que Pékin, Moscou, Brasilia, Le Cap, Delhi réunis.

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    6. Je n'écris ici que sur ton blog, je ne saurais y argumenter sans fin pour te faire changer de logique!... ou de "choix" comme tu le dis ci-dessus.
      Je remarque simplement que tu continues d'employer le mot PEUR :"Washington me fait plus peur que Pékin, Moscou, Brasilia, Le cap, Delhi réunis" (quelle réunion bien abstraite !)...
      Alors que moi, tout en sachant que Washington a le plus gros bâton et la plus grosse carotte (=corruption)que quiconque, je sais surtout que la PEUR A CHANGE de CAMP : partout,les révoltes grondent ou éclatent, contre le dictateur local (Khadafi, Assad père-et-fils, etc.) ou régional (Poutine, Barroso, etc.) ou mondial (London City, Wall Street, FMI, etc.).Les peuples tentent de se révolter et s'entre-aident autant que possible...
      Au fait, le clan Assad serait balayé depuis longtemps sans les soutiens militaires successifs de Washington (du temps de la 1°guerre en Irak, au prétexte du Koweit),puis de Moscou, de Téhéran, du Hezbollah...
      Ton argument du "soutien du Qatar et Occident à l'opposition" tendrait à légitimer Assad comme défenseur du bon peuple "entre les deux"??!!...
      Oui, le peuple syrien est épuisé (cf. le peuple espagnol en 1939)et sa légitime révolution vire à la guerre civile, hélas...

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    7. Non, asséner toujours l'affirmation que le problème est Assad ne résoudra rien. Je n'ai jamais dit qu'il n'était pas un problème, je dis que le plus grand problème est dans les envahisseurs payés par les tyrannies du Golfe et entraînés par des "spéciaux" occidentaux. C'est lui qu'il faut régler en priorité, partout dans le monde, même si sa problématique éradication ne résoudra pas tout.

      Voilà, c'est tout, et c'est déjà trop. Et je n'aime pas les insinuations tendant à m'en faire dire plus.

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