Trois rapports ont été remis par des commissions différentes à propos de ce qui n'est toujours qu'un projet d'aéroport , il y a deux jours.
La presse s'est abondamment emparée du rapport de la commission de dialogue, dont l'objectif dès le départ était de faire "avaler la pilule", et qui n'avait absolument pas pour mission de se pencher sur le fond du dossier. De la poudre aux œufs, en quelque sorte. C'est exactement ce qu'en ont retiré les opposants au projets qui ont été entendus scrupuleusement par les commissaires (même si leurs arguments ne figurent pas dans le document final pour l'essentiel). En effet la commission a entendu aussi bien une délégation du comité des pilotes qui pratiquent régulièrement l'aéroport Nantes Atlantique, que quelques-uns des élus du Cédpa, le comité des Élus Doutant de la Pertinence de l'Aéroport (1200 membres). L'ACIPA, la grande association qui a maintenant plus de deux cents comités de défense locaux dans toute la France, a refusé de siéger aussi longtemps que les forces "de l'Ordre" restaient présentes et assuraient une sorte de blocus de la zone.
S'était également prononcée une commission agricole, qui a apporté des remarques concernant l'impact de la construction d'un aéroport dans une zone bocagère où ne peut se développer qu'un élevage traditionnel, en raison de son évidente humidité. Elle recommande d'ailleurs de reconstituer des fermes là où le conseil général avait acheté des terres, qui aujourd'hui ne sont plus en friches grâce aux efforts bénévoles des fermiers locaux et des ZADistes, et ce même si techniquement ces remises en valeur sont "illégales".
Enfin a eu à se prononcer une commission scientifique, qui devait apporter des éclaircissements sur l'impact d'un tel projet sur le bilan hydrologique de la région. Son bilan a été particulièrement sévère, puisque les douze points qu'elle a soulevés sont négatifs. Nul doute que les grandes chaînes de télévision n'y accorderont pas un regard. Ci-dessous, le résumé du rapport.
C'est assez parlant. Sur de telles bases, dans les faits un tel projet n'est pas viable, même si on passe sur les nombreuses irrégularités qui avaient été pointées du doigt par l'ACIPA dès le départ, à propos des coûts minimisés au moment de l'enquête d'utilité publique (quitte à en oublier certains), et des bénéfices espérés de l'opération, artificiellement gonflés largement afin de donner l'entreprise pour bénéficiaire (selon des habitués de ces structures, on parle d'un facteur 3, ce qui est énorme).
Le désormais locataire de Matignon doit se faire du souci pour son "bébé", qu'il continue à soutenir passionnément.
On est d'accord sur le dernier rapport !
RépondreSupprimerMerci Nicolas. La réunion a duré plus de trois heures hier. C'était une réunion publique. Les participants sont repartis convaincus. De bonnes questions ont été posées. Très intéressant.
RépondreSupprimerDommage que tu continues à récuser les autres arguments.Il ne suffit pas de lire les rapports, il faut aussi savoir ce qui a été omis sciemment.
On notera que dans le rapport de la "commission de dialogue" il n'est pas mentionné l'étude du cabinet néerlandais CE-Delft qu'Ayrault avait écarté d'une chiquenaude "parce qu'elle n'avait pas coûté assez cher". Argument un peu faible, non ?
Le pilote présent hier soir à la réunion d'Orvault, qui y atterrit régulièrement depuis quarante ans (il commence à avoir "de la bouteille"), m'a dit entre autres que l'aéroport actuel peut fort bien supporter un hypothétique trafic bien plus important, moyennant des retouches minimes des infrastructures au sol, et sans construire une nouvelle piste. Il a seulement montré du doigt l'agrandissement de l'aérogare qui avait eu lieu il y a quelques années, et dont Ayrault s'était glorifié en raison du très faible coût des travaux. Comme il tenait déjà à "son" NDL, la nouvelle section n'a pas la qualité de construction du reste, puisque pour lui il s'agissait seulement d'attendre l'ouverture de "l'autre" pour détruire ce bâtiment-là.
Il devra peut-être déchanter.
Je rappelle aussi que le projet NDL, qui devait être gigantesque, a par la suite (cela a duré si longtemps !) été bien réduit. Au lieu de deux pistes de 3600 mètres presque parallèles, il n'est prévu désormais qu'une de 2900 m et une de 2700m, sans taxiway. L'aéroport actuel en a une de 2900m, comme par exemple celui de Genève, qui accueille plus du double de mouvements. Quant à la présence à côté de l'usine Airbus, qui a besoin d'une piste, les déclarations officielles sont très contradictoires.
En un mot, ou presque, les travaux pour cette nouvelle structure se justifient moins que jamais. Surtout que, d'une façon ou d'une autre, sur 55 ans qui va payer ? les gens du cru. On n'est plus au temps des 30 glorieuses, et du développement sans compter de tout et n'importe quoi. L'aviation continuera, mais de façon bien plus mesurée. Se baser sur des augmentations de trafic démesurées est certainement une très mauvaise idée.
A propos, quelqu'un a posé la question "Et l'Airbus A380, il pourrait atterrir à NDL ?", et le pilote de répondre "Atterrir, oui, mais pour redécoller, il aurait intérêt à ne pas être trop chargé ! Sans compter qu'avec 60m d'envergure (les pistes de NDL sont prévues à 45m) il risque de ramasser quelques balises au passage."
Bonne journée !
Que dire ? Devant une telle absurdité - je parle du projet. Ha ! je vois l'Airbus, façon 'Y a-t-il un pilote dans l'avion ?'
RépondreSupprimerSi Ayrault a envie de se couler encore plus , qu'il le fasse ! mais je crois qu'ils ont assez d'emmerds comme çà ! :-)
RépondreSupprimer@balbelouest
RépondreSupprimer"Et l'Airbus A380, il pourrait atterrir à NDL ?", et le pilote de répondre "Atterrir, oui, mais pour redécoller, il aurait intérêt à ne pas être trop chargé"
Vous pourriez développer?, parce que là, je ne comprends pas...
S'il peut atterrir à pleine charge, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas décoller.
"Sans compter qu'avec 60m d'envergure (les pistes de NDL sont prévues à 45m) il risque de ramasser quelques balises au passage."
RépondreSupprimerC'est vraiment du n'importe quoi... "l'envergure", c'est la distance entre le bout des ailes; les balises, elles sont au sol: alors le lien entre l'envergure et les balises me laisse pantois!
Bien d'accord, Joël. Là, je rentre de la dernière A.G. avant la chaîne humaine autour de la ZAD, le 11 mai.
RépondreSupprimerAlix, quand un avion atterrit, il est bien moins chargé en carburant qu'au départ, en particulier quand l'avion décolle pour une longue distance, et a rempli ses réservoirs en conséquence. Il est donc plus léger, et la différence n'est pas négligeable. Quant aux balises, certaines sont plus hautes le long de la piste, et risquent donc d'accrocher.
Je ne sais pas si vous avez raison de vous référer à l'aéroport de Genève pour envisager d'éventuelles améliorations de l'aéroport de NA.
RépondreSupprimerCe n'est pas le fait qu'il y ait une piste unique qui pose problème à Nantes, mais son orientation. Par ailleurs celle de Genève est particulièrement longue (3900 m) et l'aéroport est continuellement agrandi pour s'adapter aux contraintes d'augmentation du trafic. Pour info il y avait au milieu des années 80 autant de passagers à Genève qu'aujourd'hui à Nantes (grosso modo 4 millions), et il y en a maintenant près de 14 millions. C'est aussi ce qu'on peut souhaiter à un aéroport du grand ouest décentralisé et international.
Je ne pense pas que NA pourrait adopter des plans directeurs d'agrandissement tels que ceux de Genève: http://www.gva.ch/fr/desktopdefault.aspx/tabid-354/
Quant au pilote, il faudra qu'il révise son manuel, car depuis Juillet 2007 l'A380 a obtenu sa certification de l'EADS pour opérer sur des pistes de 45 mètres de large.
Si vous voulez vous opposer efficacement à ce projet vous devriez à mon avis rester sur la ligne d'attaque de l'hydrologie (réel point faible du projet) et laisser tomber le reste. Et puis... il faut arrêter avec Ayrault. Ce n'est pas SON projet, mais celui de nombreux autres élus et citoyens qui l'ont approuvé. Leur avis compte aussi.
C'est vrai, il est plus pertinent de comparer avec San Diego, même longueur de piste, et avec bien plus de passagers encore (mais plus d'aménagements autour, c'est vrai aussi).
RépondreSupprimerMais pourquoi donc vouloir payer aussi cher pour avoir à peu près la même chose que ce dont bénéficie actuellement Nantes, en moins commode d'accès ? Demandez aux industriels vendéens, résolument contre !
Quant aux aménagements, il y a longtemps que certains ont refusé de mettre de l'argent dans ceux-ci, convaincus qu'ils étaient de ce fameux aéroport mythique, et qui je l'espère, le restera !
Pour l'hydrologie, c'est clair, les Grands Élus n'y ont pas mis personnellement les pieds. De toute façon les élus du Cédpa considèrent eux aussi ce dossier-là comme le plus solide.
"Demandez aux industriels vendéens, résolument contre !"
RépondreSupprimerOn imagine bien qu'ils auraient préféré un NDDL au sud de la Loire ;-)
Personnellement je trouve que si ce projet ne se fait pas (notamment si on n'arrive pas à compenser la perte de zones humides) ce serait regrettable, pas dommageable non, mais regrettable. Pour le développement de l'ouest de la France.
L'opposition de certains sur ce dossier me fait penser à celle des opposants au tramway de Nantes en 1983. Ce n'était pas les mêmes personnes mais ça revient au même. À l'époque la gauche avait perdu la municipalité à cause de ce projet que beaucoup de nantais trouvaient totalement insensé. Cinq ans après elle la regagnait, les habitants ayant été peu à peu conquis par ce superbe outil de transport et considérant son initiateur (Chénard) comme un véritable visionnaire...
La différence est dans le fait qu'un aéroport est déjà là, fiable, pratique d'accès, et avec encore une belle marge d'augmentation de trafic sans risque, alors que je refuse de penser que le trafic aérien prendra un grand essor maintenant, bien au contraire. Surtout en nombre de mouvements d'appareils. Tout fait penser qu'au contraire cela va stagner, puis péricliter (et il faut le souhaiter, en raison de l'environnement général, et des ressources énergétiques).
SupprimerJe savais bien qu'on toucherait ici l'os de votre argumentaire ;-)
SupprimerSur les ressources énergétiques les experts nous promettaient dans les années 80 un épuisement à l'orée des années 2020; puis en 2000 on nous a dit qu'il ne restait plus de pétrole que pour 50 ans. Aujourd'hui les délais s'allongent encore avec la découverte de nouveaux gisements et de nouvelles techniques d'exploitation.
La terre court à sa destruction rapide avec ce principe de croissance ? Pour le moment cette hypothèse n'a pu être démontrée, même s'il est évident qu'il faudra s'adapter, à un moment ou un autre, comme les civilisations à travers les âges ont toujours du le faire. La décroissance prônée par certains de manière préventive aurait en tout cas un effet immédiat et dramatique pour des millions de personnes. De cette révolution verte je ne veux pas, désolé. Ça n'empêche pas de prendre des précautions, certes (comme celle visée plus haut au sujet des zones humides), mais pas au détriment du développement des territoires, de l'emploi, de l'industrie.
À ce sujet, il me revient en mémoire une observation qui m'avait marqué lors de mon séjour en Loire Atlantique (je n'y habite plus depuis 10 ans): savez vous pourquoi on ne trouve pratiquement pas de forêts dans ce département ?
Pas de forêts ? Je ne sais pas, je suis nouveau ici. De toute façon, c'est assez général en France. Au Moyen Âge notre pays en était couvert.
SupprimerDe toute façon, plus tôt nous ferons notre révolution verte, plus vite notre vie sera moins dépendante des transports longs, et des ressources : il faut penser à très long terme ! Le modèle consumériste, malgré son clinquant, est surtout esclavagiste. Je ne vois pas où il y a un os. Il s'agit seulement d'options différentes. Je rêve bien d'une société horizontale, bannissant hiérarchies et pyramide des Pouvoirs, qui se marie fort bien, d'ailleurs, avec une vie plus simple et moins agressive envers l'environnement. Les deux choses sont liées.
Je le répète : ce sont des options différentes. Libre à vous de continuer dans une direction que je désapprouve.
Il n'y a plus de forêts en Loire Atlantique car elles ont été dévastées par la construction de navires jusqu'au XIXè siècle. Écologiquement on peut considérer que c'est un véritable désastre mais du point de vue du développement économique et social ce fut une réussite. Nantes ne serait pas la ville qu'elle est sans ces destructions.
SupprimerQuand je parle de l'os de votre argumentaire je veux dire: la vraie raison de vos revendications. Celle d'une révolution verte conduisant à une décroissance. Et effectivement je ne partage pas vos options. Du moins pas celle-ci, car je suis d'accord avec beaucoup d'autres idées que vous partagez sur votre blog.
Pouah, c'est quoi ce blog ? Entre l'article qui assimile la lutte sur le terrain et en France à l'ACIPA (l'ACIPA n'a cessé ni ne cessera de critiquer les formes de lutte et de résistance qui sont pourtant celles qui, aujourd'hui, font que le chantier n'a pas commencé) en niant qu'il existe une énorme partie de gens qui luttent contre cet aéroport en-dehors de tout terrain politique, et l'autre François qui nous vomit son discours libéral style "Détruisons le monde, si ça nous rend puissants et riches.", on pourrait presque croire à une blague. Exproprions, expulsons, détruisons, rasons, après tout, si ça peut faire en sorte que les gens qui en ont plein les poches en aient encore plus, et puis on fera croire à tout le monde que les bénéfices individuels des couches les plus pauvres sont fantastiques (faire monter la même mayonnaise que ces 50 dernières années, en gros).
RépondreSupprimerOui je suis anonyme je n'assume pas ce que je dis gna gna gna.
Cher Anonyme, pouvez-vous me montrer l'endroit précis où j'ai vomis quelque chose comme "Détruisons le monde, si ça nous rend puissants et riches."
SupprimerVotre aigreur vous aveugle. Je ne vous souhaite pas de rencontrer de vrais libertarés. Vous tomberiez dans les pommes...
On peut être anonyme, et constructif. Là, je ne vois rien.
RépondreSupprimerQuant aux formes de résistance... laissons les Zadistes régler entre eux des attitudes fort diverses, qu'il faut accorder car elles contribuent toutes, modérées ou plus radicales, au succès de la défense du site. L'ACIPA, étant une sorte de "volet politique" par la force des choses, est dans son rôle quand elle préconise la modération. Il faut être du coin pour comprendre parfois une certaine exaspération sur de rares faits précis. Il faut comprendre que le "petit village gaulois" est de fait assiégé depuis des mois, dans des conditions de climat et de terrain très difficiles. Mais d'autres font de la résistance depuis en fait 1963, date des premiers pré-projets. A ceux-là, il faut une bonne dose de patience.