Mil huit cent trente deux. Deux ans plus tôt, à la suite des Trois Glorieuses, les députés monarchistes ont déposé Charles X le roi absolutiste, et leur révolution de palais met à la place un prince plus souple nommé Louis-Philippe. Sur le fond, et pour le peuple, cela ne change rien. C'est pourquoi très vite d'autres tentatives de soulèvements se déclenchent, en juin 1832, comme à l'occasion du décès brutal du jeune mathématicien de génie Évariste Galois, républicain (un duel), mais surtout pour les obsèques du général Lamarque. Ces heurts violents sont relatés dans le chef-d'œuvre de Victor Hugo, Les Misérables. Là y décède l'un des héros du récit, Gavroche.
Les Gavroche d'aujourd'hui, je les ai
rencontrés. Ce n'est qu'un noyau, mais ils sont soutenus par de
petits comités locaux par centaines, souvent ne dépassant pas dix
personnes. Ils sont la semence d'un "autre chose", et n'en
ont même pas conscience. Ils pratiquent la solidarité comme on
respire. Certains n'ont pas vingt ans, d'autres sont déjà chenus.
Ils agissent. Notre avenir est leur quotidien. A part un ou deux, pas
plus, ils sont aussi anonymes que le peuple qui s'écoule dans les
rues d'une ville, que les gouttes d'eau d'un torrent. Quelqu'un parmi
eux, à moins que ce ne soit son frère, les a baptisés d'un nom
générique et poétique : ce sont les Zadoux et les Zadouces.
Face à eux, les hordes des
multinationales se déchaînent pour les anéantir, pour écrabouiller
leurs réalisations, pour continuer à semer du béton quitte à
récolter la tempête. Dans un avenir très proche des forces de
l'ordre dévoyées par des politiciens largement sortis de leur rôle
risquent de les submerger de moyens gigantesquement plus importants.
Ceux qui leur donnent des ordres sont probablement humiliés que ces
quasi va-nu-pieds résistent victorieusement. Ils en sont arrivés en
guise d'argument à ne plus brandir que "Force à la loi",
quand s'opposer à une loi inique est du devoir de chacun. C'est
d'autant plus patent ici, que la loi n'est au service que de
multinationales sans âme.
Résister est un devoir, donc, et
chacun avec ses faibles moyens peut y contribuer. Cette résistance
est d'autant plus belle que, sauf de très rares dérapages, elle
s'affirme sans violence. C'en est la force et la légitimité.
La victoire en chantant
Nous ouvre la barrière
La liberté guide nos pas
Tremblez, ennemis de la France
Rois ivres de sang et d'orgueil
Le Peuple souverain s'avance
Tyrans, descendez au cercueil
A de minimes nuances près, combien ce
chant déjà ancien s'impose ici ! Mais il n'est qu'un parmi beaucoup
d'autres chants, écrits par d'autres anonymes. La musique est
une arme redoutable, face à la répression.
Bab, pour les comités locaux, ils ne sont pas tous petits. Nous étions plus de 80 lors de notre deuxième réunion. Alors que NDDL est tout de même fort loin de chez nous.
RépondreSupprimerLes copains du comité d'un département voisin ont accueilli un ministre. Accueil à 15h30, fastoche pendant les heures de boulot, organisé la veille au soir quand ils ont su la visite du ministre ! Eh bien ils étaient tout de même une quinzaine !On est trèèèèèèèèèèèèèèèèèèès nombreux à croire qu'on est presque seuls.
Je sais, Partageux, que la taille des comités de soutien est très variable. Certains, effectivement, ne dépassent guère la dizaine de personnes pour le moment. D'autres sont bien plus nombreux. Ici en Loire-Atlantique, ils sont peu nombreux dans chaque groupe, parce que beaucoup de communes ont leur propre noyau, alors que dans d'autres départements leur nombre est plus important, mais départemental.
RépondreSupprimerQuant au noyau principal, il se compte par centaines de personnes qui vivent là dans l'herbe, la boue et la joie. Chaque provocation ministérielle en grossit le nombre. Rien ne les dissuadera. Rien ne nous dissuadera.
Article 35. - Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.
Mais aussi :
Article 33. - La résistance à l'oppression est la conséquence des autres Droits de l'homme.
Et encore :
Article 34. - Il y a oppression contre le corps social lorsqu'un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.