Vendredi 12 octobre 2012
Depuis
le redémarrage de deux réacteurs à la centrale d’Ohi, des centaines de
milliers de Japonais sont entrés en résistance. Ils manifestent leur
opposition chaque semaine dans de
nombreuses villes du Japon, quelquefois de manière spectaculaire, ce
qui a conduit à appeler ce mouvement la Révolution des
Hortensias.
Le 13 octobre 2012, des
manifestations antinucléaires auront lieu dans le monde entier, en écho à
ce mouvement pacifiste. Un texte a été créé pour cette
occasion, en voici les versions française, japonaise, anglaise,
allemande, italienne, néerlandaise, grecque et finlandaise.
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Merci à tous les citoyens
du monde qui ont participé à l’élaboration de ce texte et à sa
traduction, et à tous ceux qui iront manifester le 13
octobre !
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Japon,
Depuis longtemps tu fascinais, parfois jusqu’à envoûter l'Occident, par ta culture du respect des autres et de la discipline consentie, par l’art du vivre ensemble, par tes avancées technologiques, par la beauté de tes paysages...
Ton peuple a vu la guerre détruire en un instant deux belles villes avec leurs hommes, leurs femmes et leurs enfants, au mois d’août 1945, victimes d’une nouvelle alchimie de l’atome fissionné et de la mort instantanée.
Depuis longtemps tu fascinais, parfois jusqu’à envoûter l'Occident, par ta culture du respect des autres et de la discipline consentie, par l’art du vivre ensemble, par tes avancées technologiques, par la beauté de tes paysages...
Ton peuple a vu la guerre détruire en un instant deux belles villes avec leurs hommes, leurs femmes et leurs enfants, au mois d’août 1945, victimes d’une nouvelle alchimie de l’atome fissionné et de la mort instantanée.
Plus près de nous, la crise économique t’a frappé, et le marché technologique s’est effondré.
Mais il restait ta particularité, la grâce de tes montagnes érigées au milieu de nulle part, celle de tes campagnes verdoyantes, si joliment louées par Miyazaki, et les villes futuristes qui te font osciller entre passé et modernité.
Pays adoré, tu sais pourtant rester discret et subtil…
Il fallut une autre catastrophe pour que le monde se souvienne de toi. Comme à Kōbe en 1995, tu es revenu à la une de l'actualité, mais cette fois, à Fukushima, et les conséquences seront tout autres.
Dans quelques années, on parlera de Fukushima comme on parle de Tchernobyl aujourd'hui : ses méfaits, les mensonges qui l’entourent, ses morts et ses contaminés…
Lorsque la catastrophe de mars 2011 est survenue, Japon, tu as occupé la première place dans l’actualité, avec des images choc qui faisaient frémir et des chiffres toujours plus terrifiants.
Puis, comme si tout était résolu, tu es redevenu discret. De nombreux pays n’ont plus parlé de la catastrophe, n’ont plus parlé d’aide.
A l'empoisonnement de tout un pays et d’un peuple, voilà qu’on semblait préférer les imbéciles batailles d'ego de quelques personnages lancés dans une course aux voix pathétique pour telle ou telle élection dans tel ou tel pays.
La voix des écologistes à travers le monde n'a pas assez porté, hélas, et l’on a fini par préférer les problèmes nationaux.
Serait-il cynique de se demander si, dans l’éventualité d’une semblable catastrophe en Europe, en Inde, en Chine ou aux Etats-Unis, les médias des autres pays s'en désintéresseraient aussi vite ?
Si les victimes en seraient aussi rapidement oubliées ?
Nous ne voulons pas croire que l'égoïsme et l’amour maladif du profit auront un jour raison de notre humanité.
Que pouvons-nous faire, maintenant ? Pour ceux qui, depuis des années, rêvaient de te découvrir, Japon, cela deviendra de plus en plus difficile.
Aujourd’hui, 582 jours après Fukushima, tu vacilles encore plus entre tes paradoxes.
Au printemps, quand reviennent tes cerisiers, les rossignols chantent, bercés par l’invisible poison d’une radioactivité incessante.
Tes enfants apprennent à compter en micro-Sieverts, tes sols, tes rivières et tes poissons regorgent de Becquerels…
Combien de ces kystes thyroïdiens, déjà si nombreux, dégénéreront en cancer ?
Japon, dis, que vas-tu devenir ? Qu’allons-nous devenir ?
En attendant, pays bien-aimé, tu t’enlises en silence.
Les dégâts de la contamination radioactive continuent inexorablement, et les séquelles seront irréversibles.
Nos gouvernements et les médias ont minimisé les lourdes conséquences de l'accident nucléaire, même si cette immense catastrophe marquera à jamais l'histoire humaine.
Cette situation inédite nous effraie, nous, citoyens du monde.
Tu fais face, Japon, à une profonde crise historique.
Comment toi, petit pays sismique, as-tu pu te doter de 54 réacteurs nucléaires qui sont autant de bombes à retardement ?
Si un gros séisme se produisait à nouveau, si l’une de tes piscines de désactivation s’effondrait, si une nouvelle centrale explosait, alors ce serait sûrement ta fin, et peut-être même bien plus que cela.
Ô Japon, nous ne devons jamais plus laisser faire un autre Fukushima, nulle part, jamais.
Nous ne pourrons pas vaincre la Nature, quand bien même nous y mettrions toutes nos forces.
C'est une grave erreur de penser que l’humanité peut tout contrôler par des avancées scientifiques qu’elle ne maîtrise pas complètement.
C'était un acte d'orgueil insensé que de regarder la nature de haut et de construire tant de centrales nucléaires sur ce poisson-chat géant mythique !
Car c’est bien ainsi que vos Anciens voyaient les séismes, n’est-ce pas ? Ils croyaient que d’immenses poissons-chats secouaient la terre.
Les poissons-chats qui secouent notre planète aujourd’hui, c’est le nucléaire.
La réalité, ce n’est pas que « l’énergie nucléaire a favorisé notre développement » mais bien plutôt que « nous tous, bercés par notre ignorance et notre passivité, nous avons favorisé le développement du nucléaire. ».
Était-ce donc cela, l’Atome pour la Paix ?
Avant Fukushima, presque tout le monde s’accordait pour dire que nous avions besoin de centrales nucléaires afin de développer et de soutenir notre économie.
Mais la santé de tes enfants, Japon, se détériore à cause des centrales nucléaires.
C'est toujours la population, ce sont toujours les enfants qui souffrent, au bout du compte.
La force que nous avons, en chacun de nous, peut devenir une très grande force si nous nous unissons !
Ce qui compte maintenant, c’est de protéger l'avenir de tes enfants, l’avenir de nos enfants, l’avenir de tous les enfants de la terre !
Stop au silence, stop au nucléaire, partout sur la Terre !
Nous voulons le dire au monde entier: ne laissez pas se répéter l’horreur d’une catastrophe nucléaire !
Unis ce jour avec le peuple japonais en révolte, nous demandons solennellement l’arrêt définitif de toute production d’électricité d’origine nucléaire, nous exigeons la fin du nucléaire tout de suite !
Notre espoir est que l’ensemble de l’humanité prenne enfin conscience des risques intolérables qui pèsent sur nous à cause de l’énergie nucléaire.
Et nous, citoyens du monde réunis en cette journée du 13 octobre 2012, qui nous exprimons dans une multitude de langues avec le même message disons aux côtés de nos amis Japonais:
SAIKADO HANTAI ! Non au redémarrage des centrales ! SAIKADO HANTAI !
Arrêtons le nucléaire, maintenant, et définitivement !
Arrêtons le nucléaire, maintenant, et définitivement !
Merci
de diffuser ce message ce jour du 13 octobre 2012, partout dans le
monde, afin que demain, personne ne connaisse plus ce type de
méga-rétro-désastre sournois.
Kazuo Nara ne veut plus de nucléaire dans son pays et il le chante !
http://youtu.be/rgEVRfuia-A
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