Il faut encore et toujours tirer la sonnette d'alarme. Plutôt que de se chamailler pour d'obscures histoires de diffamation, de petites phrases assassines, tous les responsables du monde entier devraient consacrer toute leur énergie à un seul sujet, particulièrement crucial. La piscine de stockage long près du réacteur 4 de Fukushima Daiichi n'est plus alimentée en eau de refroidissement que
par des tuyaux de secours posés au hasard sur un sol jonché de débris,
tuyaux fragiles bien entendu. Si, avant l'évacuation des barres qui la remplissent (temps envisagé : trois ans à partir de maintenant), elle finit par s'écrouler sous l'effet d'un séisme plus puissant que la moyenne, ou si simplement elle se vide parce que les canalisations provisoires sont déchirées et ne peuvent être réparées très rapidement, l'élévation de température très rapide des barres, avec risque d'explosion, rendra obligatoire l'évacuation de tous les personnels, laissant toute la centrale sans maintenance définitivement. Voilà ce que dénonce cet article de Pierre Fétet, dont j'ai reproduit ici le début.
bab
Dimanche 3 juin 2012

Cet article présente les
principales informations tirées de cette recherche puis une
extrapolation sur ce qui pourrait advenir si Tepco ne réussissait
pas son pari de récupérer les barres de combustibles d’ici trois
ans.
.
Avant toute chose, je tiens à remercier Kna
qui nous permet d’avoir accès, par son
travail de traduction, de sous-titrage et de diffusion de vidéos, à
des informations qui, jusqu’à présent, restent taboues en France dans
les grands médias.
Une émission remarquable : une problématique,
des témoignages d’experts, des expériences, des conclusions
Comme on aimerait voir ce type
d’émission télévisée en France, où des experts et des chercheurs en
ingénierie nucléaire parleraient librement de leurs
angoisses à propos des risques de l’atome. Pour rappel, l’unité 4
possède une piscine de désactivation contenant 1535 assemblages, soit
environ 264
tonnes de combustible. Cette piscine est perchée à 20 mètres au
dessus du sol, mais sa structure a subi d’énorme contraintes mécaniques
et thermiques lors des explosions et incendies qui ont eu lieu le 15
mars 2011, sources des inquiétudes sur son état.

« Même si les murs existent, il n’y a pas de manière simple d’en connaître la stabilité. A
quel point la
stabilité a-t-elle été compromise par la haute température de
l’incendie ? Il est essentiel d’avoir toutes les données quand vous
travaillez sur un calcul structurel. Chaque fois que Tepco
publie des données, ils disent toujours « Nous avons calculé ceci,
voici le résultat de ce que nous avons fait donc il n’y a pas de
danger ». Mais ils n’ont jamais publié une
donnée que quelqu’un de l’extérieur pourrait utiliser pour vérifier leurs conclusions. »
.

« Je dois dire qu’il y a un
risque concernant l’unité 4. La piscine est actuellement refroidie par
un système temporaire. Mais les conduits s’étendent sur
des dizaines de kilomètres et étant donné que c’est une construction
provisoire, ce n’est pas censé résister aux secousses sismiques. Il n’y
a pas assez de maintenance. Les tuyaux courent à
travers les décombres. J’estime qu’il faudrait peu de temps pour
vider la piscine si les tuyaux étaient endommagés et causaient une
fuite. Les émissions de matières radioactives seraient si
élevées que personne ne pourrait s’approcher. (…) J’aimerais
que le gouvernement et Tepco se préparent avec une notion de crise
imminente à l’esprit. (…) Si la piscine se vide, aucun
travailleur ne pourra s’approcher du bâtiment réacteur 4, ni des
bâtiments 1, 2 et 3. »
.

« Si la piscine devait s’effondrer à cause d’un nouveau gros séisme, les émissions de matière radioactives seraient énormes : une estimation
prudente donne une radioactivité équivalente à 5000 fois la bombe nucléaire d’Hiroshima. »
Selon un institut de recherche de
l’Agence de l’Energie Atomique du Japon, en cas d’entassement des barres
de combustible, celles-ci peuvent s’échauffer car l’air
ne peut pas circuler. Si la température dépasse 700 °C, les gaines
peuvent se briser et laisser s’échapper les pastilles de carburant
composées d’uranium et de plutonium.
Sans refroidissement par l'air, la destruction des barres par échauffement et la libération des matières radioactives signeraient
probablement le début de la fin pour le Japon, et peut-être pour le monde.

Gaines de combustibles
éclatées entre 700 et 900 °C
Conclusion sibylline du présentateur pour qui n’a pas suivi entièrement l’émission : « Nous avons découvert l’importance de ce que nous devons
envisager ».
Terrifiant... Pas vu à la tv en France !
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