"Tous les humains sont égaux,
mais certains sont plus égaux que d'autres", disait à peu près
George Orwell. Ce qui pourrait paraître une boutade n'est
malheureusement qu'un triste constat. Chaque jour les notion de
supérieur et d'inférieur pourrissent la vie de millions de
personnes, car il ne s'agit pas d'un phénomène marginal.
Prenons un exemple, tout-à-fait au
hasard. Pour de simples (!) question électorales, le Congrès US
n'avait-il pas, en 2004, voté un texte obligeant le Département
d'État (malgré la répugnance de celui-ci) à recenser les actes"antisémites" dans le monde chaque année ? Pourquoi seulement ce critère, et
pourquoi y inclure toute critique de la politique d'un État qui
n'était même pas les États-Unis ? Simplement certains
lobbies ont su faire pression là où il le fallait, dans un souci de
malmener le simple principe d'égalité entre tous, devant la loi en
particulier.
Dans le même genre de démarche,
l'animosité (y aurait-il un autre terme?) de certains personnes au
plus haut niveau de l'État en France envers ceux qui peinent à se
fixer quelque part, à se sédentariser, pour différentes raisons, a
conduit le gouvernement à des mesures condamnées de toutes parts au
niveau européen.
Depuis, cette politique pour rejeter
tous ceux qui ne sont pas "de souche" s'est élargie aux
étudiants, à des personnes (infirmiers, médecins) qui avaient un
travail non seulement utile, mais devenu indispensable en raison de
la raréfaction des postulants "de souche" précisément.
Il faut dire que les suppressions de postes ont rendu tellement dures
les conditions de travail dans l'hospitalier, que les jeunes hésitent
fort à s'y destiner. On notera que ces mesures pénalisent en fait
tout le monde.
L'égalité est donc particulièrement
montrée du doigt, comme si c'était une chose indigne, alors que
c'est LE pilier même de notre démocratie. Ce n'est pas le cas
partout, aux States cette notion n'est que marginale face à la
liberté. On notera combien cette dichotomie est préjudiciable à la
vie sociale. C'est d'ailleurs vrai, de façon officielle, en Israël
par exemple, où les non-juifs n'ont pas le même statut que les
autres. Ce fut longtemps le cas au Royaume-Uni, qui pratiquait le communautarisme de façon très légale (c'est moins vrai maintenant). C'était le cas également en Afrique du Sud, heureusement
les choses vont un peu mieux de ce côté-là aussi. Mais on verra des
situations dans de multiples pays, là où des minorités, voire des
majorités, se retrouvent avoir moins de droits pour des raisons
souvent obscures. N'est-ce pas ainsi en Côte d'Ivoire, par exemple ?
Ou au Kosovo ? On ne parlera même pas de l'Inde, où le système des castes n'a guère évolué depuis l'époque de Kipling.
On ne saurait terminer ce tour
d'horizon, sans mettre le doigt là où cela fait le plus mal :
une bonne moitié de l'humanité est plus ou moins soumise,
inférieure, de multiples façons souvent subtiles. Bizarrement ce
déséquilibre se retrouve presque partout dans le monde, excepté
dans les "peuplades primitives" qui en sont restées au
matriarcat. Est-ce une crainte des hommes de se sentir inférieurs ?
On constate que beaucoup de civilisations différentes, selon des
méthodes variées, placent les femmes un cran en-dessous des hommes,
implicitement ou même explicitement.
C'est le cas en Chine, pour les raisons
culturelles qui obligent le fils à s'occuper de ses vieux parents,
alors que la fille ira habiter chez son mari avec une dot :
autant avoir un fils, n'est-ce pas. Quitte à tuer la fille à la
naissance. C'est le cas à nouveau en Inde. C'est le cas chez les
Wahhabistes . Mais ne nous y trompons pas, c'est le cas aussi
dans bien des pays d'Europe, y compris celui qui se croit la patrie
des Droits de l'Homme, mais qui peine à accorder aux femmes leur
place légitime. Et avec les intégrismes qui se font jour
discrètement chez beaucoup de parlementaires (en y mettant les
formes bien entendu, en général), ce n'est pas près de finir à
moins qu'il n'y ait un grand coup de pied dans la fourmilière.
L'égalité, répétons-le, est le
socle qui permet aux libertés de s'épanouir dans le respect mutuel.
On ne le soulignera jamais assez. C'est ainsi que l'on parviendra à
assumer naturellement la fraternité entre les humains, celle entre
les peuples n'en étant qu'une conséquence géographique et
secondaire.
Très belle réflexion sur le thème de l'égalité ; je n'ai à commenter que la première phrase, d'Orwell :
RépondreSupprimerIl s'agit de "La ferme des animaux", parodie-farce du système soviétique.
Là, les animaux ont chassé de la ferme les humains, ont pris le pouvoir (chevaux, vaches, basse-cour, moutons et cochons...) et un des cochons est "élu" chef. C'est lui qui dira, plus loin "Nous sommes tous égaux (les animaux, pas les hommes) mais certains sont plus égaux que d'autres", et il s'agit des cochons... lesquels, en fin de farce, rendent le pouvoir aux
fermiers - parodie de la bureaucratie de l'URSS qui a fini par rendre le pouvoir au capitalisme...
Je connais bien ce texte, grâce auquel j'ai découvert le génial Orwell ("1984"...), car il a été monté au théâtre par un ami proche, il y a bien 30 ans !
Effectivement Rém*, dans la Ferme des Animaux il s'agit bien de cochons. Ce texte est d'ailleurs terrible de justesse. Du grand Orwell.
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