samedi 14 janvier 2012

La démocratie est-elle soluble dans le peuple ?


La démocratie est un exercice difficile. Elle ne peut se concevoir réellement que dans le cadre d'un petit groupe de personnes, une trentaine au maximum, qui vont voter pour ou contre tel projet apporté par l'un des membres, n'importe lequel. Ce vote ne peut intervenir que quand tous les arguments ont été discutés, afin de faire le tour de la question. En cas de doute, un intervenant extérieur peut ponctuellement venir apporter un éclaircissement, mais il ne prendra pas part au vote.

Et si une coordination avec un ensemble plus important se révèle nécessaire au cours de la discussion, alors un délégué sera désigné par l'assemblée, pour que lui-même participe à une assemblée des délégués. Notons que ceux-ci ne possèdent qu'un mandat, pour une seule discussion, et qu'ils ne peuvent discuter et voter à cette assemblée élargie que dans le cadre des vœux définis à l'échelon primaire. On peut appeler cela une démocratie horizontale, nul ne donne d'ordres à des inférieurs puisque c'est de la base même que vient tout le pouvoir.

Le plus difficile sans doute en démocratie : savoir que l’on a une certaine idée sur une question, que la majorité a une idée tout autre après débat et vote, et qu’il faut se plier à cette décision que l’on n’aime pas.

Voilà bien pourquoi actuellement, de démocratie, il n’y en a pas : une minorité déterminée, voire un seul, réussit à circonvenir la majorité à l’aide de comparses le suivant aveuglément, et de subterfuges comme des élections de “représentants” mis en avant par un comité. Il ne reste plus qu’à inciter à “choisir” les pions vendus au système. Et pendant des années le “peuple” ne pourra pas les récuser.

La “démocratie parlementaire” est une prison pour le peuple. Le peuple doit sortir de prison, et prendre en main lui-même son destin. Ce n'est pas facile, cela demande beaucoup d'efforts de la part de chacun, mais si l'on n'est pas dispersé à regarder passivement la télévision, ou à "faire du shopping" alors que l'on n'a réellement besoin de rien, chacun pourra être surpris du temps disponible.

Amis, compagnons, camarades, concitoyens, cela ne vaut-il pas la peine d'essayer pareille aventure? Bien entendu, une réorganisation de la société tout entière est indispensable, elle l'est de toute façon. Autant se donner la peine d'aller un peu plus loin, car au bout réside l'espoir d'un vrai monde meilleur. N'y perdront que ceux qui ne savent que commander, profiter et écraser.

En tout cas, si, comme je le souhaite, un tel projet réussit à prendre forme, nous pourrons tous ensemble proclamer qu'enfin, la Démocratie est soluble dans le peuple, qu'elle y aura trouvé sa place.

5 commentaires:

  1. Tu nous donnes là un raisonnement très logique et intéressant. Mais il est hélas bien abstrait, car dans la réalité (de lutte de classes) apparaît toujours, je crois, le poison du fric... Je prends - d'expérience - un exemple "de base" tout simple : les ouvriers d'une petite entreprise (ou d'un atelier) râlent d'être mal payés, d'horaires, etc. Ils se réunissent en comité d'action (quelque soit le nom, même syndical) locale , discutent, votent. Il y aura toujours une tendance radicale et une autre qui "espère", d'après ce que le patron a laissé entendre, qu'avec le temps, l'effort de chacun - le sien aussi.. - "on va s'arranger", aboutir à de meilleurs salaires, etc., ceci au lieu de perdre des sous à faire grève.
    Cela se passe à l'échelle microscopique de moins de 30, certes. Mais le ver est dans le fruit, déjà : la nuisance du pouvoir du Dieu Fric...
    Alors, à une échelle supérieure, c'est mille fois pire : "centrales syndicales" dites "démocratiques" !

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  2. Je suis partiellement d'accord et même en grande partie...oui mais
    C'est un sujet qui me revient souvent en tête... celui de la meilleure organisation des humains entre eux... dans l'absolu... comme idéal vers lequel tendre, dans le contexte qui est le nôtre, fort similaire en Belgique et en France...
    en tout cas en ceci... la fracture entre différentes composantes de la sociétés ou plutôt des habitants.
    Ce qu'il y a de commun, c'est que quiconque prendra la direction d'un gouvernement soit devra trouver des situations de compromis pour tenir compte de l'avis de ceux qui ne l'ont pas élus, ces derniers ne seront pas totalement satisfaits quand à l'électorat du gouvernant, il se sentira trahi. Soit il s'en tient (pou-vu que les pseudo-dieux de l'oligarchie le laissent faire) à son programme et une partie de la population se sentira exclue, niée...
    Bref la démocratie telle qu'elle est conçue actuellement avec des citoyens radicalement divisés en nombre équivalent est vouée à l'échec.
    J'ai bien un modèle à longue échéance que je partage avec d'autres... mais en ce moment-ci de l'histoire si je devais me présenter à des élections mon programme comprendrait deux points incontournable... une assemblée constituante principalement pour instaurer une démocratie participative et un audit de toues les dettes de celles des pouvoirs publics à celles des personnes privées... en sachant déjà qu'une partie de ces dettes seront purement et simplement annulées car elles présentent le caractère de contrat léonin (ce celles où l'un prend clairement la part "du lion" au détriment de son cocontractant.
    Démocratie participative : une démocratie dans laquelle les habitants étendent leur pouvoir de dédisions par le participation à la prise de décision sur les enjeux qui les concerne et prennent part également à la mise en œuvre des solutions retenues. Autrement dit et pur faire bref sur ce vaste sujet... une forme de démocratie dans laquelle ceux qui ne voit pas ce système comme un droit que l'on délègue mais aussi comme une responsabilité à prendre activement augmentent d'autant leur participation aux prises de décision. Contribuer au bien commun à comme contrepartie la participation aux décisions.
    Je donne un exemple concret dans une petite entité, 70 personnes vivant en habitat groupé dans un ancien immeuble de bureau... en auto ou cogestion selon le point de vue...Au bout d'un temps je constate qu'il y a un noyau de 35 personnes qui participent aux assemblées hebdomadaires et à la mise en œuvre des décisions prises. Elles ont de fait le pouvoir de décision pour tous le groupe puisque c'est grâce à elles que le projet tient la route... quand les grands absents se plaignent..on leur rappelle gentiment qu'ils sont tout à fait libres de participer aux assemblées et de prendre en charge une partie des tâches qui en découlent.... Il a fallu 2 ans pour que cette organisation se stabilise... en ce qui concerne la gestion d'un territoire, rendre la gestion locale aux habitants avec l'aide de personnes capables de solutionner les problèmes techniques qu'ils ne peuvent résoudre seuls seraient un bon début. Mais quand je vois les détournements de fonds que les élus locaux pratiquent dans ma commune pour des aménagements programmées qui ne se font jamais,je sais que ce genre de personnages devra être délogé pour lâcher le morceau...
    cependant c'est en fonction d'un projet plus vaste que j'affirme que la prise de décision des habitants doit commencer par une réappropriation du pouvoir local... un projet parmi d'autre mais qui gagne du terrain en ce moment un peu partout dans le monde.

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  3. Elle est d'autant plus soluble que certains sujets, comme le budget, risquent de ne plus être débattus... si la règle d'or devient constitutionnelle.

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  4. Il me paraît évident, DPP, que la première tâche à accomplir est d'écrire une nouvelle Constitution, qui soit en mesure de bloquer toute tentative extérieure d'imposer des règles. Cela impose bien sûr de revenir à des pouvoirs indépendants, et à une relégation d'un président, s'il y en a un, à de simples tâches de représentation.

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  5. Je crois qu'on est tous d'accord.

    Reste à trouver une méthode pour arriver calmement sans violences aux réformes nécessaires.

    Beau billet.

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