vendredi 13 janvier 2012

Le PS et la gauche : compatibles ?

Aujourd'hui a eu lieu un débat intéressant sur Le Grand Soir, à propos d'un billet de L'Humanité. Je n'ai pas résisté à en apporter ici les éléments, à débattre à nouveau bien sûr.
13/01/2012 à 10:57, par yapadaxan
Les faiblesses de la Gauche...

Le PS n’est pas faible, le PS n’est plus de Gauche.

Le PC est très faible, mais il est d’une Gauche réformiste, ayant quitté le terrain de la lutte révolutionnaire.


Et il l’a quitté depuis beaucoup plus de temps qu’on ne le dit. Il a opéré par virages, s’est entêté dans sa stratégie de l’union avec le PS. Il est allé de concession en concession jusqu’à ne plus rien représenter du tout.

C’est de cela que le FN est fort.


L’Union de cette Gauche a donné quoi en 81 ? La plus grande désillusion qu’il ait été possible d’imaginer. Elue sur la base, non plus du Programme commun, mais des 110 propositions du candidat Mitterrand, cette prétendue Gauche-là a gouverné à droite. Assurant le lien entre Giscard et Chirac. En se tapant le sale boulot de la casse industrielle, camouflant très mal le chômage en stages bidon.

Ajoutons l’effondrement des pays de l’Est, la non réaction du PCF et son ralliement dans le camp des antisoviétiques une fois l’Union soviétique disparue. Sans explication, sans effort de mémoire quant à la création du PCF justement due à la naissance de l’URSS et de l’Internationale Communiste.

Il y a de quoi désarçonner tout un peuple ! C’est presque "parti sans laisser d’adresse"...
La crise du capitalisme que nous traversons exige l’existence d’une Gauche révolutionnaire, capable d’en expliquer la nature, le contenu et l’évolution. Capable d’accompagner un puissant mouvement populaire, non pour le diriger, mais pour le légitimer, le renforcer, l’accompagner. L’aider à éclaircir la nécessaire lutte des classes, son but, le renversement d’un système d’exploitation étant passé à un stade de guerre des classes, tant par l’aggravation des conditions sociales, du chômage, que des offensives impérialistes réalisées au Proche et Moyen Orient.

Non, cette Gauche-là n’existe pas. Et c’est son inexistance qui renforce le FN, laissant prospérer l’illusion qu’un nationalisme étroit est la réponse à la situation d’aujourd’hui.

C’est une véritable désertion, une trahison historique qui laisse aux forces les plus réactionnaires l’opportunité de réenfanter la bête immonde. Et garde qu’elle n’y réussissent...
13/01/2012 à 12:14, par Touzensemble
@yapadaxan
Je croyais que sur LGS on ne tapait pas sur les organisations de gauche ? Ici, le PCF déguste pour ce qu’il a fait de mal tandis que ceux qui ne veulent jamais toucher les manettes sont curieusement oubliés pour ce qu’ils n’ont pas fait en faveur de la victoire en 1981 et ne feront pas en 2012.

J’ai été électeur LCR et aussi PCF. Mon propos n’est pas partisan.
L’Union de cette Gauche a donné quoi en 81 ? La plus grande désillusion qu’il ait été possible d’imaginer. Elue sur la base, non plus du Programme commun, mais des 110 propositions du candidat Mitterrand, cette prétendue Gauche-là a gouverné à droite.
Soyons justes, la victoire de la gauche en 1981 a aussi donné ceci : augmentation des minimas sociaux avec un SMIG revalorisé de 10%, allocation familiale, allocation logement et allocation pour handicapée de plus de 25%, autorisations des radios locales privées et ouverture de temps d’antenne à la gauche aux télévisions et aux radios publiques, l’abolition de la peine de mort, le blocage des prix pendant 6 mois, des nationalisation de grandes banques et entreprises, l’instauration de la semaine de 35H et la cinquième semaine de congés payés, la création des ZEP ( zone d’éducation priorité), la retraite à 60 ans.

Et tout n’a pas été reperdu.

Il est vrai que les espoirs ont été déçus en raison de :
-  la nature profonde du PS incapable d’aller à l’affrontement avec le capital ou soucieux d’en être un gérant loyal,
-  la faiblesse du PCF qui a largement cautionné le virage,
-  le refus d’une partie de la « gauche de la gauche » de mettre les mains dans le cambouis pour obliger à poursuivre,
-  la passivité des masses qui s’en sont remises aux élus.

Nous risquons de passer une nouvelle fois à côté du possible puisque l’absence de vaste rassemblement de toutes les gauches (acceptant des divergences dans le combat commun) freine un dynamisme qui aurait pu rendre l’espoir et dissuader les électeurs désespérés de voter PS (vote utile, « Tout sauf Sarkozy ») ou FN (« Tous pourris ! »).

L’argument crapuleux selon lequel le Front de gauche et le Front national sont deux branches cousines du populisme aurait du mal à prospérer avec le soutien (non fusionnel) du NPA et de LO au Front de Gauche. Mais nous avons un éparpillement vertueux des candidatures.
La crise du capitalisme que nous traversons exige l’existence d’une Gauche révolutionnaire, capable d’en expliquer la nature, le contenu et l’évolution. Capable d’accompagner un puissant mouvement populaire, non pour le diriger, mais pour le légitimer, le renforcer, l’accompagner.
Hors du PS (encore que des militants de base soient sincères et veulent le changement) des militants de cette« gauche révolutionnaire » existent. On en trouve au Front de gauche. On en trouve dans les organisations hostiles au Front de gauche. Ceux-là sont neutralisés, absents du rassemblement. Ils sont réduits « à faire du bruit avec leur bouche ». Mais je conviens qu’ils seront les principaux artisans de la victoire de 2080.

Pour conclure, je m’étonne de la tendance (déjà remarquée sur ce site dans un passé récent) à dévoyer les commentaires à des articles dénonçant le FN vers des critiques de la gauche de la gauche.

Rien à dire contre Marine le Pen. Pas dangereuse ?

13/01/2012 à 15:35 par babelouest

@ Touzensemble
Pas mal votre tour d'horizon. Cependant, quand vous parlez des réalisations de la gauche en 81, et que vous ajoutez "Tout n'a pas été perdu", considérez-vous comme sans importance que ce soit la même majorité dite "de gauche" qui ait démoli tant de constructions encore fraîches ? Comme si elle en était honteuse...

Les radios locales privées le sont tellement, que ce ne sont plus pour l'essentiel que des antennes multiples de la même antienne nationale consumériste et droitière. Disparues, les vraies radios locales associatives faute de soutien et de volonté politique.

La majorité de gauche a très largement, bien plus que la droite, privatisé les activités essentielles, les "bijoux de famille" de notre pays, engraissant des actionnaires tout heureux de l'aubaine.

Cela, c'est l'œuvre de la majorité dite de gauche, à quoi il faut ajouter les démantèlements qui ont suivi. Les salaires ne suivent plus l'augmentation du coût de la vie. L'éducation est sinistrée partout, dans les ZEP et ailleurs. La "semaine des 35 heures" est si efficace, que selon les statistiques nous sommes dans le peloton de tête des heures annuelles réellement ouvrées. Au point que le travailleur français est considéré comme l'un des plus efficaces.

Alors, bien sûr comment pourrait-on envisager un Front de Gauche élargi, où le PS se taillerait la part du lion avec le PCF, presque aussi co-responsable ? Le PS a choisi son camp, en particulier son candidat qui ne prendra que ce qui l'intéresse dans le programme élaboré et voté par le parti. C'est lui qui l'a dit, avec d'autres mots. Voilà où nous en sommes.

1 commentaire:

  1. Tu as très bien fait de reprendre cet extrait de yapadaxan. Éloquent !
    Mais j'ai eu du mal - en partant de nom original, comme ses écrits ! - à comprendre que tu citais en fait l'un des commentaires de l'article de LGS, excellent d'ailleurs, comme la plupart des autres commentaires, dont les tiens...
    Allez, on le tient, et à l'oeil, le bon et vigilant !

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