Il y a des années que je réfléchis à ce dilemme. Chacun peut se suicider, et parfois se rater. Ce n’est pas un droit, mais une liberté fondamentale. En revanche, si la personne, consciente mais physiquement incapable, veut s’appliquer cette liberté, la loi interdit de l’aider parce qu’elle considère cela comme un meurtre. En l’occurrence, j’accuse la loi du qualificatif de tortionnaire. La seule solution est bien l’aide externe. En revanche, ce n’est pas au médecin de l’appliquer, en aucun cas. Il peut guider, expliquer, témoigner, mais son rôle s’arrête là.
Je reprends ce que j’avais déjà énoncé de nombreuses fois, et que je considère comme la "bonne" procédure. Celle que ne veut à aucun prix le député Jean Léonetti. Le malade demande de façons réitérées, par écrit s’il le peut, par oral devant plusieurs témoins médicaux et non-médicaux s’il ne peut plus, à en finir avec la vie en raison de son état. L’un des témoins en prend acte (ce peut être un huissier de justice, pour éviter toute équivoque) par un compte-rendu. Le corps médical apporte le nécessaire, et c’est un témoin non-médical, de la famille ou non, qui administre le produit. Le compte-rendu de toute l’opération terminé, tous les témoins signent, afin d’attester que la personne qui a accompli l’acte n’a été que le bras du patient. Si le patient est mineur, les parents de celui-ci doivent être présents, mais ne pas s’opposer à la volonté de celui-ci, ni dans un sens, ni dans l’autre.
Je l’admets, c’est une procédure un peu lourde, mais qui a le mérite de la clarté. Elle ne peut concerner qu’un nombre de personnes assez réduit par an, cependant cela peut éviter des aberrations comme le cas Humbert. Compte tenu de son aspect compliqué et procédurier, elle ne peut qu’éviter des dérives.
Mesdames, Messieurs les parlementaires, à vous maintenant.
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