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jeudi 28 janvier 2016

Le néolibéralisme, c'est la bureaucratie totale (2ccr)

Dans le Grand Soir vient de paraître un article particulièrement pertinent sur la façon dont sont gérées choses et personnes, dans une aberration endiablée, et perversement naïve. Je vous laisse le découvrir ici.

27 janvier 2016

Le néolibéralisme c’est la bureaucratie totale

2ccr

Paperasse et formulaires ont envahi nos vies, et de plus en plus de gens pensent que leur travail est inutile, n’apportant aucune contribution au monde. Malgré ce que martèlent les ultralibéraux, ce n’est pas la faute de l’Etat et de ses fonctionnaires, mais celle des marchés et de leur financiarisation.

« Toute réforme pour réduire l’ingérence de l’État aura pour effet ultime d’accroître le nombre de règlementations et le volume total de paperasse », explique ainsi David Graeber, anthropologue états-unien et tête de file du mouvement Occupy Wall Street, dans son nouvel ouvrage Bureaucratie.

Il suffit de mesurer le temps que nous consacrons à remplir des formulaires. Quelqu’un a calculé que les citoyens étasuniens passent en moyenne six mois de leur vie à attendre que le feu passe au vert. Personne n’a calculé combien de temps nous passons à remplir des formulaires ! Peut-être une année entière... C’est la première fois dans l’histoire que nous atteignons ce niveau de bureaucratie.

Le sociologue Max Weber affirmait déjà que le XIXe siècle avait inauguré l’ère bureaucratique. Mais aujourd’hui, la différence, c’est que la bureaucratie est à ce point totale que nous ne la voyons plus. Dans les années 1940 et 1950, les gens se plaignaient de son absurdité. Aujourd’hui, nous n’imaginons même plus une manière d’organiser nos vies qui ne soit pas bureaucratique ! Ce qui est également nouveau, c’est la création de la première bureaucratie planétaire. Un système d’administration que personne n’identifie pourtant comme une bureaucratie, car il est surtout question de libre-échange. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ? La création de traités internationaux et d’une classe entière d’administrateurs internationaux qui régulent les choses, tout en appelant ce processus « dérégulation ».

C’est amusant, parce que ça me rappelle un truc, que j’ai dû lire je ne sais pas trop où, il y a au moins 20 ans, qui affirmait que les dérégulations thatchériennes au Royaume Uni, et en particulier la privatisation des services publics (électricité, gaz, chemins de fer...), avaient eu pour effet l’embauche d’une pléthore de fonctionnaires pour vérifier que la libre concurrence et la main invisible « du dit marché » jouait bien son rôle d’allocation optimale des ressources !

De même, il faudrait vérifier, mais il semble bien que la libéralisation administrative de nos hôpitaux (paiement aux soins pour mesurer la rentabilité d’un hôpital, concept complètement abscons digne d’un énarque ultralibéral caricatural), a entrainé l’embauche de plus de personnel administratif que de personnel soignant nécessaire au bon fonctionnement des dits hôpitaux, le personnel administratif en question n’ayant eu de cesse de rogner les embauches et conditions de travail des personnels soignants afin de financer sa propre utilité administrative, il me semble. Je ne suis pas familier de ce milieu, mais c’est ce que j’en perçois, et ce que j’ai compris de la révolte de l’APHP.

Dans de nombreuses « grandes » entreprises, il y a de plus en plus de personnels administratifs par rapport aux personnels qui travaillent sur les chantiers ou dans les ateliers. Il y a 30 ans, dans un service ou un atelier, pour une quinzaine d’ouvriers, de salariés ou d’employés, vous aviez un chef d’équipe, lui même chapeauté par un contremaître, qui chapeautait 3 ou 4 services avec l’aide d’un assistant et d’une secrétaire. C’est à dire que pour 45 à 60 personnes qui travaillaient et produisaient réellement de la « richesse » il y avait 5 à 6 personnes pour manager, organiser, contrôler. Les rapports entre les salariés et les chefs d’équipe étaient rapides et simplifiés, comme les rapports entre les chefs d’équipes et le contremaitre. Les réunions entre ces intervenants étaient régulières et concrètes.

Aujourd’hui on a l’impression que le nombre de ceux qui produisent réellement les richesses a chuté, alors que les chefs, sous chefs, contremaîtres, directeurs techniques, ou de communication, directeurs transversaux ou longitudinaux a explosé. Concrètement, s’il y avait 1 personne non productive pour 10 productives, maintenant il y a 4 personnes non productives pour 10 productives. Les réunions sont de plus en plus nombreuses et débouchent de moins en moins sur du concret, si ce n’est pour définir la date de la prochaine réunion et bien sûr des rapports de réunion en X exemplaires, corrigés, annotés et enfin édités et classés dans leurs versions finales.

Et je m’interroge depuis longtemps sur la nécessité de toutes ces écoles de commerce plus ou moins bidons qui délivrent (vendent ?) les diplômes idoines pour effectuer ce genre de tâche, Ô combien nécessaires, bien sûr... Même les armées ne sont pas épargnées, si il y a quarante ans il fallait trois personnes a « l’arrière » pour un soldat au front, aujourd’hui on est a un ratio de sept pour un !

D’ailleurs, je perçois une réelle convergence entre le système néolibéral et le système soviétique. Obsession de la gestion “scientifique” et de l’évaluation (flicage), avec l’inflation bureaucratique nécessaire à ces contrôles permanents. “надо выполнить план”, “Nada vypolnits’ plan”, expression bien connue de l’époque soviétique : Il faut accomplir le plan. Il faudrait même dire les normes du libéralisme façon soviétique. Nous avons importé la bureaucratie, apanage de la méthode soviétique, alors que la Russie s’en libère !

Tout cela ayant en partie pour cause une absolue méfiance envers l’honnêteté des employés, qui, bien sûr, ne peuvent faire un travail convenable que sous la contrainte, les sociopathes qui nous dirigent, n’imaginant pas une seconde qu’un employé puisse effectuer correctement sa tache sans un système de répression centralisé (cette bande de cinglés voyant le monde à son image).

Résumer en une phrase cette situation ubuesque serait : « comment employer une moitié de la population à surveiller l’autre moitié pour vérifier qu’elle travaille bien selon les normes du libéralisme ». Bienvenue chez les fous, ou les fameux Shadoks ! Bienvenue dans le futur ! Wells, 1984, Huxley, le monde parfait... vous connaissez ? On y va droit dedans avec en primes des améliorations auxquelles je n’ose pas penser !


« Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants ; c’est l’indifférence des bons »... Martin Luther King

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vendredi 22 janvier 2016

La propagande US se déchaîne

Pour les fêtes, on m'a offert la série Occupied, série norvégienne certes. Cela commence bien, ce n'est même pas correctement traduit en français, alors que rien ne l'empêchait.

J'ai noté à quel point cette idée de départ est perverse. L'OTAN, ce sont les États Désunis de l'Amérique du Nord. En fait foi le fait que le commandant en chef de cette entité dont les quartiers sont près de Mons en Belgique (pas si loin de Waterloo....) a toujours été un général ou un amiral issu du Pentagone, jamais des autres "membres". Or cette série présuppose que le moteur de cette organisation s'en serait retiré. C'est fort peu vraisemblable.

Il s'agit, dans le sujet, d'une question d'énergie, de nucléaire "propre" (le thorium est apparemment moins dangereux que l'uranium), de gaz et de pétrole qui abondent au large de la Norvège. Une nouvelle majorité au Parlement norvégien a décidé et construit une centrale au thorium, et se prépare à en installer d'autres, quitte à faire l'impasse sur le pétrole et sa pollution. Or dès qu'on parle d'énergie, Uncle Sam le rapace est au premier rang pour exiger, pour contrôler, pour dicter SES lois, qu'elles soient conformes au droit international, ou non. La série fait l'impasse là-dessus, et indique que non, cette fois, les stratèges de Washington ne sont pas intéressés, détournent la tête, jouent les sainte Nitouche.... C'est toujours fort peu vraisemblable.

A partir de là, si le spectateur accepte ces prémisses pour le moins curieuses, tout s'enchaîne. Privés du pétrole et du gaz norvégiens, aux robinets fermés pour cause de production électronucléaire conséquente, les pays de l'union européenne se déchaînent contre le fautif, qui rappelons-le, ne fait pas partie du groupe. Sans l'appui US, ils se tournent pour rappeler à l'ordre le délinquant, vers le gouvernement russe. Celui-ci, par touches successives, réussit à prendre pied progressivement en Norvège sans qu'un seul soldat en uniforme ne pénètre dans celle-ci.

Là encore, si un coup de semonce russe peut à la rigueur se concevoir, cela peut en rester là. Or il est clair qu'il s'agit bien d'une invasion allant bien plus loin que le contrôle des puits en mer de la Norvège. On sait que la Russie regorge de ce genre d'article, et n'a pas besoin d'envahir qui que ce soit pour cela. On sait également que la Russie défend avec véhémence son propre territoire, mais n'a aucune visée expansionniste.

Tout est fait pour détourner l'attention des spectateurs de la mainmise mondiale de Washington sur toute la politique de tous les autres pays. Tout est fait pour donner un bouc émissaire, la Russie, celle qui dérange Uncle Sam parce que justement elle lui interdit de se mêler de sa propre politique. Nous sommes bien dans un prolongement européen de la propagande hollywoodienne incessante. C'est d'autant plus dangereux, que cette série est très bien réalisée. Qu'elle soit co-produite par Arte, peut indiquer de quel côté proviennent certains des investissements nécessaires. On notera d'ailleurs que quand l'union européenne s'exprime, c'est un ministre français qui se déplace à Oslo pour asséner les diktats de Bruxelles. Cerise sur le gâteau, quand le premier ministre norvégien est attaqué dans son bureau, où est-il évacué ? à l'ambassade de Washington, le sauveur, tiens donc.

Il convient de rester très vigilant, la propagande est toujours là pour inciter à penser le contraire des vraies données, à ne pas voir d'où viennent les vrais dangers.