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samedi 23 novembre 2013

Miko Tsukamoto témoigne de la tragédie de Fukushima (témoignage reçu grâce au Blog de Fukushima)

transport du premier container
A Fukushima, rien n'est résolu encore. Seul progrès, un premier container de 22 assemblages de combustible neuf a pu être extrait du réacteur N°4. Celui-ci en contient 1511, dont 1100 environ sont de produit usé, donc très dangereux et très radioactif. Si tout va bien, ce transfert dans une piscine de longue durée prendra plus d'un an. Mais personne n'en parle plus, ni des fuites qui surgissent de partout, ni des risques d'effondrement en cas d'un nouveau séisme d'importance. Tout le Japon est concerné par les retombées, en particulier des cendres de déchets : car les autorités, ces malheureuses, continuent à incinérer sans vraies précautions ces déchets dont elles ne savent que faire, et les vents font le reste, polluant la nourriture, pénétrant dans les poumons. Quant aux déchets incinérés mais toujours un peu radioactifs, ils sont incorporés dans des dalles de ciment, dans les routes... Vous étiez au courant ?

En quelque sorte, le Monde a déjà passé le Japon entier pour profits et pertes. Une pensée pour ceux que nous connaissons, et qui vivent désormais là-bas depuis des années. Et bien entendue la pensée envers tous les autres, ceux que nous ne connaissons pas, ne doit pas quitter notre esprit.

Japon = Titanic : mais , ô horreur, les humains vont assister petit à petit à un navire qui sombre pendant que les officiers de bord, mais aussi tous les autres capitaines, ne font rien. Il y a peut-être une raison à ce cynisme : s'agissant d'un pays doté d'une telle population, ils ont déjà considéré qu'ils ne pouvaient rien faire. Ce n'est pas vrai bien sûr : évacuer tous les enfants, au moins, serait encore possible. Je suis persuadé que bien des personnes seraient prêtes à les accueillir. Mais une évacuation de dix ou vingt millions d'enfants coûte cher, et les chefs d'États ne veulent pas payer. Alors on ne dit rien, et une belle civilisation, très délicate, va disparaître. Dans cinquante ans, il n'y aura plus de Japon.

Et pendant ce temps-là, une autre centrale aura fait des siennes : peut-être en France, qui sait ! Et probablement l'une de celles qui existent actuellement.

Tout cela est vrai. Le cynisme ou la résignation prédominent. Pourtant quelques-uns ou quelques-unes se battent toujours. Voici un témoignage, recueilli et transmis grâce au Blog de Fukushima. Il est dur !


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19 novembre 2013
Miko Tsukamoto témoigne de la tragédie de Fukushima
Miko Tsukamoto vivait dans la ville d'Iwaki, à 42 km de la centrale de Fukushima Daiichi, avec son mari et ses deux enfants. Après avoir longtemps hésité, elle a décidé de déménager avec sa famille à KitaKyusyu, dans la préfecture de Fukuoka. Elle est depuis très engagée dans une association qui tente d'enseigner aux résidents les notions élémentaires pour se protéger de la radioactivité.
Dans une vidéo mise en ligne à la fin du mois d'octobre, elle dénonce les informations erronées diffusées par les autorités et par les médias. Elle témoigne surtout de son ignorance passée et de la nécessité de s'informer et d'agir pour protéger ses enfants.
Des informations officielles erronées

Depuis le début de la catastrophe qui a affecté la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, les autorités japonaises n'ont eu de cesse de minimiser les répercussions pour les populations, en faisant croire que la vie en territoire contaminée était possible. Les réfugiés qui ont du fuir la zone d'exclusion sont d'ailleurs maintenus dans l'illusion d'un retour prochain, empêchant la plupart d'entre eux de reconstruire une vie ou du moins un foyer digne de ce nom. Pour ceux qui vivent dans les zones les plus contaminées, aucune compensation financière n'est prévue et le Fukushima Collective Evacuation Trial n'a toujours pas réussi à obtenir justice devant les tribunaux japonais.
Relevé de radioactivité dans un parc de Fukushima : la mesure officielle indique 0,186 μSv/h alors que le Radex enregistre 0,49 μSv/h.

Dans ce contexte, il est toujours extrêmement difficile pour ceux qui souhaitent se protéger d'obtenir des informations fiables. Les mesures de radioactivité officielles sont régulièrement suspectées d'être minimisées pour rassurer artificiellement la population.

La semaine dernière encore, une jeune maman postait un article sur le site Internet de l'association World Network For Saving Children From Radiation pour dénoncer les écarts entre les mesures de radioactivité officielles et ses propres mesures dans les parcs de la ville de Fukushima.
La connaissance comme seul moyen de protéger ses enfants

Face à ce constat, de nombreux citoyens japonais se sont organisés pour procéder à leurs propres mesures de radioactivité, comme par exemple pour analyser la nourriture au sein de laboratoires citoyens. D'autres se regroupent en associations pour apprendre et aider leurs concitoyens à trouver les informations nécessaires pour se protéger efficacement. Face à la perte de légitimité d'une grande partie des autorités politiques, mais aussi médicales (rappelons que le Professeur Shunichi Yamashita, président de l'Association Japonaise de la Thyroïde et Conseiller de la préfecture de Fukushima pour les risques radioactifs, considère que les gens qui sourient sont moins affectés par les radiations), les citoyens japonais n'ont d'autres ressources que d'apprendre par eux-mêmes.

L'artiste japonais 281_Anti nuke dénonce aussi le mensonge officiel qui entoure la tragédie de Fukushima.
C'est toute la force du témoignage de Miko Tsukamoto, qui vient rappeler la difficulté pour les personnes qui vivent au Japon de trouver des informations fiables. Elle témoigne aussi et surtout de la difficulté de résister à la pression sociale pour faire entendre une voie différente et affirmer ses propres positions face au discours ambiant. Dans l'introduction de son témoignage, Miko Tsukamoto précise qu'elle n'a pas pu tout dire, car la vérité est tellement dure que certains refuseraient de la croire. C'est ce qu'elle nomme "la tragédie de Fukushima" : la réalité est tellement insupportable qu'il n'est pas possible de la dire entièrement...
Vidéo du témoignage de Miko Tsukamoto

La vidéo est en japonais, sous-titrée en anglais. La traduction française se trouve sous la vidéo.

Le témoignage de Mme Tsukamoto est accompagné d'un texte introductif :
"J'essaie de me limiter à décrire ce que j'ai vu ou vécu personnellement, ou à ce dont j'ai parlé avec une autre personne. Donc c'est assez limité.

Honnêtement, je pourrais parler indéfiniment des problèmes de santé qui ont nécessité un traitement médical. Par exemple, je pourrais parler du cousin d'une connaissance qui a eu un bébé plusieurs mois après le séisme - ce bébé est né avec un trou dans le cœur. Ou d'une connaissance, de ma sœur et de son mari, et d'un autre parent qui ont tous eu un cancer et ont dû subir une intervention chirurgicale. Et il y a eu près de 20 «Nii-bon» l'année dernière [service célébrant les morts de l'année précédente].

Il y aurait de nombreux cas similaires à partager, mais je les omets à dessein - sinon les gens me traiteront comme si j'étais "mentalement affectée" par les radiations. Je ne peux pas en parler, même si je le voulais. C'est la tragédie de Fukushima."

Miko Tsukamoto
Réseau pour la protection des enfants du Kitakyu




Témoignage de Miko Tsukamoto, évacuée de la ville d'Iwaki
"J'ai évacué volontairement de ma ville natale d'Iwaki pour la ville de Kitakyushu en janvier dernier, à cause de la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima du 11 mars. Aujourd'hui, je voudrais parler de ce que j'ai vu, vécu et ressenti pendant les 9 mois avant mon déménagement à Kitakyushu, ainsi que de ma situation actuelle.

Je vivais dans la ville d'Iwaki, à 42 km de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Je donnais des leçons de piano et mon mari travaillait comme employé municipal. Avec nos 2 enfants et mes étudiants, nous vivions heureux. Après le 11 mars, notre vie a complètement changé .

La partie nord d'Iwaki était dans la zone des 30 kilomètres, mais le maire a créé l'expression de "rumeur nocive", et la zone d'exclusion a été étendue à notre secteur. Le niveau de rayonnement, qui était de 0,05 microsieverts par heure avant l'accident, est passé à 23 microsieverts. C'est 460 fois [le niveau normal].

Le Professeur Shunichi Yamashita de l'Université de Nagasaki a lancé une campagne de masse indiquant qu'un niveau de 100 millisieverts [par an] était sûr, et cela a été largement accepté par la télévision, les journaux, la radio, les écoles et les conférences. À l'époque, les écoles ont jugé que les activités de plein air étaient sûres, même si le niveau de radioactivité était de 0,5 microsieverts, 10 fois la valeur normale.

Comme 100 millisieverts étaient considérés comme "sûrs", les repas des écoles ont d'abord été préparés à partir de produits locaux (1 mois après l'accident). Nous avons travaillé dur pour recueillir des signatures pour annuler immédiatement la règle de la "production locale pour une consommation locale". Il a fallu attendre le deuxième semestre universitaire cependant pour que la commission scolaire reconnaisse la liberté de refuser les repas scolaires. En d'autres termes, ceux qui ont fait confiance au "principe de sécurité" ont continué à laisser leurs enfants manger les repas scolaires. Il était inutile d'essayer de discuter avec l'école ou les enseignants.

Le niveau de radioactivité extérieur n'est pas cohérent. A dix centimètres de distance, il peut varier de 2-3 microsieverts à 5 microsieverts, ce qui représente 46 fois à 100 fois le niveau de tous les jours. Ce que je n'arrivais pas à comprendre, c'est le fait que les employés municipaux et les enseignants n'ont rien fait pour protéger les enfants contre l'exposition à la radioactivité.

Maintenant, parlons du moment où la centrale nucléaire a explosé. Notre maison n'a subi que des dommages minimes du tremblement de terre du 11 mars. Mais nous n'avions plus d'eau courante dans Iwaki pendant 20 jours. Mes enfants et moi avons fait la queue pendant deux heures le lendemain pour obtenir notre approvisionnement d'eau au camion de distribution.

La première explosion a eu lieu le 12 mars. Les données que nous avons vues plus tard indiquaient 23 microsieverts, 460 fois le niveau normal. Il n'y a eu aucune annonce publique locale pour nous prévenir de rester à l'intérieur, et nous sommes restés dehors pendant 2 heures entières, ignorant l'explosion.

On nous a dit que le Japon était sûr, mais les tests sanguins ont montré que mes deux enfants et moi avons des problèmes de thyroïde, et mon fils a une pustule de 5 millimètres. De nouvelles études disent maintenant que le cancer de la thyroïde est une maladie liée au mode de vie. Si nous développons un cancer, je suspecte que l'on va nous dire que c'est à cause d'une négligence et que le gouvernement refusera d'admettre tout lien avec l'exposition à la radioactivité.

Je voulais que mes enfants aient une anthropogammamétrie [analyse de la radioactivité du corps permettant de déduire la contamination interne, aussi appelée whole body counter] immédiatement après l'explosion. Mais je n'ai pas pu trouver une seule installation qui nous admette. Certaines personnes sont allées aussi loin que Tokyo pour se faire examiner, mais n'ont pas pu obtenir leurs propres données. J'ai appelé plusieurs endroits pour vérifier, mais aucun d'eux ne fournissait les données. J'ai donc fait une enquête au sujet des tests sanguins pour vérifier l'état de la thyroïde, et j'ai été choquée d'entendre qu'il n'y aurait pas d'examens de la thyroïde en masse à Iwaki. J'ai demandé à la préfecture de Fukushima comment je pourrais obtenir des preuves sur l'endroit où nous avons été exposés aux rayonnements, et on m'a dit que "il n'y a aucun moyen".

Mon mari est employé municipal. Il a dit que s'il y avait quelque chose à savoir, il aurait un accès immédiat à ces informations. Mais personne ne nous a informé de l'explosion et mes deux enfants et moi avons été exposés à la radioactivité alors que nous étions à l'extérieur. Mon mari a traité un flot d'appels téléphoniques, même s'il n'a nulle connaissance de la radioactivité, et il a pratiquement mémorisé le contenu des documents distribués par le gouvernement.

Cinq mois après l'accident, le niveau de radioactivité annoncé par la municipalité d'Iwaki était de 0,12μSv par heure. Mais quand j'ai emprunté un compteur Geiger de l'hôtel de ville, je me suis rendu compte que c'était en fait entre 0,24 et 22,14μSv par heure. Des bénévoles ont inspecté les arbres taillés et le sol, et le niveau de radioactivité était de 20 000 Bq / kg. Après avoir vu ces chiffres de radioactivité, mon mari et moi avons tous deux convenu que le gouvernement n'allait pas pour nous protéger.

Par exemple, l'eau du robinet est "ND" [non détectable] selon le site officiel de la ville d'Iwaki. J'ai donc demandé des données sur les radionucléides tels que le strontium et le plutonium, mais on m'a refusé l'accès à ces informations détaillées sur le motif que cela pourrait "perturber les résidents". Au lieu de cela, ils nous ont donné un document expliquant que l'iode et le césium n'étaient "pas dangereux". Cela m'a rendu furieuse parce qu'ils profitaient de notre manque de connaissance.

Ma décision d'évacuer a moins à voir avec la peur des radiations qu'avec l'attitude du gouvernement et des écoles, les mesures de radioactivité que nous avons vu de nos propres yeux, et les problèmes de santé dont ma famille a commencé à souffrir : diarrhée tous les jours, saignements de nez, aphtes, excroissances anormales à l'intérieur du nez... Ce sont les symptômes que ma famille et mes amis ont commencé à ressentir après l'explosion de la centrale nucléaire. J'ai réalisé beaucoup plus tard qu'il y a des problèmes de santé autres que le cancer qui peuvent être causés par la radioactivité.

Ce que l’État annonce est différent de la réalité. L’État espère évidemment que les gens n'accepteront aucune violation de la loi, tandis que les employés publics ne font que suivre les ordres d'en haut. Le système d'information publique vise à nous tromper avec des informations déformées - rien n'est divulgué et rien n'est mis sous forme écrite, le tout pour gagner du temps.

Les écoles ne protègent pas leurs élèves, nos enfants. Ils sont impitoyables envers les parents et les tuteurs qui sont préoccupés par cette radioactivité. Si je fais un panier repas pour protéger mes enfants de l'exposition à la radioactivité, ils sont victimes d'intimidation par d'autres camarades de classe. Même lorsqu'il y a eu violence physique, l'école n'a rien fait pour réprimander les intimidateurs et leurs parents, mais a préféré m'appeler pour m'"apprendre" à ne pas réagir de façon excessive à la radioactivité.

J'ai décidé d'évacuer quand ma fille a développé une phobie scolaire. J'ai essayé de chercher des solutions pour continuer à vivre à Iwaki et j'ai envoyé de nombreuses lettres de demande au gouvernement, mais je n'ai obtenu que des réponses évasives. J'ai essayé de convaincre mes parents âgés d'évacuer, mais ils ne voulaient pas quitter leur ville natale. Mon mari pensait que c'était suffisamment sûr. Ma belle-mère refusait que nous évacuions et disait que je "dépassais les bornes". Je me suis battue contre le gouvernement, j'étais en détresse, et quand mes parents m'ont dit de considérer le bien-être des enfants d'abord, j'ai choisi d'évacuer à Kitakyushu, en laissant mon mari et mes parents âgés à Fukushima.

Comme je vous l'ai dit, ce que disent les médias et les faits sont 2 choses tout à fait différentes. L'autre jour, un rapport intermédiaire sur l'élimination des déchets industriels a été rendu public. Il déclare qu'une entreprise de Fukushima a accepté la boue et la poussière contaminée de Fukushima, Ibaraki, Yamagata et même Kanagawa. Cette société a commencé à fonctionner avant que la ville de Kitakyushu accepte de recevoir des débris, et continue de le faire maintenant. Il y a un tollé concernant l'acceptation des débris, et pourtant les substances radioactives sont incinérées sans rechigner, même s'il n'y a pas de filtre à particules fines installé.

Les médias sont préoccupés par les polluants atmosphériques PM2,5 [particules fines de moins de 2,5 micromètres de diamètre] en provenance de Chine, mais est-ce vraiment vrai ? Les usines de traitement des déchets industriels et les usines de ciment de Kitakyushu recyclent la cendre de charbon de Fukushima. Selon un document officiel de Kitakyushu, la pollution en PM2,5 a été multipliée par plus de 230 fois en avril de l'année dernière, et le niveau a souvent dépassé 100 fois durant les autres mois. Il ne fait aucun doute que la pollution provient du Kyushu ; en d'autres termes, c'est "domestique".

Ce qui est arrivé aux habitants de Fukushima va bientôt affecter tous les Japonais. Je pense que ça va commencer à cause de l'air que nous respirons et de la nourriture que nous mangeons. L'autre jour, il y avait un article dans un magazine d'information local "Donna Mamma" avec les déclarations faites par des professeurs et conférenciers d'université ainsi que par des agents administratifs qui soutiennent que le niveau de radioactivité n'est pas une menace. L'affirmation selon laquelle le niveau de radioactivité n'est pas dangereux est complètement répandue au Japon.

Alors que certains disent que la radioactivité s'est "dispersée" et que nous sommes maintenant en sécurité, les gens sont en fait en train de mourir à Fukushima. Le lendemain de la mort de mon cousin, le mari de mon amie est décédé. Je ne dis pas que tout est causé par les radiations... Mais il y a l'exemple de Tchernobyl...

L’État refuse de l'admettre. Mais nous avons le "droit de choisir" - à partir de ce que nous entendons et voyons, et en examinant les deux arguments selon lesquels la radioactivité est dangereuse ou pas.

Je n'étais pas au courant des dangers des centrales nucléaires, et c'est la raison pour laquelle je me trouve dans la situation actuelle. J'étais ignorante du fait que la radioctivité ne disparaît pas simplement et je tentais de décontaminer l'avant de ma maison - tout en inhalant de l'air contaminé.

Il y a des gens qui vivent à Fukushima, en ce moment. Ils disent tous :
"Nous sommes des cobayes après tout, et si nous essayons d'évacuer nous ne serons pas en mesure de gagner notre vie car il n'y a pas de compensation du gouvernement."
"Je ne veux pas perdre mon style de vie."
"Si l’État dit que c'est sans danger, alors c'est sûr."
" Beaucoup de gens sont en train de mourir , hein ?"
" Il n'y a rien que nous puissions faire, c'est inutile, alors pourquoi s'embêter ?"
"Je ferais mieux de me concentrer sur des choses positives."
Et ils continuent leur décontamination, mais les eaux usées contaminées se transforment en boue et en cendres d'incinération, qui à leur tour produisent des déchets hautement radioactifs. Les gens refusent de faire face au fait qu'ils finiront par revenir les hanter
.

La décontamination est inutile. Je l'ai essayée moi-même et je le sais. Le niveau diminue de 0,5 à 0,2, puis revient à 0,5 deux semaines plus tard. C'est la réalité. Où vont ces énormes quantités de sols pollués après la décontamination ? Si l’État voulait gérer de façon responsable les déchets, ils les auraient fait prendre en main par des entreprises d'élimination des déchets industriels ... mais là encore, ils seront recyclés en ciment, en poteries et en boues, et finiront par nous revenir.

C'est important pour nous de nous reposer et de récupérer, mais cela n'aidera personne de manière fondamentale. Je crois que la seule façon de nous en sortir est de mesurer les niveaux de radioactivité et de divulguer les faits, ce qui garantit une compensation suffisante, et ensuite permettre aux résidents de Fukushima de prendre leurs propres décisions.

Ne dispersez pas la radioactivité, mais contenez-là à l'intérieur de Fukushima. Le tombeau de mes ancêtres est à 2 kilomètres de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. S'il vous plaît, laissez les déchets radioactifs là-bas. Il y a beaucoup de résidents de Fukushima qui pensent ainsi, bien qu'ils y aient des tombes d'ancêtres, des maisons ou de grandes propriétés terriennes. Mais ils sont ignorés.

En mars de cette année, je suis allé au village de Samekawa dans la préfecture de Fukushima pour arrêter la construction d'une installation expérimentale d'incinération de paille de riz, dans laquelle on a mesuré un niveau de radiation de 8 000 bq[/kq]. Une conférence de presse était prévue et tout ce que nous avions à faire était de soumettre certains papiers, mais au dernier moment, un individu qui était ostensiblement contre la construction est intervenu et nous a empêché de continuer. Un opposant s'est avéré être un partisan. C'est la réalité que j'ai vécue.

Même pendant la campagne contre l'acceptation de débris contaminés à Kitakyushu, il était convenable de s'inscrire à la manifestation, mais pas de soutenir la conclusion de l'accord sur la prévention de la pollution.

J'avais entendu dire que notre dernier espoir était une réclamation de la coopérative de pêche de Kitakyushu, mais quand nous avons demandé à voir le document officiel, j'ai découvert que la coopérative n'avait pas présenté de réclamation. Ou plutôt, la «réclamation » n'a pas été faite en termes clairs. Les manifestants se réunissaient dans le village de tente après que l'incinération des débris contaminés ait commencé, et pendant ce temps, je me rendais auprès d'un certain nombre d'associations de pêche pour leur demander de déposer une "réclamation", mais seulement 2 ont accepté de me rencontrer, et aucune d'entre elles n'a fait de réclamation.

Si seulement une seule association avait déposé une réclamation, ou si seulement 2 résidents vivant à proximité de l'incinérateur avait fait une demande d'accord sur la prévention de la pollution... Il y avait tellement de pression pour empêcher les gens de prendre de telles mesures, et moi, évacuée de Fukushima, je me sentais en situation d'échec. Après avoir vu la réalité de cette prétendue campagne de "protestation", j'ai perdu tout espoir que Fukushima ne soit jamais "sauvée".

Tout comme le mensonge éhonté qu'un filtre à particules fines peut éliminer pratiquement 100% du césium, je pense que [le gouvernement] va installer un filtre HEPA et déclarer que Fukushima est sûr, puis construire des usines d'incinération à 8 000 bq[/kg - taux de radioactivité dans les cendres d'incinération] à travers le Japon et des centrales biomasses utilisant le bois de Fukushima.

L’État a beaucoup d'argent pour empêcher les gens de poser des questions en manipulant les médias, créer une certaine «humeur» dans le pays en publiant de fausses informations, et soutenir des campagnes pour convaincre ceux qui ne sont d'accord, et "encore une fois, nous nous retrouvons sans le savoir par n'être qu'une partie du troupeau".

Ce que je crois être un véritable lien ne peut être fait en suivant aveuglément les paroles de ceux qui sont "au sommet". Au contraire, il s'agit de nous apprendre les uns aux autres ce que nous ne savons pas, en partageant l'information et en continuant d'apprendre, puis en passant cette connaissance à ceux qui nous entourent. Avec plus de courage, nous pouvons informer les associations de pêcheurs et les personnes résidant à proximité des installations d'élimination des déchets, des incinérateurs de déchets industriels et des cimenteries - établissements que l’État va tenter d'influencer et de contrôler.

De la même façon que la ville de Kitakyushu a organisé des "rencontres explicatives pour une personne" pour le président de l'association des résidents quand ils ont décidé d'accepter les débris, nous avons besoin de "sessions d'étude pour une personne" pour les résidents locaux, car c'est la seule façon de protéger nos enfants.

J'ai été trompée par les médias et cela a permis que mes enfants soient exposés aux radiations. Parce que j'étais ignorante et que je n'avais que des connaissances superficielles, je ne pouvais pas protéger mes enfants, malgré que nous ayons évacué. La seule chose que je peux faire, c'est dire aux autres ce que j'ai vécu. J'espère que cela vous aidera à faire les bons choix. Si cela est possible, apprenez et partagez avec les autres.

Ne vous trompez pas sur les faits. Les faits deviendront évidents si vous avez le courage et prenez l'initiative de penser et d'agir par vous-même.

Notre dernier espoir se trouve dans la municipalité locale. Nous devons commencer par "l'éducation de résidents", puis la formation des enseignants et des employés municipaux par des résidents informés. C'est le seul choix que nous ayons. J'ai appris de première main qu'il n'y a aucun moyen de protéger mes enfants tant que je n'agis pas, quel que soit le fardeau que cela puisse représenter.

Peu importe ce que cela me coûte de prendre soin de mes enfants, j'espère continuer à faire du mieux possible."

Ce texte a été traduit depuis sa version rédigée en anglais. Il s'agit donc de la traduction d'une traduction, ce qui peut entraîner de légers écarts avec l'original.

Vous pouvez retrouver la version écrite en japonais ici et la version écrite en anglais ici.

jeudi 21 novembre 2013

"La pensée est le langage de la vie réelle" (Karl Marx) - Le Grand Soir

Grâce au Grand Soir, découvrons ensemble les arcanes de la pensée, de son siège, de ses mécanismes : en avoir cette connaissance aide à comprendre bien des situations. L'auteur du texte nous amène à des découvertes surprenantes.


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20 novembre 2013

"La pensée est le langage de la vie réelle" (Karl Marx)

Yann LARGOEN

Digressions iconoclastes sur l’autonomie conquérante et autres sujets qui fâchent ... Mais au fait, d’où nous viennent nos idées ?

Voilà une question intéressante en soi, mais plus encore pour ceux qui entendent faire partager leurs idées au grand nombre dans une visée politique. La réponse qu’apporte le sens commun à cette question est que notre esprit ferait une sorte de tri entre toutes les idées disponibles et assemblerait méthodiquement, avec une sorte d’honnêteté intellectuelle, celles qui seraient les mieux fondées, étayées et documentées.

La conséquence qui découle de cela est que pour diffuser nos idées, il faudrait se montrer imparable du point de vue de l’argumentation, batailler pied à pied pour démontrer l’infériorité objective des idées contraires, les battre aux points en quelque sorte, sur le ring de la Raison. Le débat politique serait alors une sorte de match sans fin entre les idées dont seules les « meilleures » d’entre elles auraient les plus grandes chances de sortir vainqueurs de la confrontation.

La victoire du non au referendum sur le Traité constitutionnel a ainsi souvent été présentée comme résultant de l’extraordinaire qualité critique des analyses du texte, menées notamment sur internet, lesquelles sont entrées dans chacun de ses détails techniques pour en montrer la nocivité. Cette vision, défendue le plus souvent par les militants sur-scolarisés qui avaient méritoirement mené ce travail à bien, est assez mal fondée.

Les analyses en question ont sans doute joué un grand rôle, mais davantage par l’image générale de sérieux qu’elles donnaient des partisans du non et surtout par le fait qu’elles ont en partie privé l’adversaire du choix des thématiques de campagne. Mais elles ont davantage mobilisé (et donc incité à voter) un électorat déjà largement hostile à l’Europe telle qu’elle se faisait, qu’elles n’ont réellement fait changer d’avis ceux qui y étaient foncièrement favorables.

D’ailleurs sur un plan plus général et personnel, si on veut bien se souvenir de la manière dont nos idées nous sont venues à nous-mêmes puis on grandi et évolué en nous, on se rend compte qu’au départ nos grandes options fondatrices ne doivent pas grand-chose à l’analyse intellectuelle de notre environnement, quelques soient les efforts que nous ayons produits en ce sens. Mais que cette analyse est venue dans un second temps du développement de notre conscience politique, pour justifier et conforter des options que nous avions déjà prises.

Car contrairement à une conception répandue, notre esprit n’est pas rigoureusement séparé entre des lieux où s’exercerait la pensée rationnelle, pesant et soupesant les arguments réfléchis pour en faire la synthèse et produire des idées, et d’autres lieux qui seraient ceux des émotions des sensations et des rêves, bref des sentiments.

Lorsque nous sommes d’accord avec quelque chose, c’est d’abord parce que cette chose nous plaît et nous séduit, parce qu’elle trouve sa juste place dans l’environnement émotionnel que nous nous sommes construit depuis notre enfance pour nous protéger de l’adversité, parce qu’on est raccord avec elle comme on dit, qu’elle nous donne du bien-être intérieur en quelque sorte.

Ce n’est que par la suite que notre cerveau va construire des théories pour créer des rapports entre toutes les choses qui nous font du bien, fabriquer ainsi des idées dont c’est comme la raison d’être de nous permettre d’en parler aux autres dans un langage commun les faisant réagir, et ainsi peut-être de conforter nos sentiments pour se sentir mieux encore au monde.
Tant et si bien que sous cet angle aussi, pourtant très éloigné de ce que voulait signifier Marx « la pensée est le langage de la vie réelle ».
Mais au fond de nous-même et sans savoir pourquoi, quelque chose nous dit que c’est mal, on préfèrerait qu’il en aille autrement, que les idées ne soient pas polluées par les sentiments et c’est pour cela qu’on s’obstine dans cette croyance en leur caractère purement intellectuel et d’une certaine façon en leur altérité au sein de notre altérité. C’est peut-être parce qu’on nous a bien endoctrinés à l’école avec ces histoires à dormir debout de lutte entre la passion et de la raison, comme si les deux moteurs de la pensée travaillaient en opposition l’un à l’autre.

Pourtant, on n’hésite pas à dire qu’on « a le sentiment que » ou bien qu’on « aime cette idée » ou encore qu’on est « séduit par un raisonnement » alors même qu’on essaie de construire un discours intellectuel avec force arguments se défiant précisément de toute sentimentalité et de toute subjectivité. C’est que le cœur a ses raisons que la raison ignore, lesquelles finissent toujours par prévaloir dans la formation et l’expression de notre pensée.

Dans un registre assez voisin, il est mal vu de s’en prendre aux personnes quand on est en désaccord avec leurs idées. C’est considéré comme un signe de faiblesse, d’incapacité à démontrer le bien-fondé de notre position. Cependant on a tous fait l’expérience dans des discussions, que cette façon de procéder est bien plus efficace (en tous cas pour "convaincre" l’auditoire) que celle qui consiste à démonter l’argumentation de notre contradicteur à l’intérieur de son propre registre.

Lorsqu’on dit que Moscovici est un salopard quand il tranche comme on sait avec sa bande dans l’affaire de Chypre, chacun comprend qu’on est au cœur du sujet, bien mieux que si nous disputions tel ou tel aspect technique de la position qu’il soutient et dont on sent bien qu’elle nous ferait perdre notre âme si on s’y laissait enfermer.

Un peu comme bien souvent, alors qu’on ne partage pas le point de vue de notre contradicteur, la compréhension « d’où il parle » de même que la compréhension de « qui parle » nous permet de contrôler la situation dans laquelle sa rhétorique cherche à nous enfermer. Tel expert financier invité par la télévision est payé par le système bancaire à titre de consultant : cela nous suffit pour ne plus porter aucun intérêt à ce qu’il dit. Et l’on aura beau surmultiplier les arguments rationnels, c’est toujours le jugement de valeur final (Hollande est le caniche de l’Empire, par exemple) qui emporte l’adhésion, plus que les bavassages sans fin autour des idées.

Les luttes collectives pour des idées sont apparues en même temps que les luttes visant à libérer l’homme des croyances religieuses, condition et conséquence des progrès démocratiques. Mais on peut se demander si cette survalorisation du rôle des idées, dans la confrontation politique notamment, n’est pas devenue aujourd’hui instrumentalisée par l’idéologie dominante pour affaiblir l’impact de la contradiction qu’on lui oppose. Il est en effet beaucoup plus facile de contrôler les idées que les ressentis et les valeurs qu’elles expriment.

Cette façon de surprivilégier les idées en disqualifiant a priori ce que nous appelons ici les sentiments lui donne un avantage concurrentiel indéniable. Notamment en ce qu’elle favorise les milieux sociaux qui du fait de l’éducation qu’ils ont reçue, ont acquis la capacité de formuler leurs idées, l’interdiction de parole des autres étant dès lors définitivement actée.

La diabolisation du populisme procède de cet intérêt des puissants à circonscrire le débat à l’intérieur du champ qu’ils ont eux-même périmétré autour des seules idées et dans lequel ils sortent vainqueurs de toutes les controverses. La sacralisation de la réussite scolaire à l’inverse, et le recrutement de plus en plus exclusif des élites de toutes sortes dans le seul vivier des premiers de la classe (y compris là où on s’y attend le moins) constitue la garantie la plus sûre de la perpétuation sociale des représentations idéologiques qui assurent l’hégémonie de la pensée dominante.

Il ne peut en effet y avoir de réussite scolaire sans une grande capacité à se lover dans les constructions intellectuelles pures qui servent aux puissants à masquer la trivialité des intérêts qu’ils poursuivent. Et cette capacité ne peut généralement s’avérer sans un excellent niveau d’adhésion au référentiel psycho-affectif qui en constitue la petite musique sous-jacente. Car on ne peut réellement comprendre ces constructions sans entrer dans une sorte de relation de connivence avec ce terreau infra-politique sur lequel s’opèrent donc en dernière analyse les processus de sélection dans l’enseignement.

C’est l’intérêt du parler "cru et dru" que de faire une meilleure place aux sentiments et aux valeurs dans l’expression des conceptions qui ne sont plus alors des ectoplasmes asexués ressemblant comme deux gouttes d’eau au discours de l’adversaire, même lorsqu’on croit dire le contraire. Ce parler-là capte l’attention, fait réagir, parce qu’il s’adresse aux couches profondes de notre personnalité, celles qui abritent nos valeurs et les assument, contrairement au robinet d’eau tiède du parler conforme qui ne les atteint pas, ou seulement à raison de 1,9 % du corps électoral comme à la présidentielle de 2007. Sa musique est d’une certaine façon en harmonie avec ses paroles.

Arrêtons-nous un instant sur cet aspect. On nous dit parfois qu’on est assez d’accord avec ce que nous disons mais pas avec notre façon de le dire. Tout se passe alors comme si notre interlocuteur nous suivait dans notre cheminement intellectuel mais se trouvait arrêté par la forme de notre énoncé jugée excessive, voire agressive ou pis encore vulgaire. Au fond, il nous reproche essentiellement de ne pas solliciter de la grande bienveillance de notre adversaire le fait d’avoir l’obligeance raffinée de bien vouloir avec élégance et courtoisie nous céder sa place. Autant dire qu’en fait, il n’a rien saisi du fond de notre propos puisque celui-ci énonce fondamentalement notre intention de lui prendre sa place, au besoin de vive force démocratique.

On voit bien là qu’on est dans un dialogue de sourds dans lequel notre interlocuteur fait semblant de nous comprendre mais ne nous comprend pas. Il est en fait d’accord avec tout le monde [comme c’est extrêmement fréquent] et toute son activité intellectuelle est comme transcendée par son unique objectif d’apaiser les tensions entre les camps quels qu’ils soient. Et quel que soit le sujet de la controverse. Un autre jour, il défendra l’idée inverse parce qu’il lui apparaîtra à ce moment-là que la source principale des tensions vient de l’autre côté.

C’est d’ailleurs ce qui nous garantit à terme son ralliement à notre camp lorsque les rapports de forces auront changé, un peu à la manière [toutes choses égales par ailleurs] de ces gens acquis à Pétain qui ont volé au secours de la victoire au moment de la Libération.

Parce que le paradigme dans lequel il fonctionne lui enjoint de n’entrer en conflit avec rien ni personne de plus fort que lui, c’est l’alpha et l’oméga de tout le processus de socialisation qu’il a connu et il n’en démordra jamais. Ses idées superstructurelles ne lui servent, comme tout un chacun, qu’à conforter ses fondations infrastructurelles, lesquelles lui enjoignent ici de protéger sa relation à l’ordre établi, d’être « du côté du manche » comme dit le bon sens populaire dans l’infinie clairvoyance de son imaginaire.

Il s’agit bien sûr de beaucoup plus que quelques avantages ou indemnités qui corrompraient son jugement : c’est tout son rapport au monde qui est en jeu dans ce positionnement et tout le bien-être que celui-ci lui procure qui joue un rôle déterminant, bien davantage que les avantages matériels que peuvent lui conférer les fameuses places. Il n’est pas non plus déterminé par une conception intellectuelle ou une vision stratégique dont il est, de l’une comme de l’autre, assez largement dépourvu si ce n’est utilitairement comme habillage a posteriori et dans une forme socialement valorisante de ses besoins psycho-affectifs.

On perd son temps à vouloir le convaincre car son mode de pensée est le plus souvent aux antipodes du nôtre, alors que son expression nous donne au contraire l’illusion d’une grande proximité. En fait nous sommes victime d’un leurre qui nous fourvoie dans l’interprétation que nous avons qu’il appartiendrait à un segment de l’opinion facilement ralliable à nos conceptions et notre combat.

Il n’y a sans doute pas plus éloigné de nos bases que l’électeur moyen de Montebourg à la primaire socialiste, ni que les militant de l’aile gauche socialiste ou les tenants de la ligne Hue au sein du PCF. Ce qui nous différencie de la majorité d’entre eux et du même coup nous fédère, c’est que [sans qu’on puisse se l’expliquer] nous ne sommes pour notre part jamais parvenus à développer les stratégies mentales nous permettant d’être en osmose avec le monde tel qu’il est. La manière que nous avons de le comprendre ne nous a pas conduits à l’accepter.

C’est d’ailleurs également ce qui nous oppose aux membres de l’élite (et ne les y opposent pas) dont les positions sociales procèdent exclusivement de cette sorte de faculté mystérieuse qu’ils détiennent d’être « bien au monde », d’où notre façon extrêmement juste de les qualifier de « satisfaits ».

Nous faisons donc erreur en nous fiant à des apparences de cousinage idéologique alors que le discriminant essentiel, la rage que nous inspire le monde tel qu’il va et le besoin vital d’y résister qui va avec, les positionnent beaucoup plus loin de nous que d’autres groupes socioculturels auxquels nous hésitons davantage à nous adresser. Nous nous enfermons là dans une sorte de géographie politique finalement très superficielle et pour tout dire encore une fois platement scolaire, qui nous fait gaspiller en pure perte notre énergie.

Nous sommes beaucoup plus forts et efficaces dans nos campagnes républicaines radicales et dans nos combats frontaux contre les politiques libérales, antisociales, impérialistes, sécuritaires et racistes que dans nos tentatives de séduire cette gauche purement verbale qui n’a pas de parole. Et qui nous fera toujours défaut car elle plonge ses racines profondes dans l’acceptation de sa propre domination, vécue et pratiquée sans pour autant être pensée ni exprimée, comme procédant d’un ordre éternel des choses qui fondamentalement lui convient.

La conception mortifère selon laquelle les idées gouvernent les comportements politiques ne tient décidément pas et nous mène à des impasses. D’ailleurs la plupart des représentations politiques fondamentales se laissent difficilement enfermer dans des constructions intellectuelles. On peut sans doute démontrer avec force arguments rationnels que la justice sociale est la condition du progrès humain. Mais le contraire est également vrai dans certaines séquences historiques et on sent bien que ce n’est pas fondamentalement la Raison qui nous conduit à militer en sa faveur.

Nous ne sommes pas que des êtres rationnels, sinon les pauvres ne voteraient pas à droite. Le poète nous dit bien plus de choses sur nous-même que le psychiatre et celui-ci bien plus que l’éditorialiste. Et les plus grandes découvertes scientifique ont souvent été réalisées à partir de recherches fondées sur l’intuition que quelque chose d’important se cachait dans tel champ d’investigation, sans que les chercheurs soient en mesure d’énoncer rigoureusement pourquoi à partir d’une argumentation construite.

Et puis enfin, si nous étions tellement soucieux de fonder rationnellement nos engagements politiques, nous n’aurions de cesse de nous repaître des analyses qui les contestent alors que nous sommes spontanément enclins à les confronter dans l’entre soi des cercles qui en partagent l’esprit. Les idées et singulièrement les idées politiques sont des constructions intellectuelles nécessairement réductrices, qui nous permettent d’entrer dans une relation gratifiante au monde, telles des médiatrices bienfaisantes et protectrices entre lui et nous-mêmes.

Cela ne signifie évidemment pas que les batailles d’idées seraient inutiles. Elles permettent simplement (ce qui est très important) de cultiver les champs qui sont prédisposés à accueillir ces cultures mais n’ont aucune autre portée que celle-là. Pour rendre les grandes plaines propices à la germination de notre projet politique, c’est la bataille des valeurs qu’il faut mener (comme le font nos adversaires avec grand succès) les rapports de forces idéologiques et politiques suivront alors nécessairement.

Car nos idées politiques ne sont jamais que l’expression domestiquée de ce curieux bruit de fond qui nous habite, fait de bruit sans doute, mais aussi de fureur, de tumulte et de fracas ... et qui constitue au final l’identité même de notre camp.

Le Front de gauche est ainsi traversé par deux visions fondamentalement différentes de la situation politique, très largement masquées par des analyses convergentes sur l’essentiel, de même que par son unité de pensée et d’action autour d’un programme partagé.

L’interprétation de l’abstention électorale à gauche dans la période récente offre un terrain particulièrement propice à la compréhension de ce clivage quasi anthropologique qui ne tient pas tant à une analyse différente de la situation politique qu’à un différentiel profond du rapport au monde des divers protagonistes.

Pour les uns, les électeurs de gauche ne se déplaceraient plus car ils seraient déçus des politiques poursuivies par un pouvoir de gauche qui renierait toutes ses promesses, trahirait ses soutiens, lesquels ne les auraient pas élus pour ça, etc. Cette vision débouche logiquement sur l’idée qu’il faudrait et suffirait que le gouvernement opère un amarrage à gauche pour que se trouvent refondés des liens de confiance et un appui électoral qui ne demanderaient alors qu’à se réactiver au profit de toute la gauche dans une dialectique vertueuse pour chacune de ses composantes.

De là à penser qu’il faut exercer des pressions à la base pour mettre fin à cette dérive droitière « dans l’intérêt des populations (sic) » et l’on se retrouve avec la stratégie du rassemblement à gauche aux élections municipales, contre les politiques d’austérité.

(Notons au passage, le diable se cachant toujours dans les détails, à quel point l’usage de l’expression « les populations » nous parle à leur insu de la réalité du ressenti de ces sujets quant à leur présence au monde.)

Cette vision a sans doute le mérite d’une certaine cohérence interne et rend compte d’une sorte de compréhension de la façon classique dont on pouvait faire évoluer les rapports de force politiques dans les années soixante-dix. Elle pêche toutefois d’évidence par une sorte d’anachronisme en regard des mutations qui se sont produites dans la société depuis ces temps lointains de la politique.

Car dans cette représentation, rien ne semble avoir changé dans la relation que le corps électoral entretien avec les institutions politiques et leurs représentants élus. On a toujours à faire ici à des représentants légitimes et respectables d’un système politique faisant relatif consensus, offrant toutes possibilités aux classes pauvres de jouer leur partie et finalement assez satisfaisant dans l’ensemble.

Cette adhésion plus culturelle que politique au système s’est manifestée dans la période récente sur d’autres plans. Par exemple dans les réticences à mettre en avant l’exigence d’une VIème république dans le programme « l’humain d’abord » qui s’est de fait retrouvée reléguée au sixième chapitre sans que cette décision fasse l’unanimité.

Il ne faut pourtant pas être grand clerc pour comprendre que les trois quarts des mesures préconisées par ce programme nécessitent des dispositions législatives contraires à la Constitution dans l’interprétation de classe qu’en fait le Conseil constitutionnel. Et que la disparition de celui-ci en tant que chien de garde juridictionnel ultime des intérêts des puissants est la condition-même de la mise en oeuvre de notre politique.

Mais pour eux ce problème ne se pose pas car dans leur "for intérieur", lequel n’est évidemment pas plus gouverné que le nôtre par l’analyse rationnelle des situations, ils ne se mettent pas dans une trajectoire de conquête du pouvoir d’Etat et encore moins dans la perspective de l’application du programme partagé. Le pouvoir local est le seul horizon borné de leur ambition politique, avec éventuellement une participation minoritaire au gouvernement, le jour où on voudra bien les appeler à ce qu’ils prendront pour un honneur.

D’où leur attachement extrême à conserver des positions municipales implicitement considérées comme des fins en soi et non pas comme des moyens de gagner des batailles politiques futures, fusse au prix de quelques pertes. Leur ébahissement affiché devant le succès populaire de la manifestation du 5 mai 2013 centrée sur ce mot d’ordre en faveur d’une VIe République, à laquelle ils ont fini par se rallier après avoir cherché à en infléchir le sens politique, offrait du point de vue de leur coupure d’avec les mutations sus-évoquées, un tableau clinique d’une éloquence rarement rencontrée.

Un autre moment révélateur de leur irrésistible adhésion au système a été la contestation très vive de l’antiélitisme assumé (« qu’ils dégagent tous ! ») qui parcourait les discours de notre candidat à la présidentielle ou encore plus nettement à propos du balai. Tout se passe comme si les tenants de cette vision se trouvaient émotionnellement à leur aise dans la représentation apaisée qu’ils se font du système politique et pour certains d’entre eux, de la valeur qu’ils attribuent à la place qu’ils y occupent. Ils croient sincèrement appartenir aux élites et la dénonciation de celles-ci retentit réellement en eux comme une remise en cause de leur propre identité. Ce n’est évidemment pas eux qu’il s’agissait de balayer, mais contre toute attente, ils l’ont pris comme ça et ce n’est pas fortuit, cela atteste de la nature des liens qui les unissent à leur environnement.

Cette sorte de fixation hystérique sur des modèles de représentation périmés pour des raisons de confort psychoaffectif touche dans notre camp au-delà des élus qui sont matériellement et psychologiquement intéressés par le maintien de leur position dans la représentation qu’ils se font de la hiérarchie sociale, au point que cette situation surdétermine leur positionnement politique.

Elle tend également à se maintenir marginalement dans le rapport sous-jacent que des militants apparemment désintéressés entretiennent avec un système politique qui d’une certaine façon répond finalement à toutes leurs attentes, exceptées leurs attentes politiques sans doute, mais là n’est pas l’essentiel à leur yeux.

Ce syndrome est encore plus répandu dans la masse des électeurs socialistes qui ont trouvé dans la gauche à une étape de leur construction personnelle (très éloignée pour certains d’entre eux mais pas toujours) un référentiel culturel dans lequel ils se sont sentis tellement bien qu’ils n’ont jamais pu se résoudre à s’en séparer. D’autant moins que les contenus réels grâce auxquels ils ont éduqué leur rapport intime au monde ont été jetés par-dessus bord par les pratiques du socialisme de gouvernement à mesure où eux-mêmes, la réussite sociale aidant, adoptaient les angles de vue adéquats à leur nouvelle classe.

En dedans du système qu’ils n’analysent d’ailleurs jamais en tant que système car ils n’en imaginent pas d’autre possible, « intégrés » et dans l’incapacité ontologique de penser qu’il existe un au dehors depuis lequel d’autres liens beaucoup plus gratifiants avec le monde peuvent être tissés en substitution à leurs anciennes amours. Ils poursuivent ainsi leur existence atemporelle en parvenant à se convaincre de la validité toujours vivante de leur engagement, tels des canards décapités qui poursuivent leur course longtemps avant que la mort ne finisse par les surprendre.

Chacun sent bien en lui-même que le « rassemblement le plus large de toute la gauche contre les politiques d’austérité » ressemble à l’union des poules avec le renard pour défendre la paix dans le poulailler, eux non. C’est qu’en-deçà de toute analyse cette image nous bouleverse émotivement, nous rend mal à l’aise, nous dérange et nous irrite au point de la récuser d’instinct, sans-même que nous ressentions le besoin d’échafauder dans l’immédiat une théorie explicative du renard, eux non.

C’est le sentiment qu’il faut être bienveillant avec le renard qui leur vient d’emblée, car il les rassure, les sécurise, ils finissent par prendre le renard sous leur protection dans leur intimité psychoaffective sans doute parce qu’ils redoutent encore plus la perspective et les conséquences, pour eux-mêmes et leur rapport intime au monde, de la guerre à mener contre le renard que le renard lui-même. Et se demandent en fait sans le savoir [peut-être à juste raison] s’ils n’ont pas plus à perdre qu’à gagner dans cette guerre-là.

Un peu comme ces enfants (ou ces adultes d’ailleurs) victimes de maltraitance qui conservent intact leur amour pour leur bourreau sans qu’on parvienne à se l’expliquer vraiment et encore moins à y remédier à la faveur de la cure. Se rattachant à des petits signes dérisoires [telles les prétendues concessions obtenues dans l’établissement du programme municipal parisien] pour s’autoconvaincre de la qualité d’un relationnel ("nous sommes entendus !") dont tout pourtant atteste de la lourde perversité. Et faisant comme si des périls encore plus grave les guettaient [la victoire de l’extrême droite à Paris ressemble beaucoup à ces appréhensions typiquement délirantes] en cas de transgression des liens d’assujettissement qui surdéterminent ici leur discernement jusqu’à l’abolir.

Si la démobilisation de l’électorat de gauche que l’on enregistre depuis l’élection présidentielle traduit comme on est fondé à le penser (exactement comme l’adhésion de l’électorat de droite aux thèses extrémistes) une accentuation nette de la désaffiliation d’avec le système politique, bien au-delà d’un simple désaccord avec les politiques poursuivies, ce n’est certainement pas leur présence sur la liste gouvernementale à Paris qui va l’enrayer.

 Bien au contraire, ce ralliement ne va faire qu’alimenter la défiance légitime qui grandit dans le peuple – pour le meilleur comme pour le pire – à l’égard du système politique dans son ensemble et de ce genre d’arrangements en particulier, clairement ressentis comme s’opérant dans son dos et destinés à le tromper. À cet égard, le soupçon de connivence entre les uns et les autres pour se partager les places et les avantages, les désaccords politiques affichés n’étant qu’un théâtre purement formel, est littéralement dévastateur et constitue bien sûr la cause première de la désaffection électorale.

Mais cela, nos sujets ne le voient pas car la perception intuitive qu’ils ont du paysage dans lequel ils développent leur activité politique leur interdit de le voir sauf à devoir remettre en cause toute leur relation vitale au réel.

Comme ils n’ont pas vu que l’affluence enregistrée lors des réunions publiques des élections présidentielles ne résultait pas tant d’une adhésion intellectuelle des participants à telle ou telle mesure du programme, que de la beauté de la fresque historique dont on nous invitait à poursuivre l’écriture, de la dignité nouvelle que nous nous découvrions et du grand bonheur que nous ressentions à être partie à cette renaissance-là. Et certainement pas d’une quelconque réconciliation avec les formes dépassées du jeu politique traditionnel, bien au contraire.

Comme ils ne voient pas que c’est du côté de l’abstention (laquelle est sans doute, notamment dans son importante fraction politisée, souvent beaucoup moins proche que cette droite complexée des formes de représentation idéologiques dominantes) qu’il y a lieu de rechercher le renforcement de l’influence électorale des idées nouvelles. Comme cela a commencé à fonctionner au 1er tour des présidentielles de 2012 et s’est en suivant complètement étiolé aux législatives (deux fois moins de voix) pour des raisons qu’on saisi mieux à présent, l’idée de faire renaître l’espoir (degré zéro de l’expression politique) n’étant manifestement pas parvenue à rassembler les électeurs en dépit de son caractère indéniablement (!) fédérateur et peu clivant.

A la lecture de toute la littérature rationnelle et argumentée qui a été produite ces derniers mois en faveur de l’autonomie conquérante, on se dit qu’on ne pouvait faire mieux. C’était parfait, tous les chemins ont été empruntés, tout a été dit. Il ne faut pas avoir de regrets, nous avons donné le meilleur de nous-même, on ne pouvait pas donner plus. La difficulté qui nous attendait à Paris ne pouvait être entièrement réduite par l’argumentation rationnelle et la confrontation des idées.

Celles-ci étaient impuissantes à bouleverser ce qu’à la lumière de ce qui précède nous appellerons le conformisme existentiel de survie auquel nous étions confrontés, lequel est insoluble dans les idées car il est enraciné dans des histoires personnelles et des habitudes de vie, des réseaux relationnels aussi, la quête éperdue de considération de la part de la société dominante, la sorte d’imbécilité heureuse et visiblement épanouie qui en découle, le conservatisme affligeant de la pensée et des conduites, la perte du sens historique, l’absence de vision de l’intérêt collectif, bref tout un référentiel psycho-culturel propre au vieux monde [et singulièrement à ses esclaves] dans lequel ils se sentent comme en état de béatitude et sur lequel le discours politique construit n’a pas de prise.

S’agissant des élus, les autres organisations du Front de gauche seraient au demeurant bien inspirées de prévoir dans leurs statuts que leurs candidats ne participent pas aux délibérations internes relatives aux élections auxquelles ils devraient comprendre qu’ils sont davantage présentés qu’ils ne se présentent. Car ce tropisme dévastateur les touchera inévitablement à un moment ou à un autre de leur développement, jusqu’à déboucher sur la stupéfiante liberté de vote des groupes parlementaires et de chacun de leurs membres.

On n’a pas assez analysé la signification du remplacement en 1994 de Georges Marchais par Robert Hue (Président de l’Association des Elus Communistes et Républicains) et de la mise à l’écart des syndicalistes au profit des élus locaux dans l’appareil dirigeant du PCF qu’il a politiquement impulsé, parallèlement aux blablatages sur la mutation qui sont venus l’épauler. Il s’est agi là d’un renversement extrêmement significatif quoique assez peu documenté du rapport de forces entre les deux versants du clivage exploré ici.

Mais aux régionales de 2010 il n’y avait déjà plus que 5 régions sur 22 pour faire des listes d’union PS / PCF au 1er tour. Nous assistons aujourd’hui aux derniers spasmes de cette ligne désespérée visant à conserver envers et contre tous des positions électorales consenties par l’adversaire sans se donner les moyens politiques de les défendre ou de les reconquérir. Il faut faire l’effort de lire ou d’entendre leurs déclarations totalement dépourvues de toute consistance politique [et même de toute consistance de quelque nature que ce soit] pour se rendre compte à quel point ces malheureux complètement dépolitisés sont désormais rendus.

Un peu à la manière de ces prélats d’Ancien Régime que la connivence avec la noblesse de Cour avait aveuglés au point d’en perdre cette foi qui avait pourtant gouverné dans le passé leur rapport à la vie. Mais qui n’en continuaient pas moins à faire étalage de grande piété au sein du diocèse, comme dans un rituel maniaco-compulsif célébrant avec dévotion ce qui les avait autrefois constitués au monde.

Yann LARGOEN
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mercredi 20 novembre 2013

Pouvoir, Profit, Travail, ou la propriété privée remise en question

Sur les blogs et ailleurs, les plus lucides n'hésitent pas à le dévoiler, l'écrire, le proclamer, le dénoncer : tout s'accélère, les très riches sont de plus en plus riches et de plus en plus vite ; les pauvres sont de plus en plus pauvres de plus en plus vite. Ils sont de plus en plus nombreux, y compris parmi ceux qui "ont la chance" d'avoir un boulot, tant celui-ci est trop souvent partiel, parcellaire, en miettes. Les très riches, grâce à leurs liquidités en augmentation, ont de plus en plus la possibilité de peser sur ceux qui, sur le devant de la scène, sont censés décider. Tous les moyens sont bons. Se déchaînent des campagnes de presse grâce à ces folles maîtresse non rentables (ôôô l'horreur) que sont les journaux "d'opinion", où seule celle du propriétaire a droit de cité. Se présentent des "conseillers" téléguidés, qui diffusent "la bonne parole" à des décideurs plutôt paresseux : comme c'est simple, quand d'autres vous proposent idées, arguments, réparties, "bons mots" pour retourner un auditoire... Des officines créées spécialement ne sont là que pour affûter tout l'arsenal de charme et de pressions amicales, puis plus pressantes, voire menaçantes si nécessaire. Rares sont les routiers de la politique irréprochables, donc les pressions font mouche presque toujours.

Le capital joue donc là-dessus pour placer ses gens comme il faut, là où il faut, quitte à employer la violence si la persuasion s'est montrée inefficace. Le capital est à la fois un "bel" outil, une addiction terrible liée au Pouvoir qu'il procure et aux plaisirs qu'il permet de se prendre sans sourciller sur le coût. Ne seront-ce pas d'autres qui, en fin de compte, paieront ? Les lois fiscales, électorales, sur l'encadrement du travail, de la santé, sur les moyens de sûreté ne sont-elles pas écrites par les valets du Capital, votées par ses obligés et promulguées par des fantoches "fabriqués" dans l'opinion ?

Patrice Lumumba
Des solutions existeraient bien sûr, des solutions massivement alternatives prenant le contrepied de ce qui se fait aujourd'hui en toute impunité. Certains s'y sont même essayés, avec jusqu'à présent peu de résultats, quand ils n'avaient pas "un accident". Repensons à Sankara, Lumumba, Mossadegh, Allende, Kadhafi, aux doutes concernant Colucci ou Chavéz, etc... L'Establishment (mot anglais naturellement, vu le culte du Capital dans les pays anglo-saxons en particulier) est vraiment très fort, et bien entendu international.
Dans notre pays, de ce fait, à part de belles phrases et des oppositions tonitruantes, la volonté de lancer "autre chose" n'avance guère. Les programmes sont pusillanimes, insuffisants, mièvres, sans grande portée : encore s'agit-il de programmes que les genzenplace qualifient de "gauche de la gauche", de révolutionnaires, afin d'effrayer qui aurait l'idée de s'y joindre. Seuls des philosophes vont avancer des solutions plus radicales, rejoints un peu plus récemment par des économistes ou des sociologues, voire sans doute des géographes reprenant la grande tradition d'Élisée Reclus. Cela reste bien académique, et qui va les lire à part des personnes déjà plus ouvertes et à moitié acquises ?


Mais pourquoi, alors, ces philosophes ne cherchent-t-il pas simplement à anéantir le capitalisme, en proposant d'abolir ses deux fondements qui sont le profit et le pouvoir ? Et pour que ces deux chancres disparaissent à la fois, n’est-il pas souhaitable de mettre fin à la propriété privée ? Car le Pouvoir, c’est le Pouvoir sur quelqu’un : à partir du moment où la propriété privée est bannie, cela change même les bases de la société au niveau du couple, où souvent, trop souvent surgissent des relations de Pouvoir. Et au niveau du travail, qui est un acte contraint partiellement compensé par une monnaie censée donner les moyens de reconstituer... la force de travail.

Un cercle vicieux en somme, qui se combine avec le cercle de la production qu’il faut écouler à tout prix afin de payer le renouvellement d'une partie (c'est vicieux) de la force de travail. Les deux roues "de l’enfer" diraient sans doute des croyants. Roues qui se combinent avec la roue du Profit, il en faut toujours plus parce que jamais ce n'est assez gratifiant : en effet ce n’est que du vent, même s’il permet d’acheter toujours plus de Pouvoir.

Cette solution radicale, la disparition de la propriété privée, serait-elle trop demander à l’Humanité, même pour en assurer la sauvegarde ? Car le capitalisme est une force de destruction majeure, capable de balayer toute vie sur Terre pour tenter d’assouvir ses soifs inextinguibles de base. Ses grands-prêtres complètement plongés dans l'addiction la plus virulente en sont arrivés à ne même pas réfléchir aux chances de leur propre survie en cas de pollution majeure et irréversible. C'est bien pourquoi mettre en place une nouvelle donne toute différente devient de jour en jour plus important, plus urgent, plus crucial.

Repensons à cette Révolution bourgeoise qui eut lieu en 1789 : si les sans-culottes furent la matière brute qui permit de renverser une certaine hiérarchie, souvent de façon très sanglante, ce sont bien des bourgeois qui se retrouvèrent aux commandes de la rédaction de la première Constitution, épaulés par quelques nobles "libéraux" et des ecclésiastiques modestes (quelques curés) ou opportunistes comme l'inénarrable Talleyrand, le subtil Sieyès, le retors Fouché. Là où les relations étaient basées sur une suzeraineté complexe et souvent verbale, s'instaura alors une méticuleuse mise en forme de la propriété privée. Là où les devoirs étaient réciproques (les seigneurs avaient en principe le devoir de défendre leurs fermiers et la population des terres jouxtant leur château ; le roi devait défendre les seigneurs et la population en général : le tout en contrepartie des impôts et corvées), se substitua la propriété simple analogue à celles qui prévalait dans les villes. La notion de propriété s'en trouva énormément renforcée, comme en témoigna le préambule de la Constitution de 1793, article 2.
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Article premier (le but de la société)

Le but de la société est le bonheur commun. Le gouvernement est institué pour garantir à l’homme la jouissance de ses droits naturels et imprescriptibles.
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Article 2 (énumération des droits)

Ces droits sont l’égalité, la liberté, la sûreté, la propriété.


Sur ces pierres se bâtirent toutes les lois, mises en forme de façon drastique par le Code Napoléon, toujours en vigueur malgré des aménagements. Le problème est bien là, surtout depuis que des accords internationaux refusés par les citoyens, mais appliqués par des représentants félons, ont magnifié la prééminence de l'ogre capitalistique dopé par les idées de la catastrophique École de Chicago.

De cet engrenage mortel, il faut donc à tout prix sortir, casser le cercle vicieux, reprendre la définition même de la propriété. Il ne faut pas hésiter : une personne ne devrait avoir que le droit de jouissance (ce qu'en droit on appelle l'usus ) de bien appartenant en fait à la communauté : celle-ci par l'intermédiaire de tous les citoyens pourrait fabriquer des biens en fonction des besoins, les réparer, mais non s'en séparer (ce qu'on appelle le fructus ) : la dernière pièce de la propriété étant tout simplement exclue ( l'abusus ), soit le droit de se séparer de ces biens en les détruisant ou en les vendant. Le fait de devoir démanteler quelque chose devenue dangereuse impliquerait automatiquement celui de reconstruire quelque chose d'équivalent.

Voilà ce qu'il faudrait mettre en place, ce qui changerait les rapports entre tous les humains, et permettrait d'accéder enfin à un âge d'or bien plus raisonnable que la catastrophe que nous vivons actuellement. La propriété privée disparue, la monnaie n'aurait bien entendu plus de raison d'être puisque tout se ferait sous forme d'échanges de bons procédés entre personnes toutes égales, et toutes différentes en talents (différentes, mais pas plus ou moins utiles).


Il y a du travail ! Même si la notion de travail communément sous-tendue actuellement disparaîtrait dans ce nouveau cas de figure, remplacée par celle de tâches nécessaires et librement consenties sans esprit de lucre ou de domination.

mardi 19 novembre 2013

Étiquetage de la viande : une sénatrice française menacée de mort (La Voix de la Russie)

Vu cette info grâce aux Moutons Enragés. Toujours cet amalgame pour cacher une occupation,  une discrimination en vue de la possession d'un territoire.

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Étiquetage de la viande : une sénatrice française menacée de mort

17 novembre 2013, posté par Benji


Par La Voix de la Russie |



 L’affaire se passe dans le domaine de l’alimentaire et a plus exactement rapport à l’abattage rituel des animaux en France, et notamment la question de l’étiquetage des produits venant des territoires occupés par Israël.


Sylvie Goy-Chavent, UDI, a été nommée rapporteur de la mission filière viande au Sénat. Cette mission, qui avait pour intitulé « État des lieux de la filière viande en France et comment restaurer la confiance des consommateurs », a été mise en place au lendemain du scandale de la viande de cheval trouvée dans les lasagnes. Sylvie Goy-Chavent se met au travail et demande une réglementation sur la viande pour que les consommateurs soient informés sur son origine, sur la manière par laquelle les animaux sont tués et si un rite religieux a été appliqué. Sylvie Goy-Chavent sera menacée par rapport à sa carrière politique (« vous êtes finie ») et menacée de mort. La justice française et les médias français ne diront rien sur ces menaces proférées à l’encontre d’une élue de la nation qui de surcroît se trouve mandatée par le Sénat. Aujourd’hui, Sylvie Goy-Chavent se pose des questions sur la France, cette grande démocratie et ce symbole des droits fondamentaux.



Silence général en France. Sylvie Goy-Chavent est maire de la commune de Cerdon, dans le département de l’Ain, depuis 25 ans et sénatrice depuis 2008. Elle s’intéresse aux questions de droit international, et notamment à l’étiquetage des produits venant de Cisjordanie, des territoires occupés par Israël.


« Des extrémistes se disant de culture juive m’ont menacé de mort.
 
 Fin juillet 2013, j’ai porté plainte mais je n’ai pas de nouvelles de ma plainte. Je me demande ce qu’il se passe en France. Les médias ne relaient pas cette affaire. Tout le monde reste silencieux. Les médias sont très orientés en France et je cherche à trouver des moyens pour médiatiser cette affaire car on ne peut plus aujourd’hui travailler sereinement ». Sylvie Goy-Chavent souhaite qu’on réponde enfin au droit international car, selon la sénatrice maire, cette occupation des territoires est illégale et plusieurs acteurs sont alertés sur la question, y compris la communauté internationale. « J’aurais voulu qu’on arrête d’importer des produits venant des territoires occupés avec des étiquettes estampillées Israël. »


Le lobby. « J’ai envoyé à mes collègues, aux 348 sénateurs, un document de travail qui est confidentiel et très rapidement j’ai été contactée par le député des Français à l’étranger qui est basé en Israël. Il était très fâché que je fasse des choses pareilles. Les 27 sénateurs de cette mission, des communistes, des UDI, des PS, des UMP des non inscrits, des Verts… ont pourtant tous voté cette mission ». Sylvie Goy-Chavent explique que les sénateurs avaient 40 propositions, que deux ont été votées, celle consistant à étiqueter les pays d’origines pour les produits à base de viande dans le but de protéger l’élevage français et à mettre un étiquetage signalant de quelle manière les animaux sont abattus.



 « Cette dernière mesure a agacé la communauté juive et ce fut le prétexte pour m’attaquer », dit Sylvie Goy-Chavent. « C’est une question d’argent. Je ne comprends pas cette excitation de la communauté juive. C’est quelque chose d’intolérable d’être menacée de mort tout l’été, d’être traitée d’antisémite sur les sites extrémistes, d’être traînée dans la boue. C’est intolérable ».



La justice française n’est pas intervenue répète la sénatrice, qui n’en revient pas que malgré son statut et sa mission, la justice et les médias ne fassent pas leur travail. La sénatrice souhaite, comme elle le souligne, « de manière non stigmatisante » et simplement dans un souci de transparence, que les mots casher ou halal soient indiqués sur les produits pour que tous les consommateurs en soient informés. On apprend que les sénateurs ou que les élus de l’UDI, contrairement à la base de l’UDI qui est outrée, ne soutiennent pas Sylvie Goy-Chavent franchement.



Argent et religion. « Les conditions des religions ne sont même pas observées car toutes les 40 secondes, un bovin est tué. On ne laisse pas mourir l’animal tranquillement ». Cela serait donc une question d’argent et sa mission aurait énormément énervé les communautés qui ont beaucoup à perdre. Pour Sylvie Goy-Chavent, cet acharnement contre elle sur la question de l’abattage religieux est l’arbre qui cache la forêt. Sa demande d’étiquetage des produits des territoires occupés par Israël serait la véritable question : « Le rapport sur la viande a été publié le 19 juillet c’est le 10 juillet que j’ai été insultée. Il y a donc un problème. » Le président du Sénat tenterait, selon les dires de la sénatrice, de la faire taire en lui donnant des conseils. « La communauté musulmane est en phase avec moi. C’est une minorité de la culture juive qui provoquerait tout ça. Le fond du problème est de discréditer une personne qui dénonce l’occupation des territoires par Israël. »



Casher-halal. « Aujourd’hui, nous avons à peine 1 % de la population française qui consomme de la viande casher contre 5 % de la population musulmane qui consomme de la viande halal », explique Sylvie Goy-Chavent. « Et 80 % des moutons et plus de 50 % des bovins sont abattus selon un rituel religieux en France ». Le but de la mission de Sylvie Goy-Chavent est que le consommateur puisse savoir comment a été abattu un animal, que le mode d’abattage soit inscrit sur le paquet d’emballage. Sylvie Goy-Chavent soulève une question importante. Comment expliquer que les animaux soient abattus à plus de 50 % pour les bovins et à 80 % pour les moutons selon un rituel religieux sans que la population française en soit avertie, voire même informée ? Et comment se fait-il qu’une minorité puisse dicter à la majorité ce qu’ils doivent manger, et comment ? Des millions de Français se demandent, tout comme cette sénatrice, où va la France. Plus que jamais, la base de la société commence à partager les inquiétudes de certains nos élus.



Source: french.ruvr.ru Merci à Alain pour l’info

lundi 18 novembre 2013

L'IMPÔT des pauvres et l'impôt des riches

Qu'est-ce que j'apprends ! Le Fantôme de Bercy a encore frappé !  Puisque de plus en plus de citoyens sont touchés par les difficultés à garder un travail au salaire décent, puisque le chômage grandit, grandit, puisque les travailleurs pauvres sont de plus en plus nombreux, puisque le nombre de petites et moyennes entreprises devant cesser leur activité va crescendo, puisque les plus grandes continuent à "délocaliser" soit les travailleurs, soit les usines, soit les deux, l'ensemble de 95%, voire plus, de la population s'appauvrit.

Qu'à cela ne tienne, Bercy va "écouter" ces difficultés grandissantes. Déjà les taux de la contribution sur le revenu sont bloqués, occasionnant chaque année l'arrivée de nouveaux imposés par l'effet mécanique d'une inflation peu importante, certes, mais inéluctable.  Mais ce n'est pas encore assez. Cette fois-ci, c'est la TVA qui va prendre de l’embonpoint. C'est une belle machine, la TVA. Tout le monde la paie, même les plus démunis. Pas d'effet de seuil.  Pas de niche fiscale pour s'en prémunir. Tout le monde à la casserole.

Mais, mais, mais, mais, mais. Le très riche mange du pain, la mère solitaire à temps partiel dans un hypermarché mange du pain, ses enfants également. C'est à peu de choses près le même pain. L'une et l'autre en ont besoin à peu près de la même quantité par jour. Les conditions pour l'obtenir ne sont pas exactement les mêmes.  Même punition pour les légumes, le chauffage, toutes ces choses qui rendent la vie moins insupportable.

Enfoncer le clou

Mais alors, c'est parfait.  L'aréopage des Très Très Très Hauts Fonctionnaires de Bercy, ceux qui sont parmi une caste particulière de rémunération a donc décidé... d'augmenter la TVA : il faut bien nourrir la bête, n'est-ce pas ! Insidieusement, les conditions de vie des 95% vont se décaler vers le bas. Mais ce n'est pas grave.

Ce n'est pas grave, parce qu'on ne peut avoir plus de deux repas principaux par jour. Ce n'est pas grave, parce qu'on ne peut pas se déplacer dans plus d'une Bentley à la fois. Ce n'est pas grave, parce que les tranches de revenu imposables ont été drastiquement réduites, et que gagner mille fois plus n'occasionne qu'une augmentation modeste de l'impôt sur le revenu. Ce n'est pas grave, parce que les revenus du capital, source principale pour "ces Messieurs",  sont à peine écornés, et que, il y a quelques jours, il a été décidé de ne rien changer à cet état de fait.

Les conditions de vie des super-riches ne vont même pas changer, il est des plafonds qui ne signifient plus rien. En revanche, ils auront de plus en plus d'argent de côté pour influencer les politiciens, les cajoler, afin... de gagner encore plus. L'addiction est grave, comme celle d'une drogue illicite, à ceci près que tout est légal, tout est bien, et que même ceux qui sont pris le coude dans la confiture ne seront pas inquiétés, ou symboliquement.

Les damnés de la Terre sous les bombes et les tonfas

Monsieur le Maire Bossard avec son arrêté
A quoi servent ces milliards de plus en plus arrachés à la plus grande partie des citoyens ? Il suffit d'observer. Une petite guerre par ci, une petite guerre par là, de façon directe, ou indirecte.  Quelques dîners périodiques entre "Grands de Ce Monde".  Des "Forces de l'Ordre" déplacées à grands frais pour empêcher des ouvriers de défendre leur outil de travail ;  pour brutaliser des citoyens, maire en tête, qui défendent leurs champs contre l'envahissement de la THT et de ses nuisances ; pour accabler de grenades les défenseurs d'une Zone À Défendre contre des projets mégalomanes ; pour démolir ceux qui protestent contre l'érection de Grands Stades stupides et inutiles ; pour tenter de faire taire ceux qui en ont ras le bol de LGV servant aux plus riches pour se déplacer, quand les lignes de réseaux régionaux peinent à assumer la maintenance.

(j'y étais)
La France, malgré l'opposition des citoyens informés et lucides, s'est permis de prendre la tête d'une coalition, qui a réussi à tuer un pays, la Libye, sous des prétextes erronés, mensongers.  Cela a coûté fort cher, pour démolir ainsi un pays qui était riche, avec des habitants dont aucun alors n'était pauvre. Maintenant, c'est plus clair : ils sont tous pauvres, et le pétrole convoité n'est même plus exploité en raison de la pagaille.

La France s'est encore mise en avant pour contribuer à "taper sur du Syrien", y compris ceux qui s'étaient soulevés contre l'autorité du pays.  Financer des terroristes, en recruter grâce à Pôle Emploi comme certaines liasses de documents découvertes là-bas le suggèrent, les rendre encore plus dangereux grâce à des "conseillers" professionnels,  voilà à quoi sert l'argent des Français modestes, qui aimeraient bien un emploi plus judicieux de cet argent qui leur a été arraché.

En finir, décidément

C'est pour toutes ces raisons, que se lance un appel général à dire NON à une augmentation de la TVA, le Premier Décembre devant le Portique de Bercy. Le Pouvoir (aurait-il donc peur ?) aurait paraît prévu de mobiliser 300 cars de Forces de l'Ordre (sic) pour "protéger" les nababs des bords de Seine. Il convient de ne pas le décevoir, et de submerger les environs. "Ils ont les millions, nous sommes des millions". Chacun, chacune est concerné(e) car il s'agit de dire STOP à un Pouvoir qui veut s'arroger toute la richesse de la France.  Toutes opinions confondues, nous sommes tous concernés, excepté bien sûr la frange de un pour cent qui en ressort plus riche encore.

Bercy, nous voici !

samedi 16 novembre 2013

VACCINS- 30 ans de camouflage et mensonges sur les vaccins viennent d'être mis au grand jour (Wikistrike)

Vu grâce à Jocelyne, Cap 2012 et la suite : la confirmation d'alertes multiples, étouffées pour différentes raison dont la principale n'est peut-être même pas le goût du lucre des industries pharmaceutiques et biologiques. Il existe un lobby informel mais puissant, très malthusianiste, qui considère la population du monde comme beaucoup trop abondante et œuvre en sous-main pour la ramener à moins du dixième de ce qu'elle est : ce sont des paroles échangées entre ses membres devant des oreilles attentives qui, par recoupement, révèlent ce complot implicite. Les guerres, les épidémies, vraies et non traitées, ou fausses , mais donnant prétexte à des vaccinations plus que hasardeuses, les pénuries de nourriture artificielles par rétention, tout concourt insidieusement à ce résultat.

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VACCINS- 30 ans de camouflage et mensonges sur les vaccins viennent d'être mis au grand jour


Sur WIKISTRIKE
Mardi 14 mai 2013
30 ans de camouflage et mensonges sur les vaccins viennent d'être mis au grand jour
Des documents britanniques mettent à jour 30 années de camouflage
Le « Freedom of Information Act » (Acte donnant libre accès à des documents secrets) au Royaume-Uni auquel a eu recours un médecin a permis de révéler le contenu de 30 années de documents officiels secrets montrant que les experts gouvernementaux 

1. savaient que les vaccins ne fonctionnaient pas 
2. savaient que les vaccins pouvaient provoquer les maladies qu'ils étaient sensés prévenir. 
3. savaient que les vaccins présentaient des dangers pour les enfants 
4. se sont entendus pour mentir au public 
5. se sont attelés à empêcher les études de sécurité. 

Ce sont ces mêmes vaccins qui sont rendus obligatoires pour les enfants américains. 
Les parents peuvent soit épargner tout ce mal à leurs enfants, soit continuer à s'incliner devant l'un des plus affreux mensonges de l'histoire, ce mensonge qui veut faire croire que des vaccins - remplis de métaux lourds, de maladies virales, de mycoplasme , de matières fécales, de fragments d'ADN d'autres espèces, de formaldéhyde, de polysorbate 80 (Agent stérilisant) - sont un miracle de la médecine moderne. 

Un médecin américain dont le fils est autiste a eu recours au « Freedom of Information Act » pour obtenir des documents du CDC (Centres Américains de Contrôle des Maladies). Il voulait avoir accès à l'information que possédait le CDC au sujet des dangers que présentent les vaccinations. Selon la loi, il devait recevoir réponse endéans les 20 jours. Pratiquement 7 ans plus tard, le médecin s'adressa finalement à la justice, et c'est là que le CDC a fait valoir qu'il n'était pas obligé de remettre ces documents. Finalement, un juge a ordonné au CDC de remettre ces documents au médecin pour le 30 septembre 2011. 

Le 26 octobre 2011, l'éditorialiste du « Denver Post » s'est dit choqué que l'administration Obama, après avoir promis d'être particulièrement transparente, proposait des modifications au Freedom of Information Act , permettant d'entraver la révélation de documents secrets en autorisant les agences gouvernementales (comme le CDC) à déclarer certains documents « inexistants ». [...] 

Le CDC agit manifestement à l'encontre de la santé de la population américaine. Mais la menace que présente le comportement du CDC sur la vie des Américains ne s'arrête malheureusement pas là. Il a participé à l'élaboration des lois concernant les pandémies qui permettent au gouvernement d'utiliser l'armée, en cas d'urgence pandémique déclarée, pour contraindre toutes les personnes du pays à subir des vaccins non testés, des médicaments, des produits chimiques et d'autres traitements « médicaux ». 

En se basant sur le Freedom of Information Act, on peut dire que le CDC perdrait toute crédibilité s'il devait déclarer pareille urgence pandémique. Après avoir déclaré la pandémie du H1N1 en 2009, le CDC a refusé de répondre à la requête d'information de CBS qui s'en référait au « Freedom of Information Act ». A cette époque, le CDC a tenté de bloquer toute leur enquête. Ce que voulait cacher le CDC, c'était son propre rôle dans un des plus grands scandales médicaux de l'histoire, en s'en référant à des données follement exagérées sur les cas de grippe H1N1 en vue de créer une fausse impression de « pandémie » aux Etats-Unis. 

Le CDC a aussi dissimulé un scandale financier concernant la fausse pandémie qui a coûté des milliards de dollars. Il y a pire, le CDC n'a pas hésité à mettre les femmes enceintes en première ligne pour un vaccin non testé qui comprenait un agent stérilisant, le polysorbate 80. Grâce au CDC, le nombre de rapports de morts fœtales a augmenté de 2.440% en 2009 comparativement aux années précédentes ; situation qui est encore plus choquante que les statistiques de fausses couches qui avaient augmenté de 700%. [...] 

En tentant de sauver les derniers vestiges du secret qui concerne les vaccins et en déclarant que les documents de l'Agence sont inexistants, l'Administration Obama a réduit à néant toutes ses prétentions à la transparence. Mais les lois prévues pour rendre obligatoires des vaccins pandémiques peu connus sont toujours en place et toute responsabilité a été dissoute. Il n'empêche qu'une étude canadienne vient de montrer que le vaccin contre la grippe qui contient le H1N1 et qui a tué des bébés in utero, contribue en fait à augmenter le risque de pandémie. 
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Les américains qui ont été dupés en soumettant leurs enfants aux vaccins meurtriers du CDC possèdent aujourd'hui des moyens de riposte. Les personnes de tous horizons, de chaque organisation doivent : 

1. Prendre connaissance des textes révélés grâce au Freedom of Information Act du Royaume Uni et qui ont trait aux mensonges sur les vaccins. Ces personnes doivent prendre connaissance du refus du CDC de fournir quelque information que ce soit sur ce qu'ils savent au sujet de ces mensonges ; elles doivent aussi prendre connaissance des efforts déployés par l'administration Obama pour camoufler ce que sait le CDC au sujet de ces mensonges. Ces personnes doivent contacter leurs représentants et exiger l'annulation immédiate du calendrier vaccinal du CDC et des lois concernant les pandémies. 

2. Informer chaque vétérinaire, personnel militaire, policiers, agents du DHS, ainsi que le personnel médical de toute la mystification vaccinale. Expliquer à ces personnes que leurs familles sont aussi gravement menacées. Ces personnes ne pouvaient probablement pas savoir qu'elles avaient été manipulées à l'intérieur même de leurs structures par l'industrie pharmaceutique qui les ont transformées en agents meurtriers grâce à la déclaration de « pandémie » ou « d'attaque bioterroriste ». Il est tout à fait clair aujourd'hui que les structures terroristes/bioterroristes ne sont que des escroqueries. Ainsi tous les projets qui sont envisagés pour « protéger » le pays sur base de ces mêmes lois ne feraient que menacer l'existence et la liberté des américains. 

Grâce au Freedom of Information Act (FOIA), nous savons que le calendrier des vaccinations relève du canular. Ce sont les vaccins qui constituent un danger pour la santé des enfants et des adultes Américains. 

Ce sont aujourd'hui des vaccins obligatoires mal testés avec des adjuvants dangereux qui menacent le pays et qui pourraient provoquer quantité de morts. A l'extérieur d'Atlanta, le CDC a stocké quelque 500.000 cercueils géants, construits pour être incinérés. Il commence à devenir clair que le CDC ne devrait en aucune façon être mêlé de quelque manière que ce soit aux problèmes de santé publique. 

Grâce au Freedom of Information Act, nous savons aujourd'hui que les vaccins ne constituent nullement le miracle de la médecine moderne que l'on a voulu nous faire croire. Toute autorité médicale ou gouvernementale qui prétendrait que les vaccins préviennent les maladies, ignore les documents gouvernementaux comme les innombrables études qui révèlent l'exact opposé, mais ignore également les tentatives du CDC de cacher au public la vérité sur les vaccins. 

source : http://nsnbc.me/2013/05/10/the-vaccine-hoax-is-over-freedom-of-information-act-documents-from-uk-reveal-30-years-of-coverup/
France
Pour compléter, voici un billet de Sylvie Simon qui va dans le même sens.